ı la tempête après le calme ı

Cette mise en garde la surprend. Encore une fois, elle n'a pas l'habitude. Qu'on s'inquiète pour elle. Jusque là, personne n'a jamais eu peur qu'il lui arrive quelque chose. Comme quoi, tout change. Elle hoche doucement la tête, étudiant l'expression de la grise. « À qui penses-tu ? » Après tout, même si elle n'aime pas faire de rencontres en ayant des préjugés, une mise en garde est toujours bonne à prendre. Et Lov n'oublie jamais un nom.

Les autres dominants ? À bien y penser, Lov ne connait qu'Aslaug. Les autres, elle ne les connait pas. Ah si, justement ! Zohra ! Loin d'avoir été effrayée, Lov révèle un sourire espiègle au bord des lèvres en entendant le nom. « Ah, je l'ai rencontrée ! Quand j'étais aux Brumes, justement. Elle a voulu me chasser je crois, ou me surveiller, mais au final ça s'est bien passé » frime-t-elle, sans connaître peut-être le côté agressif de la dominante pie. Même si elle avait bien vu un côté drôlement spontané et imprévisible. « Qui sont les dominants des deux autres territoires ? » s'enquit-elle. C'est toujours bon d'avoir des informations.

« Ma mère a mal parlé d'Isildure, quand je l'ai revue. » note-t-elle, pour elle-même ou pour Hérézy, on ne sait pas trop. Elle hoche la tête, écoutant attentivement. Son regard s'éclaire. « Pandore est aussi une bonne amie à moi ! Je ne pense pas qu'il y ait de problèmes avec elle. » La yearling laisse tomber un fin silence suite à la mise en garde de la jument grise. Décidément, elle ne comprend pas comment on peut autant avoir peur des autres. Pour elle, les principaux dangers viennent plutôt des prédateurs, des intempéries, des climats... Même si elle se méfie toujours des autres et surtout des inconnus, elle n'ose pas imaginer ce qu'ils peuvent réellement faire. « C'est promis. Mais ne t'en fais donc pas pour moi ! La dernière fois, j'ai réussi à échapper aux griffes d'un loup, ce n'est pas un ou deux énergumènes qui me font peur » Elle se dandine pour exploiter ses griffures fièrement.

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Lov est touchée. Elle est même émue. La gorge nouée par la déclaration d'Hérézy, de voir que quelqu'un dans ce monde tient suffisamment à elle pour s'inquiéter à ce point, c'est inestimable. C'est inattendu, aussi. Ne sachant pas comment réagir, elle se contente de se laisser faire, pensive, son cerveau filant à mille à l'heure. Elle ne parvient toujours par à parler. Elle qui a tant clamé qu'elle n'avait pas besoin de cette affection, n'est-ce pas ce dont elle aurait le plus besoin, contradictoirement ?
Finalement, elle se met en route à ses côtés, toujours muette. Elle réfléchit. « Sûrement. Sauf que moi, je n'aimerais jamais quelqu'un à ce point-là. » grimace-t-elle en relevant son regard assuré vers celui, bienveillant, de la grise.

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Elle hausse les épaules. Son avis là-dessus est arrêté depuis ses premiers jours. « Je pense qu'ils font bien plus souffrir que procurer du bien. Le bonheur qu'ils donnent est passager. C'est l'éphémère d'une relation, c'est la courte durée d'une vie. Quand ils s'en vont, ils laissent une âme dévastée pour toujours. »

Mais la yearling est décidée. Elle fronce les sourcils, secouant la tête. « Moi, je choisis tout. » déclare-t-elle d'une voix claire et assurée. Elle est déterminée. Depuis toujours. Elle se forcera, s'il le faut. Elle ignorera le moindre petit sentiment naissant. Elle contrera toute tentative de son coeur de la forcer à faire quelque chose qu'elle n'aimerait pas.
Décidant qu'elles se sont assez étendues sur ce sujet qu'elle n'aime guère, la jeune lionne reste silencieuse après cette déclaration, observant les murs suintants du bâtiment qui les abrite. Elle jette un coup d'oeil à une fenêtre proche. « Je crois que la tempête s'est calmée. »

Lov bondit sur ses membres engourdis. « Oui ! J'en ai marre d'être enfermée ici. » Bouillonnante d'énergie trop longtemps stockée à rester cloîtrée ici pour se protéger des intempéries, elle s'ébroue et s'élance vers la sortie en trottinant énergiquement.

Dehors, elle aussi observe le ciel. Elle note les nuages épais mais qui s'éparpillent peu à peu. Le vent est tombé, ne reste qu'une atmosphère humide et lourde. Elle peut encore sentir l'électricité dans l'air, qui fait remonter quelques-uns des poils de son dos. Ses yeux noirs percent les alentours, à la recherche de quelque chose à faire.