illusion.

Finalement, Aenor émerge. Elle laisse de côté les mémoires de son traumatisme et se redresse un peu, pour chercher du regard ses yeux bleus qu'elle a toujours aimé. Elle sourit même, se rassurant. « comment es-tu arrivé ici ? comment as-tu trouvé cet endroit ? »

« Je ne sais pas, Aenor. » souffla-t-il contre sa peau agréablement chaude. « J'ai marché. Encore marché... à n'en plus finir. » Jusqu'à bientôt s'écrouler. Mais voilà qu'il était tombé sur Galop Sauvage. Il avait fuit les lieux de leur séparation, parce que ça avait été trop dur pour lui d'admettre qu'il l'avait perdue. Parce qu'il avait voulu s'éloigner de ce sentiment d'urgence. Parce qu'au final, ça l'avait de nouveau conduit à elle. Même si ça avait mit des années. « J'ai bien fais, de toute façon. N'est-ce pas ? » Un sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu'il profitait de la caresse des crins de la femelle contre son museau.

Sa peau est parcourue de frissons excitants et elle ne sait pas comment les interpréter. Elle ne cherche pas réellement à le faire, d'ailleurs. Elle met les questions de côté, les doutes avec. Le visage d'Arsène aussi, pour le moment. Elle appuie son front contre son poitrail accueillant et protecteur. De par le fait qu'il l'ait sauvée, il incarne pour elle le visage du héros.
Son héros.
« oui, tellement... » murmure-t-elle doucement, émue, contre son poil chaud.

Le bicolore conservait précieusement la chaleur de l'alezane, son étreinte autour d'elle s'étant quelque peu adoucie. Le choc des retrouvailles commençait progressivement à passer. Quelque part, il était plaisant de se dire que tout cela était écrit. Il recula d'un pas, pour mieux la regarder droit dans les yeux. « Allons, raconte-moi toute ta petite vie, ici... Je veux tout savoir. » fit-il, sans se soucier de paraître intrusif ou non.

Elle soutient son regard. Elle n'a rien à lui cacher de toute façon. Il est bien au courant de tout ce qu'elle a vécu, contrairement à ses connaissances ici qui l'ignorent. Elle prend le temps de chercher ses mots, de rassembler ses souvenirs, ses émotions. « j'ai retrouvé des amis.. tu sais, quand je suis arrivée ici, je ne pensais jamais m'attacher. je vivais libre, et c'est apparemment ce principe qui a plu à certaines personnes. j'ignore si elles se sont d'abord accrochées à moi, ou si c'est moi qui l'ai fait la première. c'était un déchirement de partir, et c'est quand je m'en suis rendue compte que j'ai compris qu'il fallait rompre tous les liens qui me retenaient ici. j'avais promis que rien ne me retiendrait jamais, ni ici ni ailleurs. comme quoi je me trompais... »

Il n'était pas sans connaître le tempérament libre de l'alezane. Il avait toujours mit ça sur le compte d'une peur de s'attacher à autrui. Mais malheureusement, lui-même avait découvert à ses dépens que les sentiments parlaient plus vite que la raison. Il hocha tranquillement le visage. « C'est donc l'attaque qui t'a forcée à revenir ? » Il marqua un très court silence, que lui seul comprendra. « Ou c'est autre chose ? »

William

Bon sang on n'y voyait rien ici ! Quelle idée il avait eu de venir là, non mais vraiment. En plus, pour une fois, il était à cheval. Heureusement d'ailleurs car sa monture semblait y voir quelque chose dans cette purée de pois. D'ailleurs la voilà qui levait la tête, oreilles en avant. Pas de doute elle avait vu quelque chose ! Mais quoi, difficile à dire, il espérait que ça soit des chevaux. Il talonna l'étalon et lui fit prendre la direction dans laquelle ce dernier regardait.

Elle secoue la tête. « après l'attaque, je me suis retrouvée seule. je t'avais perdu. et je ne peux pas te mentir... j'avais atrocement peur. je me sentais complètement faible, perdue, esseulée et à la merci de n'importe qui. j'avais peur qu'il me retrouve. alors je suis revenue ici, parce que j'y connaissais du monde et je savais que je serai plus en sécurité. » avoue-t-elle doucement, sans lui cacher les raisons. Elles sont réelles et sincères ; retrouver Arsène était, malheureusement, pour elle une joie secondaire.
Soudainement, une odeur étrange vient polluer l'air brumeux. Instinctivement, elle couche ses oreilles en arrière. Elle n'a jamais senti ça, n'en a jamais rencontré, mais Chao lui a dit.
Qu'ils étaient là.

Il l'imagina alors. Livrée à elle-même, enveloppée d'un voile de ténèbres. Qui l'appelait, sans qu'il ne puisse l'entendre, sans qu'il ne puisse la rejoindre. Il écouta sa tirade jusqu'au bout. Mais il était déjà là, se dit-il. Il ne formula pas ses mots à voix haute, pour éviter de l'affoler de nouveau. Sa fragile colombe de feu.
L'odeur le frappa également, forte et parfaitement reconnaissable. « Un humain... » souffla-t-il, redressant son encolure, les oreilles couchées contre sa nuque. Il les avait côtoyés, autrefois, et se souvenait de quel genre de traitements ils pouvaient infliger. Son sang ne fit qu'un tour, il invita physiquement Aenor à s'éloigner.

Ils l'avaient enfin repéré. A force de ces rencontres, il avait appris de ses erreurs. Il décida de rester là, il allait simplement les attendre et quand ils arriveraient vers lui il pourrait s'amuser mais en attendant il les regardaient.

Par le comportement de Nox, la princesse comprend vite qu'il y a un danger. Son sang afflue de nouveau dans ses veines, elle sent l'adrénaline la couvrir d'un châle habituel et tant de fois recherché. Une drogue, pour Aenor, qui ne se sent envie qu'au bord de la mort.
Elle se décale pourtant légèrement, mais sa curiosité la pousse à ne faire que des pas lents, l'encolure étirée vers la source de l'odeur, sans qu'elle ne puisse discerner quoi que ce soit.

Il ronfla bruyamment des naseaux, jetant un regard tour à tour vers la source de cette odeur et Aenor. « Qu'est-ce que tu fais ? Il ne faut pas rester ici. » gronda-t-il presque, sa crinière se hérissant en voyant enfin la silhouette humaine apparaître. Des souvenirs remontèrent dans sa mémoire, et il refréna son envie de charger le bipède. Plaquant ses oreilles contre sa nuque, il fit un pas en avant, de quoi s'interposer entre l'alezane et le cowboy. En espérant que cela le dissuade d'approcher davantage, puisque la princesse ne souhaitait pas s'éclipser avec lui.

Son cheval releva la tête quand il aperçut de plus près les deux silhouettes. De par leur corpulence il y avait une jument et un étalon. La première semblait curieuse,prête à venir le voir, à se renseigner sur ses intentions, quand au deuxième, la haine se lisait dans ses yeux. Lui serait un adversaire de taille. Peut-être même devrait-il appeler Bryan ou Karl pour venir l'aider. Pour le moment, il se contentait de les observer.

Elle se souvient alors des mises en garde de Chao. Ils nous capturent. La peur se lit un instant dans le regard de la rouquine, avant de laisser place à l'adrénaline. Déjà, le danger l'appelle.
Ou bien est-ce elle qui essaie de l'attirer à elle. « tu as raison, on s'en va. » déclare-t-elle d'une voix plus raisonnable que ne laisse entendre son comportement, son corps partagé entre rester et frôler la mort et s'enfuir au plus vite. Elle fait quelques pas en arrière, attendant que Nox ne le rejoigne.

Le bicolore était satisfait de voir qu'elle coopérait. Puisqu'elle n'avait pas semblé vouloir partir quelques instants plus tôt. C'était comme si elle s'était raisonnée d'elle-même. Il poussa un grondement intimidant à l'égard de l'humain, comme pour le dissuader de les suivre, puis partit au grand trot aux côtés de la rouquine.

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