‹ it hurts like heaven ›

OROSZLÀN.
Il laisse derrière-lui une longue traînée rougeâtre. Un beau chemin tout neuf pour les prédateurs, mais le dominant sait qu'ils ne viendront pas jusqu'à l'avion. Jusqu'à son refuge. Il se traîne dans la neige, le sang séché sur son visage lui donnant des airs d'aventurier en détresse.
Le combat a été rude. Rude et acharné, que de défendre son propre corps et celui de la fille de Rowena dans une lutte perdue d'avance. Seule la fuite avait été sa chance en dernier recours. Maintenant isolé, comme un animal blessé – ce qu'il est, le Lion essaie de se hisser sur les premières marches de l'oiseau géant, la fatigue et la douleur le rattrapant au galop.

( ça ne te dérange pas ? )

Un délicat manteau pure et immaculé plongeait le lieu dans la féerie. Des petites étoiles glacées valsaient et tourbillonnaient avant de doucement se déposer sur le sol. La jument tachetée profitait de l'hiver qu'elle appréciait tant. Elle se frayait un chemin dans la neige quand elle tomba sur des tâches semblant être du sang. Elle remarqua de longues trainées qu'elle suit alors. Elle arriva rapidement à une carcasse d'avion sans réellement savoir ce que c'était. Elle s'engouffra à l'intérieur poussée par la curiosité.

Non du tout

Le dominant se hisse. Les premières marches sont difficiles et douloureuses. Ses flancs sont marbrés de griffures, mais c'est surtout son chanfrein qui a pris. Une longue entaille court de la base de son toupet jusqu'au-dessus de son oeil. Une blessure encore fraiche, qui pulse encore au rythme des battements de son coeur. Il parvient à se hisser jusque dans les entrailles de l'appareil, s'affalant dès son arrivée. Il soupire enfin, étouffe un gémissement de douleur, et ferme les yeux, avec le besoin urgent de se reposer.

Quel ne fût son étonnement quand elle découvrit à l'intérieur de l'appareil le corps blessé du dominant du nord. Elle remarqua immédiatement ses flancs abîmés par des griffures. Avec inquiétude elle se rapprocha doucement de lui, afin d'éviter de le brusquer. Vous avez besoin d'aide ? Je peux faire quelque chose pour vous ?.

Quelqu'un entre dans l'appareil, mais Oroszlàn ne s'inquiète pas. L'odeur du prédateur lui colle plus à sa peau à lui qu'à celle de l'individu qui vient d'entrer. Il redresse l'encolure du mieux qu'il le peut, les dents serrées. Sa vision est floutée. « Leonara..? » demande-t-il, reconnaissant brièvement la rouquine sur qui il est tombé une pluie d'étoiles de neige. Il toussote un peu, repose sa tête sur le sol dur et froid de l'avion. « Ça va aller. Je.. oui, ça va aller. »

Il était mal en point et elle ne savait quelle aide elle pouvait lui apporter. Éventuellement le protéger d'un prédateur. Elle n'osait lui demander ce qu'il s'était passé, elle ne souhaitait pas l'embarrasser. Vous n'avez pas trop froid ?.

« Non j'ai.. » Il avale sa salive, déglutit péniblement. Il tourne la tête vers elle, dans un effort. « ... soif. » termine-t-il alors au bout de quelques secondes de respiration pénible, s'en voulant de lui demander ainsi un service.

je vais vous chercher de quoi boire. Elle se souvenue qu'elle était passée près d'un petit ruisseau récemment. Elle balaya du regard l'intérieur de l'appareil à la recherche de ce qui pourrait lui servir de récipient. Elle trouva une sorte de bout de métal tordu, il ferait l'affaire pensa-t-elle. Elle le prit entre ses dents puis s'absenta quelques instants. Une fois revenue, elle déposa l'eau près d' Oroszlàn.

Surpris de la voir revenir si vite – ou peut-être est-ce le temps qui lui apparait comme distordu – l'étalon d'or secoue sa crinière du mieux qu'il le peut, mais celle-ci reste scotchée au sol glacé et à son encolure humide de sang. Il boit quelques gorgées d'eau et repose sa tête contre le sol.
Ses yeux, eux, témoignent de sa conscience, de sa vivacité, et de sa gratitude, aussi, qu'il parvient à formuler à voix haute. « Merci beaucoup... »

C'est normal, je ne pouvais pas vous laisser dans cet état. lui expliqua-t-elle, lui offrant un sourire réconfortant. Si vous voulez que je vous laisse vous reposer, n'hésitez pas à me le dire.

Il sourit, en guise de remerciement. Puis, il secoue la tête, observant l'allée sombre de l'appareil. « Non, reste. Et.. tutoies-moi, s'il te plait. » lui intime-t-il avec un infime sourire, ne sachant pas si elle le verra ou non. « Comment vas-tu ? » demande-t-il quand même, voulant rester éveillé, ne sachant pas trop s'il ne risque pas de tomber dans l'inconscience plutôt que dans le sommeil s'il ferme les yeux.

Ça va assez bien, oui. lui répondit-elle, et afin d'être à son hauteur, elle s'allongea non loin de lui.

Tu as vu qu'il y a une image "vide" en bas de ta signature ?

L'étalon déteste avoir à se montrer ainsi. Il aurait préféré que personne ne le trouve, pourtant il est rassuré de ne pas être seul. Mais se dévoiler ainsi, faible, blessé.. pour quel dominant doit-il donc passer ? Il tressaille, souriant un peu, ses muscles noués se détendant lentement. Sa blessure au front a cessé de saigner. « Tant mieux. »

Oh non j'avais pas vu, merci (x. Je suis sur internet avec mon portable et ça l'affichait pas. Tu le vois encore ou non du coup ?


Elle se mordillait les lèvres, hésitante, mais elle se décida quand même. Que t'est-il arrivé ?.

Non c'est bon

Il inspire douloureusement. Son souffle est rauque, difficile. « Des loups. Six. Une meute. » murmure-t-il d'abord, avant de relever un peu la tête vers elle. « J'aurais pu fuir et m'en sortir sans une égratignure. Mais il y avait une blessée avec moi. » Il se demande encore pourquoi. Pourquoi est-ce qu'il est resté ? Pourquoi est-ce qu'il l'a défendue au péril urgent de sa propre vie alors.. qu'il ne l'aime pas, ne la connait que très mal, qu'ils étaient dans l'agression mutuelle avant l'arrivée de la meute ?
Il n'en sait rien. « J'ai été incapable de l'abandonner. »