my life be like

Elle se laisse aller, le laisse faire. Veut voir de quoi il est capable. Elle ferme ses paupières obscures et se mord les lèvres. Puisqu'il fuit ses caresses, voyons voir si elle, résistera aux siennes.

Plus il se montre délicat, plus Isildure se raidit. Elle se sent chatouillée sans en être amusée. Elle est affreusement nerveuse. Plus elle essaie de le cacher, plus c'est flagrant. Si sa respiration ne s'accélère pas, ses muscles, eux, ne cessent de se tendre. Et elle le sait, elle est certaine que l'étalon le remarque. Alors elle tente vainement de se détendre, ferme les yeux, respire un bon coup. Mais rien à faire. A peine décrispés, tous ses membres se contractent de nouveau.

Elle frissonne de plaisir lorsqu'il vient légèrement caresser son entre-jambe. Un son très doux, sorte de frémissement expiré s’apparentant à un soupir, vient ponctuer cette satisfaction. Il prend rapidement fin lorsqu'elle sent ses naseaux s'éloigner, frustrée d'une si brève approche. Quelque chose prend appui le long de ses cuisses. Elle se redresse et y jette un regard discret et inquiet. L'étalon allonge l'encolure le long de son échine, et de ce fait, augmente un peu plus la pression que son buste exerce derrière elle. Elle ne fléchit pas, n'avance pas d'un millimètre. Au contraire, hésite à augmenter la force qu'ils s'imposent l'un à l'autre en reculant d'un pas. Mais trop novice dans le domaine, elle ne préfère pas tenter une quelconque tentative risquant de mettre en péril la continuation de ce moment. Alors elle plie nerveusement ses postérieurs, tremblotant presque, abaissant gracieusement sa croupe musclée.

Elle laisse le corps de l'étalon recouvrir le siens, docile. Ne s'attendant pas à ce qu'un corps soit si lourd, ses jambes plient légèrement avant de soutenir l'être avec un certain aplomb. Il est doux, précis, patient. Peut-être même un peu trop. Pendant l'attente, pendant que l'ibérique s'impatiente, vient à elle un tas de question. Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi ? Elle ne sait même pas son nom ! La respiration rauque de la jument s'accélère. Mélange amer d'excitation et de colère. D'incompréhension aussi. Ne trouvant pas les réponses à ses propres questions, elle s'agace et prend peur. Et elle est prise de panique lorsque, tentant de s'enfuir, elle sent ses hanches bloquées. Elle émet une série de puissants souffles exhalés par les naseaux, renâclant grossièrement. Après plusieurs vaines tentatives, elle réussit à se cabrer. Si verticale qu'elle manque de tomber sur le dos.

C'est ma façon de garder la ligne. Murmure t-elle doucement. Et elle le regarde. Longuement. Intensément. Son entière attention se centre sur lui. Elle semble imperturbable. Personne n'aurait pensé que quelques secondes auparavant, elle se débattait sauvagement, hurlait presque ses boyaux, s'approchait doucement de la démence. Personne. Excepté eux. La nuit est noire, le silence lourd, la situation critique. Elle prend le pas, vers lui. Sans s'arrêter, elle passe le long de son corps, le frôle de sa présence glaciale, puis quitte ses flancs. Elle disparaît derrière lui, dans les ténèbres de la nuit.