» comme tu as de grandes dents ... - O

Oktori

Je devais sans doute être inconsciente de me pavaner dans les environs du bois. Tout le monde savait qu'il était habité par des meutes de loups. Mais j'sais pas, j'avais l'âme aventurière, aujourd'hui. Je longeais la lisière, prenant garde à ne pas pénétrer dans la forêt. Vous m'direz, ça ne les empêchera pas de sortir du bois, hein.

Néanmoins aux aguets, j'essayai d'arborer une attitude décontractée. Mon regard voguait sur l'horizon, essayant de ne pas être attiré par ce qui se passait dans les fourrés à mes côtés. Trottinant, queue panachée, je me stoppai net lorsque j'entendis un peu de raffut dans le bois. Mes yeux s'écarquillèrent, tentant vainement de discerner ce qui se tramait dans la pénombre. Et puis, plus rien. Le silence reprit ses droits. Pourtant, j'aurais juré avoir entendu des voix ou des pas.

J'ai envie de faire caca.
- Ah ouais tiens, j'ai envie de faire caca. Bon ben autant se libérer avant de repartir.

Poc, poc, poc, le crottin tombait à bon rythme sur la terre humide du bois. Ikéa sifflotait pendant ce temps.

- Et voilà.
Elle se remit en marche, longeant la lisère. Elle n'avait donc fait qu'un quatre de tour finalement. Histoire de zieuter ce qu'il se passait.

Une jument -ça se sentait à plein que c'en était une- s'était arrêtée là. Hm. Ça donne sacrément envie de faire des bêtises, ça... Voyons comment la situation évolue. Peut-être qu'on pourrait... lui faire peur... se faire passer pour un loup... rugir en sortant de la forêt... Hinhin. Ikéa se tenait donc dans le bosquet, encolure à l'horizontale pour distinguer ce qu'il se tramait de l'autre côté.

Puis, une série de prouts fendit l'air ... Heureusement pour moi, l'odeur ne me parvint pas. Les loups, ça pète aussi fort ? Je m'interrogeais un instant, étudiant avec sérieux cette question. A moins que plusieurs loups aient choisi de péter en même temps ... ? Ne trouvant décidément pas de réponse adéquate, je repris le pas, continuant de longer cette foutue lisière.

J'ai rigolé

Et une, deux, une, deux. Machine, de l'autre côté des arbres s'était mise en marche. Ikéa la suivit. Elle avait l'air pépère, quoique la queue trahissait une petite inquiétude. On pouvait la sentir tel le chat, prête à bondir à la moindre occasion.

Alors... Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire... Hmmm...

- AAATCHOU ! gueula-t-elle. Ouais, c'était sacrément idiot comme idée, surtout que son "atchou" ne ressemblait absolument pas à un éternuement, puisqu'elle s'était contentée de gueuler. Fière d'elle, elle attendit la réaction tel le smile face:

Bon, là, c'en était de trop ! D'abord, des voix qui viennent d'on ne sait trop où, ensuite des pets pétaradants et maintenant, quelqu'un qui s'efforçait à éternuer. Il n'y avait plus aucun doute ; quelqu'un me suivait et m'observait. En même temps, avec ce corps de déesse, il y avait de quoi faire des envieux Je m'arrêtais donc, observant avec minutie le bosquet à ma gauche. Si je tombais sur des yeux jaunes et luisants, je prenais la fuite ; si au contraire, je percevais quelque chose d'autre, j'avançais. < Qui est là ? > osai-je néanmoins demander.

- Ta mère

Taiiiin Ikéa tu crains tellement! T'étais en train de préparer un plan machiavélique de ouf et t'as tout niqué avec tes pulsions débiles...

A voix basse: - Ah shit j'aurais jamais du dire ça, je vais me griller raah...
- J'avoue t'es débile à souhait.
- EH OH elle avait qu'à pas me tenter comme ça là j'y suis pour rien. ¬¬
Vive la schizophrénie
Du coup, fallait retrouver une autre idée. Grillée, ou du moins elle le présumait, Kébab fit un bon et alla se cacher derrière un arbre. Derrière un arbre oui, parfaitement.

Je m'approchais de la lisière, de plus en plus. Je m'arrêtai au moment où les boissons commencèrent à me picoter le poitrail. Mon regard sondait cette obscurité; il y avait bien quelqu'un ici ... Et ça sentait clairement la jument, quand j'y pense. < Ma mère est morte, pétasse. > dis-je finalement, d'un ton nonchalant, même si c'était pas vrai J'avais un peu horreur qu'on se foute de ma gueule, en fait. Et du coup, j'allais pas vraiment être très courtoise avec l'étrangère.

- Bien fait.

Et voilà. Deuxième pulsion débile, c'est parti. Ikéa fut tellement surprise par sa propre réponse qu'elle se barra en courant et en ricanant dans sa barbe comme une demeurée. Haha, tant pis pour la gonzesse. Bon, c'était foutu pour lui faire peur, mais on s'amusait pas mal dans le coin.

Elle s'arrêta donc quelques arbres plus loin, en observant.
Sa conscience avait lâché l'affaire, elle était partie trop loin.

Bon, au fond, cela ne me faisait rien puisque ma mère n'était point morte. Petite pensée pour la mère, du coup, au passage L'étrangère s'enfuit aussitôt, avec un rire très étrange. Elle devait être bien siphonnée du ciboulot, celle-là. Peut-être qu'il y avait un asile pas loin de GS ... Peut-être qu'elle s'en était échappée ? Je repris donc ma route, me sachant en "sécurité". Ouais, c'était pas des loups finalement qui avaient pété et qui se mouvaient dans la forêt, mais bien cette jument bizarre. Rien de quoi s'alarmer. Avançant, m'éloignant progressivement de la lisière, je repris ma petite promenade, l'esprit apaisé.

Oh cet échec, la proie s'en alla.
Ikéa eu un temps d'arrêt, fit la tronche du smile ci-dessus, et sorti à petits pas de son exceptionnelle cachette. Après trois pas, le popotin de l'autre passait les derniers arbres. Madame Curly (et ça rien n'a voir avec les amis hein) hésita même l'espace d'un instant à la rappeler. Ce qui n'aurait aucun sens, certes, mais elle allait s'ennuyer maintenant.

Alors elle se mit à la suivre, nonchalament, se donnant le temps de réfléchir à la suite.

Je pris soudain le trot ; sûre de ne plus être dérangée, je pouvais me permettre d'avancer plus rapidement. C'était étrange qu'aujourd'hui les loups ne se mouvant pas à travers le bois ... Peut-être qu'il faisait encore trop jour pour eux. Peut-être qu'ils étaient sagement en train de roupiller. Tant mieux pour moi finalement.

• - Ah, salut.
  Kangourou, mulot, chien, chat, chèvre, ou loup, Ikéa elle aimait bien les animaux. Et ça tombait bien parce qu'un canidé -bien qu'à l'air peu sympathique- venait de pointer le bout de son nez. Elle attendit qu'il s'approche, bien plantée sur ses quatre pieds, avec la banane.