Au bon souvenir

Une douce voix légère comme la brise vient réveiller Sydän de bon matin. Sans attendre, l'étalon quitte son sapin qui lui avait servi d'abris pour passer la nuit et s'ébroue pour chasser la fine pellicule de neige qui ornait ses flancs. Une voix aussi douce et guillerette, ça ne pouvait être qu'Hérézy ! Cela faisait un petit bout de temps qu'ils n'avaient pas discuté ensemble, le grand pie s'en réjouissait d'avance. Furtivement, il vient glisser un baiser à sa bien aimée encore endormie puis s'élance dans le grand nord en répondant à l'appel de la grisette par un hennissement puissant.

Les oreilles de l'étalon guettent comme des radars la voix d'Hérézy, facilement repérable sur ces terres endormies. Il l'aperçoit au loin et un merveilleux sourire se peint sur son visage. Sydän lui lance un hennissement joyeux tout en se rendant dans sa direction au grand galop, il peine à se frayer un chemin dans la poudreuse qui l'enserre jusqu'au poitrail.

Sydän - après s'être bien battu dans la neige environnante - sort victorieux de ce combat endiablé. Il vient frotter amicalement ses naseaux contre l'encolure d'Hérézy, bien content de la retrouver. " Hérézy ! " s'exclame t il de vive voix. " Tout vas bien. Merci beaucoup, et toi ?" Il s'ébroue légèrement pour faire tomber la neige de ses flancs puis relève le regard sur la grisette. " Je suis très heureux de te revoir. "

L'étalon s'approche de la grisette en effleurant son encolure du bout du nez. Il ne remarque pas le ventre arrondi de la jeune maman. La question d'Hérézy lui arrache un long frisson. Il détourne un peu le regard en serrant les dents. " Un groupe d'équidés m'a défié à la dominance. " grogne t il, naseaux dilatés. Comme si le fait d'en parler faisait renaitre en lui une colère vive, tout juste éteinte, mais qu'une simple étincelle pourrait raviver.

" Bien sur " dit il en arrondissant l'encolure. Il ne cherche plus à masquer sa douleur, il lui fait confiance. Instinctivement, son antérieur blessé se met légèrement en suspension. " En réalité, une vieille jument de l'ancien nord est venue me défier. Elle était accompagné d'un colosse doré du nom de Maddox. Mais il n'étaient pas seuls.. " ça lui troue le cœur de devoir continuer. Mais il doit lui dire.

L'étalon tressaille lorsqu'il croise le regard insistant de la belle Hérézy. Il se mord la lèvre, comment lui dire ? Risquait il de perdre son amie ? Risquait il de briser un couple ? Tout se bouscule dans sa tête, il chancèle. Il est contraint de s'appuyer sur son antérieur abimé et laisse échapper un couinement douloureux. Bon... Il faut y aller. Il inspire à fond et ... " Oroszlàn était avec eux... "

L'étalon croise le regard de la grisette, il soupire. " Je ne sais pas. " Ses naseaux soufflent fort, expirant toute la désolation qu'il éprouvait. " Il s'est monté contre moi en défendant Aslaug. Peut-être souhaitait il reprendre le Nord ? Mais à ce moment là, pourquoi me trahir ? Il n'avait qu'a venir me parler et je lui aurais rendu. Je ne suis pas à cheval sur mon titre, loin de là. " Il soupire une nouvelle fois, comme s'il était éreinté. " Il s'est dressé contre moi au moment même où j'allais gagner le combat. Il m'a empêcher d'achever Aslaug. Et par conséquent, à aidé mon adversaire à me faire plier. " Sa mâchoire se sert. " C'est a cause de lui que j'ai été salement blessé, c'est à cause de lui que j'ai perdu " C'est à cause de lui que je ne suis plus Roi du Nord. Il a mal terriblement mal. Mais pas tant à l'extérieur, les blessures externes finissent toujours par guérir. Il a mal à l'intérieur. Mal à l'âme. Ce sentiment âcre d'avoir été trahit transperce le cœur à coup d'épée.