|| Eau de vie || Tomoe (TERMINÉ)

Les perroquets survolaient le ciel, alors que le jeune adulte marchait tranquillement vers ce nouvel environnement qu'il n'avait jamais encore exploré et c'était ici, au Sanctuaire des Aras que Tomoe se retrouva. Son regard impassible dévorait les environs et le paysage, sans aucune réaction de sa part, absolument imprévisible.

L'imposante créature qu'était l'enfant renard avançait sans se soucier de ce qui l'entourait, son regard ne se promenait point et il fixait au loin, ne s'inquiétant d'aucune façon des perroquets qui pouvaient tournoyer au-dessus de sa tête. Le gris s'arrêta alors en bas du chemin menant au temple ancien et demeura silencieux ainsi que très calme. Une odeur lui titillait les sens et cela le dérangeait quelque peu.

L'étalon n'avait rien vu passer, tout s'était déroulé si rapidement et par sa posture ainsi que sa carrure, l'impact qu'il y eut, ne le déstabilisa pas. Son regard sans lumière se posa au final dans celui de l'inconnue, complètement silencieux et absent. L'individu au pelage gris s'ébroua et souffla doucement des naseaux, retirant son toupet devant ses yeux qui commençait à l'agacer un peu, à vrai dire. Le renard baissa calmement la tête et alors que l'étrangère s'était retrouvée assise dans une drôle de position, le jeune étalon s'approcha d'elle de quelques pas, mystérieux. Alors qu'il était maintenant à plus de quelques centimètres, son visage se rapprocha de la palomino et il fixa longuement celle qui l'avait accidentellement bousculé. Sans dire un seul mot.
Intimidation.

L'atmosphère était particulièrement spéciale, le vent quant à lui était froid et agréable pour le mâle qui avait légèrement reculé la tête, quelques instants auparavant. L'étrangère avait brisé son silence, ce calme qu'il s'était instauré, aujourd'hui et là, celle-ci le questionna afin de comprendre s'il était muet. Son regard d'une indifférence opaque se posa de nouveau sur l'inconnue et demeura muet, Tomoe n'avait pas de raison de dire quoi que se soit à cette impertinente qui avait détruit son instant présent. Les perroquets survolaient désormais un peu plus bas sur le territoire et il s'aventurait dangereusement trop près du renard qui commençait à s'impatienter, mais l'enfant renard les ignora, enfin pour le moment, dû moins. Un bref coup d'oeil vers la jument, il constata bien rapidement qu'elle s'était blessée et il leva les yeux au ciel, découragé. Son mutisme ne serait pas brisé, pas maintenant et puis, le gris n'avait rien à lui dire, à elle qui semblait être à ses yeux, un problème capital. Aussi longtemps que personne n'ira jusqu'à le toucher ou entrer dans sa bulle, tout se passerait sûrement bien.

Elle s'éloigne de l'étalon afin de pouvoir aller se soutenir contre un arbre, tout près d'elle et même s'il faisait jour, le soleil parvenait avec difficulté à rendre le passage de ses rayons facile entre les arbres aussi gigantesques les uns des autres. Il pouvait s'avérer très dur pour la jument d'endurer un mutisme si intense et incessant que celui de l'enfant renard, celui-ci observait toujours avec assiduité les moindre faits de l'inconnue. Doucement, l'étalon au pelage gris s'approcha de nouveau d'elle et alors qu'il était vraiment près d'elle, un perroquet vint se poser sur le dos du fantôme. Soudain, son regard changea et ce que l'on pouvait apercevoir n'était qu'une seule chose. Les pupilles du mâle se dilatèrent au maximum et une aura mystérieuse s'échappa de son être tout entier. Quelque chose n'allait décidément pas et même que les autres perroquets semblaient s'être dispersés dans le sol, disparaissant les uns après les autres. Mais, celui qui était resté sur son dos voulut s'envoler aussitôt, mais Tomoe fut bien plus vif d'esprit et rusé que l'oiseau, d'un coup de mâchoire bien placé, celui-ci l'attrapa entre ses dents, l'ayant désormais dans sa bouche. La tête du perroquet était à l'intérieur de la mâchoire du cheval et tout en essayant de se débattre, le fantôme sans émotion ne le laissait aucunement s'extirper de son emprise. Sans pitié, l'enfant renard lui disloqua le cou et la bestiole mourut aussitôt, mais ce ne fut pas tout, Tomoe arracha littéralement la partie du haut de son corps, ce qui était entre autre, la tête. Ensuite, rapidement, le gris cracha sans aucune pudeur, l'être mort au pied de l'inconnue et le regard qu'il lui lança fut à glacer le sang. Il n'avait même pas besoin de parler que la demoiselle comprendrait parfaitement ce qui en était de le toucher et de venir le déranger, dans sa bulle.

Le renard observait la scène de là où il était et lorsque la jument ensevellis le corps de l'oiseau dans un trou, dans la terre, le mystérieux mâle s'avança jusqu'à pouvoir quasiment coller son poitrail à celui de l'inconnue. Son regard était flou, impassible et entièrement dépourvus d'émotions, mais quelque chose commença à se dessiner sur le coin de sa bouche. Un fin sourire en coin qui apparemment ne semblait pas vouloir dire grand chose dans la situation présente et il ronfla bruyamment des naseaux avant d'obliger la femelle à redresser sa tête pour qu'elle plonge son regard dans le sien. Tomoe avait cette lueur paralysante aux creux de ses yeux et pourtant, ce sourire en coin se dissipa tout doucement.

_ C'est l'eau de vie... souffla-t-il, avec un timbre de voix complètement frigorifiant et grave.

Le vent se leva de plus en plus, il était glacial et transperçant, ce qui pouvait en rendre plus d'un incomfortable. Le froid les frappait comme des coups de coûteaux bien aiguisés et pourtant, l'enfant renard demeura immobile, laissant l'inconnue reculer de quelques pas. Le gris ne lisait aucune peur ou crainte dans les yeux de celle-ci, ce qui ne surprenait d'aucun cas le fantôme qui demeurait toujours aussi imperceptible. Les mots qu'elle choisissait avec soin étaient inutiles dans la situation présente et pourtant, le fait qu'elle lui donne un ordre, le rendait quelque peu agacé. La proximité, Tomoe avait choisis de lui-même et la jument n'avait aucun droit, présentement.

_ Intensionnellement. murmura-t-il, en continuant d'avancer vers elle, le regard totalement timbré d'une indifférence opaque et d'une aura instable, voir effrayante.

Après tout, ses intentions envers l'étrangère demeuraient toujours inconnues.

Il l'ignora. Son regard se détourna et même que l'étalon gris commença à se déplacer un peu vers le sentier devant lui, imprévisible. Qu'elle n'aille pas peur était une chose, mais il ne fallait pas trop s'enfler la tête et se dire que cet inconnu n'était pas un danger. L'étrangère pourrait être absolument surprise... Mon grand? La palomino avait vraiment envie de mourir jeune, apparemment et s'éloignant doucement vers un arbre, il se retourna entièrement face à elle, silencieux. Ses yeux la scruta, dans son mutisme le plus effrayant et désagréable.