Lost warrior //O//

L'astre était haut dans le ciel, un soleil radieux comme le nord n'avait jamais connu. Caché à l'ombre d'une caverne de basalte, le guerrier noir sombrait. Les heures passaient, sa jambe s'infectait, et la douleur était si insupportable qu'il ne la sentait même plus. Non il ne mourrait pas aujourd'hui, ni demain, son cœur est bien trop résistant. La nature avait décidé de prolonger son agonie indéfiniment. Dire qu'il n'avait fallut que d'une simple entaille, une simple plaie qu'il avait négligé, foutus barbelés ! Mais le guerrier ne fléchissait pas, il avait connu pire. Un œil arraché, une mâchoire déboitée, ce n'était pas une simple blessure qui allait l'achever ! Non... Mais cette putain d'entaille finirait bien par avoir raison de lui, la folie ou la maladie ? Bien dur dilemme... Laquelle des deux allait donc l'achever en premier ? En attendant, il sommeillait, à l'ombre comme à son habitude.

Un vertige puis le silence. Le grand étalon pie laisse choir ses oreilles de part et d'autre de son crâne, comme si elles étaient bien trop lourdes à porter. Sa robe poussiéreuse lui donnait vraiment un aspect négligé et il s'en moquait bien, qu'importe son apparence, que ça se finisse ! Des pas feutrés retentissent bientôt à ses oreilles, qu'il plaque aussitôt contre sa nuque. Encore un de ces maudits équidés venu le faire chier ! Il grogne intérieurement, hostile et malveillant. Mais c'est à ce moment qu'il le reconnu, cet étalon à la robe foncée aux reflets d'or. Le voila stupéfait, il ne pensait pas le revoir un jour. Son cœur balance entre l'envie de lui parler à nouveau, et le refus qu'il le voit comme ça. Osiris allonge son encolure sur le sol poussiéreux, sans un bruit, laissant ses naseaux trainer dans les cendres. Il ne l'appelle pas. Si le destin veut que leurs chemins se croisent alors Oroszlàn se retournera.

Alors la reine mère des cieux a décidé d'organiser une ultime rencontre ? Soites. L'étalon relève l'encolure pour accueillir comme il se doit le dominant du Nord. Un fin rictus s'empare de ses lèvres, nul ne saurait dire si il s'agissait d'un maigre sourire ou bien une grimace douloureuse. " Salut Oroszlàn " dit il de sa voix rauque, les traits tirés par la fatigue, la vieillesse et surtout la douleur. " J'ai connu pire tu sais.. " s'exclama t il en ricanant, il lève les yeux au ciel comme pour banaliser sa plaie profonde. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer de toute façon. Osiris n'avait pas peur de la mort, mais il préférait quelle soit rapide, et non lente et douloureuse. Ce qui était bien partit pour. Il fronce les naseaux d'un air désinvolte, comme si son mal ne l'affectait pas mais met tout de même sa jambe blessée en suspension pour la soulager quelques instants.    

L'étalon sourit amicalement, il ne voulait décidément pas lâcher le morceau. Il rît intérieurement. " Disons que mon évasion de chez les deux-pattes c'est plutôt mal passée. Ma jambe s'est accrochée dans leurs morceaux de ferraille appelés barbelés. " Il soupire, blasé mais garde son sourire railleur accroché à ses lèvres. " J'ai réussi à m'en sortir, c'est le principal. Mais la longue migration n'a rien arrangé. " Pire même, cela n'a fait qu'empirer... Osiris se moque intérieurement de lui même, a quoi bon faire comme si de rien n'était. Oroszlàn n'était plus un enfant, il savait très bien que cette vilaine plaie n'était pas à prendre à la légère. Il proposerait bien de marcher un peu avec le jeune lion du nord, son neveu, pour en discuter mais il en était incapable. Bouger était devenu un combat perpétuel, un supplice quotidien, voila pourquoi il était prostré ici depuis son arrivée sur les nouvelles terres.  

L'étalon est très touché par l'attention du roi doré mais il n'en montre rien, son orgueil était omniprésent. " Tu es brave Oroszlàn, mais je ne veux pas que tu es à supporter cela. Tu as bien d'autres soucis. " Surtout qe l'agonie risquait d'être longue. Il lui fait un clin d'œil. Quelle atmosphère macabre, très vite Osiris décide de changer de sujet. Quitte à parler de la mort, autant parler de celle de quelqu'un d'autres, pas de la sienne. " Au faites, j'ai appris que ma sœur, ta mère, avait finit par trépasser. Tu étais au courant ? " demande t il d'une voix grinçante.

" Les miens sont morts depuis longtemps, et pas de leur belle mort malheureusement " ricane t il nerveusement, avant d'être emporté par une quinte de toux, un râle d'agonie. Il inspire à fond, agacé de se sentir si vulnérable. Douloureux, il plie ses antérieurs pour s'allonger dans la poussière. Ses yeux sont un peu vitreux, embués par la fièvre.

Osiris est quelque peu surpris lorsque Oroszlàn vient se coucher contre lui. Il aimerait se lever afin de ne pas montrer sa faiblesse mais il n'en est pas capable. Et il doit bien l'avouer, ce contact lui fait énormément de bien. Il le laisse poser sa tête sur son dos dé-musclé. " Tu sais, mon neveu.... " dit il de sa voix enraillé par le poids des années. " ... je suis ravi d'avoir pût faire ta connaissance. Tu es et tu demeureras une de mes plus belles rencontres. J'aurais tant aimé passer plus de temps avec toi. Je sais que tu iras loin, tu en a les capacité. Ta mère avait beaucoup de défauts mais elle avait aussi quelques qualités, elle était tenace, combative, c'est un gène que nous avons elle et moi hérité de notre père... " Il tourne l'encolure, difficilement pour réussir à le regarder dans les yeux. " Tu es ma plus belle réussite. Je suis fier de toi " Son œil azur pétillait de satisfaction. Il le considérait comme son premier fils.

L'étalon laisse un fin sourire étirer ses lèvres gercées. Il veut lui répondre mais une quinte de toux l'emporte, il lui faut plusieurs minutes pour reprendre son souffle. Chose faites, il ronfle bruyamment d'un air blasé et laisse son encolure glisser sur le sol poussiéreux, allongeant le cou pour mieux respirer. " Dis. Tu veux pas m'achever ? " demande t il sur le ton de la plaisanterie, même s'il intérieurement il en mourrait d'envie. Qu'on abrège ses souffrances.