|| Moonlight || Tomoe

Le jeune gris avançait lentement contre la tempête de neige et il ne pouvait absolument pas se plaindre, il était vraiment dans son élément, c'était le cas de le dire.

Le territoire du Septentrion était un lieu unique et spécial aux yeux du gris puisque évidemment, il l'avait choisi comme terre d'appartenance. Ici, le froid et la neige régnait parfaitement, une symbiose que nul ailleurs on ne peut voir. Tomoe avançait, sans se soucier de quoi que se soit et tentant d'y voir devant lui, ce qui n'était peut-être pas aussi facile, au bout du compte. Mais, le renard adorait beaucoup trop cette température pour dire quoi que se soit et après tout, le silence était un atout fort apprécié pour lui. Les neiges éternelles s'étendaient sur un longtemps et après un moment, l'individu repéra une grotte incastrée contre l'une des falaises. Il s'y dirigea sans se poser de question et finalement, celui-ci y pénétra pour s'ébroua, histoire de retirer la neige sur lui, puis de savoir où il était rendu.

Ce que la jument accrocha au passage fut l'étalon gris qui était déjà dans la grotte et lorsque son regard croisa celui de la femelle, il crut y voir quelqu'un de familier, mais l'individu n'y prêta aucune attention. Il pivota et se dirigea vers le fond de la grotte, histoire de ne pas se faire plus déranger et pourtant, le gris sentait que cette inconnue allait briser sans problème le silence qui régnait.

La femelle s'excusa et quelques choses dans sa voix lui rappella une pouliche de son passé, il tourna doucement la tête en sa direction tout en la scrutant minutieusement. Soudainement, le jeune adulte eu une illumination et se souvint d'elle, c'était elle qui l'avait rencontré accompagné d'un étalon qui était probablement son père. Maxine. Affirmatif. Elle était bien celle qu'il croyait qu'elle était et il inspira doucement, poursuivant finalement son chemin sans réellement répondre à sa question ou sa présentation d'elle-même. L'enfant renard ne l'avait jamais aimé ou plutôt, il n'aimait personne, donc l'envie de discuter à ce moment était à son plus bas. Kitsune n'était plus, lui aussi. Le gris l'avait tué, sans aucun scupule et pourtant, la raison demeurait encore bien vague. Meme si l'impertinente le suivait au fond de la grotte, Tomoe ne s'en préoccupait point et il était aussi froid qu'un bloc de glace.

Avait-il changé?

La femelle continua alors de le suivre et c'est alors qu'elle lui dit un truc bien amusant « Peut-être que vous êtes muet ? Dans ce cas je suis désolée. Après tout je peux bien faire la conversation pour deux. » Le silence et le mutisme étaient deux choses qu'il favorisait par-dessus tout et ce ne serait pas une femelle comme elle qui le changerait, décidément pas. Après quelques minutes, il s'arrêta au beau milieu de la grotte et resta dos à la jument. « On se connaît déjà, Maxine. » lança-t-il, demeurant immobile et le regard entièrement fantomatique.

Elle n'avait décidément pas changé, cette expression sur son visage lui rappelait vaguement un événement de son enfance alors qu'il l'avait rencontré et il soupira, Maxine avait une si petite mémoire. Doucement, l'enfant renard lui fit face et se plaça de manière à ce que son corps soit entièrement visible, ses oreilles pendues légèrement sur les côtés. Son expression à lui était indéchiffrable et impossible à décrypter, c'était forcément ce qui faisait de lui, un être invisible. Sa mémoire était exceptionnelle et redoutable, ce qui n'était peut-être pas le cas pour tous, d'ailleurs. « Au lac des poulains. Toi et un adulte. Un renard. Moi. » tenta-t-il, de lui expliquer afin de lui rafraîchir un peu la mémoire et de lui faire comprendre que celui qui se tenait en face d'elle n'était autre que le fameux Tomoe.

Le jeune adulte avait changé, depuis son enfance et ce qu'il était devenu était tout simplement remplis de mystère, personne encore ne savait qui il était réellement. Le grotte s'étendait sur un long corridor, devenant de plus en plus étroit et le gris ne s'en souciait aucunement, il venait ici si souvent que ce n'était pas un problème pour lui de longer les parois. Mais, en ce moment, ce qui importait le plus dans cette situation fut la dernière phrase que la demoiselle lui adressa. Le silence était quelque chose qu'il prenait soin plus que de sa propre vie, c'était sa source de vie et l'individu faisait toujours dos à la chialeuse. Il inspira doucement et quand il tourna simplement la tête, Tomoe donnait froid dans le dos, ces deux gouffres qui n'avaient aucun fond se perdirent dans les siens, inébranlable.

Le vent entrait difficilement dans la grotte et puisqu'ils étaient allés beaucoup plus au fond de celle-ci, il était normal de sentir l'air plus humide. Son regard la fixait toujours, quelque chose en lui avait changé et s'était un peu plus réveillé que lorsqu'il n'était qu'un enfant. C'était probablement cette étrange sensation d'inconfort et de patience inlassable qui le rendait si effroyablement différent. Ce qu'il avait été n'était plus qu'un souvenir, car l'enfant renard qu'il était devenu aujourd'hui n'était que l'ombre du passé et le gris ne semblait aucunement attaché à qui que se soit. Sans amour. Sans amitié. Sans famille. Sans rien pour le déranger quoi. C'était le silence de mort même après que la femelle ne lui ait posé cette fameuse question et puis, il se retourna entièrement vers elle, toujours en gardant ses yeux dans les siens. Mais, en se retournant, cette façon saccadée et brisée de se déplacer laissait imaginer d'étranges choses. Était-il possédé?

Il se plaça droit et baissa l'encolure, rompant le visuel qu'il avait avec elle et doucement, un pas à la fois, le renard s'approchait, mais il évoluait avec lenteur. Une vitesse d'exécution faible. Maxine ne ressentait aucune crainte ou peur, la nervosité ne semblait même pas l'atteindre, ce qui intriguait l'enfant orphelin et il y avait aussi quelqu'un d'autres dans sa mémoire. Un jeune mâle noir qu'il avait rencontré alors qu'il n'était qu'un poulain et cet inconnu lui avait demandé pourquoi lui avoir fait du mal, la réponse demeurait toujours aujourd'hui, un mystère. Où se cachait-il?

« La mort endeuille »

Ces mots furent prononcés avec une voix désincarnée et bourrue.

(Oui, tu as raison. :3 Ça me rappelle vaguement Lunaio/Apophis et nos sujets ont toujours été aussi mystérieux, c'est ce qui fait que j'en raffole. On ne se lasse jamais, je trouve. On prend plus de temps à répondre, mais nos réponses sont tout simplement époustouflantes et remarquables. )



Chacun était à une distance raisonnable, l'individu au pelage gris n'était qu'à seulement quelques centimètres de la femelle et il demeurait immobile, s'enfonçant presque dans le sol comme un sable mouvant. Évidemment, on ne pouvait malheureusement pas savoir ce à quoi il pouvait bien penser et même si on faisait tout notre possible, Tomoe n'avait aucune âme. Son regard ne signifiait que le vide, un néant sans fond et quand il le posa dans celui de la rouquine, celle-ci avait une vie. Toujours autant de mystère? Il baignait dans ce monde, le mâle avait un mystère naturel en lui et nul n'avait parvenu encore à l'élucider.

Soudain, le silence était encore bien lourd et inévitable, Maxine semblait réfléchir, depuis un certain temps, à quoi, l'enfant renard ne le savait pas. Enfin, l'être qu'il était ne s'en souciait d'aucune façon et ne cherchait pas plus à comprendre, mais une chose fut claire, à un certain moment donné, dans la situation. Ses yeux se relevèrent légèrement, détaillant son corps fin et svelte, la demoiselle avait tout de même bien grandit, mais cela ne l'intéressait guère. Ce qui l'intriguait, c'était ce regard, ces yeux affolés et cette peur qui venait de naître dans le regard de la rousse. Le silence était son eau de vie, il ne vivait que pour cela et personne ne savait, car en fin de compte, le jeune adulte était bien trop différent des autres. Normalement, le jeune mâle se nourrissait de la peur et de la crainte des autres, c'est ce qui pouvait entre autre, garder son âme vivante, mais c'était parfois compliquer de l'expliquer. Après tout, tomoe n'était pas de ceux que l'on peut amadouer et obtenir quoi que se soit. Celui-ci n'irait pas jusqu'à attaquer inconsciemment la rouquine, car il était intelligent et rusé comme un renard, mais l'étalon savait pertinemment ce qu'il avait à faire.

L'ambiance était corsée.