Des mots et des sons

C'est compliqué, soupira Ruyn. Quand tes parents sont fous, y a de fortes chances que tu gardes en toi cette part de folie. Des fois, ça saute des générations. Elle darda son regard bleu et insistant sur Adàgio. Si elle ne semblait pas touchée, son fils pouvait bien l'être. Amalfi venait d'une famille un peu spéciale, je n'ai pas bien compris de quoi il retournait, mais je cherche toujours en quoi cela consistait exactement. Elle en a eu marre et s'est barrée, mais son frère l'a retrouvé. Mon père l'a tué pour elle, mais je crois qu'elle n'était pas vraiment ... hétérosexuelle, fit-elle en secouant la tête. Ruyn assumait pour sa mère. Des fois, on ne te laisse pas le choix d'être gentil ou méchant, conclut-elle.

Tu n'en sais rien, répond-t-elle soudain un peu brusquement lorsqu'il évoque le fait que Fenrir ou elle ne sont pas des bonnes personnes, baissant les yeux.Je ne serai jamais une mauvaise personne avec toi, promet-elle cependant, l'air un peu... loin. Ah. Bah mon père l'aimait mais elle n'aimait pas les hommes, donc c'était un peu voué à l'échec, comme jolie histoire d'amour, tu vois ?

Et elle ne s'en rend pas compte, parce que Ruyn ne prend pas conscience de l'impact qu'elle a sur les gens, jamais, non, elle préfère fermer les yeux sur les choses sérieuses, parce que quand on est léger, on n'est pas tentés par ... par la chose qui sommeille dans ses entrailles. A sa question, elle réfléchit un peu... Je ne sais pas. Je pense pas que ce soit génétique. Mais je n'aime pas que les filles, sinon tu serais pas là ¬¬ corrige-t-elle, bien qu'Adàgio, encore une fois, ait vu plus juste qu'elle.

Quoique ton père c'est presque une fille grommelle-t-elle en pouffant toute seule. Et puis la dernière phrase d'Adàgio a un effet magique : comme une aiguille licorne, elle vient percer la bulle de sérieux qui pèse un peu sur leurs épaules, et Ruyn éclate de rire. Je t'aime trop mon bébé, fait-elle en l'enlaçant de son encolure, le couvrant de bisous.