basic filters - Dominante (-16)

C'est possible oui. Mais les choses ne deviennent pas toujours ce que l'on souhaite. Il faut faire avec et savoir mettre son égaux de côté parfois. Enfin. Une question lui brûle les papilles depuis un certain temps déjà. C'est quoi ton nom ?

Redjim. Elle le goûte, le savoure, et l'avale. C'est ancré dans sa mémoire. Elle peut aujourd'hui placer un nom sur ses désirs les plus fougasses et les plus dérisoires. Sur un coup de tête il approche. L'espace vital qui les sépares fane tandis qu'elle se sent revivre. L'odeur amère de sa chaire, le parfum citronné de son corps doré, le souffle brûlant et saccadé de sa respiration ; viennent titiller les naseaux de la jument qui s'arrondissent. Il touche sa peau ébène et rompt la barrière volcanique qui emprisonne son âme féline. Il l'appelle. Je ne veux pas t'appeler comme ils le font tous. Par son prénom.

Elle se laisse caresser tandis qu'elle réfléchit. Même si son nom est velouté et délicat, appétissant même, elle ne l'appellera jamais comme ça. Elle préfère dévorer son corps et déguster son âme plutôt que de prononcer un prénom déchiré, dont les multiples morceaux sont éparpillés par delà les bouches et les mémoires. Emergeant d'un soupir de jouissance, la sentence tombe. Tu seras mon Hubris.

Hubris. Il est sa démesure, son crime passionnel et personnel.
Ses lèvres se mouillent aux babines de l'étalon. Ils échangent bientôt salive, douceur et délicatesse. Elle s'en extrait de temps en temps pour venir frotter ses naseaux bouillants le long de la ganache du mâle.

Quelque chose traverse l'atmosphère. Un vaisseau lancé à pleine vitesse qui rompt l'air frais de l'enveloppe planétaire. Il s'éloigne lentement de l'astre où il a été construit, d'où il est partit. La température à l'intérieur de l'artifice grimpe rapidement, jusqu'à s'enflammer. La coque du bolide crépite et bouillonne à mesure qu'il s'approche de la galaxie. La Géante se tend. Observe d'un œil inquiet la scène. Elle voit son manteau de fourrure se déchirer au passage du projectile. Elle a un haut le cœur, puis finit par prendre goût au jeu. Elle manie l'objet avec une aisance appliquée au sein de son royaume, remue quelques astéroïdes ici et là pour faire trembler le visiteur.

Elle est si grande, si vaste, cette Galaxy, qu'il faut parfois qu'elle prenne les devants pour que l'aventurier ne s'y perde pas. Et bien sûr, elle adore ça, prendre les devants. Manipuler le missile. Le pousser a ralentir, accélérer, longer les planètes rocailleuses. Mais il ne doit pas s'arrêter. Une panne d'essence dans cette immensité infinie ? Ce serait le dernier voyage de notre petite fusée, et qui plus est, de son pilote.

Isildure reste silencieuse. Essoufflée, mais totalement muette. Ce n'est pas l'excitation qui manque, et encore moins le plaisir. Mais elle sait comment fonctionnent les hommes: comme les professeurs. Ils nous interrogent davantage quand on ne connait pas la réponse. Son expression reste totalement neutre, mais pas son corps. Sa robe luit davantage sous la sueur. Elle n'est pas fatiguée pourtant. Mais la nervosité et l'adrénaline la font vite monter en pression. Si bien qu'elle se met à gratter violemment le sol de ses antérieurs (comme redou sur sa signa )

A t-elle gémit ? A t-elle souffert ? En a t-elle bavé ? Personne ne le saura jamais. Pas même Redjim apparemment. Le pauvre était sûrement trop concentré pour parvenir à détecter le moindre signe de douleur chez l'ibérique. Il glisse aisément de son dos, aidé par la sueur de l'effort de leurs corps. Elle se sent étrangement bien. Fatiguée de l'extérieur mais davantage vivante à l'intérieur. Elle se sent épanouie. Elle l'est. Le plaisir qu'il lui a offert remplit exactement ce qu'elle attendait. Ni plus, ni moins. Si elle savait, si elle savait que ce n'était pas le seul point commun qui unissait Redjm à Owberine.

Doucereuse, elle le laisse s'approcher. La toucher même. Elle frissonne cependant lorsque le souffle sensuel de l'étalon vient chatouiller ses courbes. Elle lui rend la pareille en glissant ses lèvres humides le long de son encolure, du garrot jusqu'aux oreilles. Y étant arrivé, elle murmure au creux. C'est une fille que je veux.

Le changement d'humeur soudain de l'étalon produit un effet négatif sur Isildure. Automatiquement, elle se braque. « Un magnifique fils. » Claque t-elle avec fierté en se redressant. Parler de ses enfants, et avec une mine si peu enjouée, c'est s'exposer au risque d'importuner une mère extrêmement protectrice.