Vas-y Francky ♪ ♫

L'odeur des chaleurs de la jument sont toujours là, présente, oppressante. Elle ne lâche pas son regard, elle s'y fond, elle veut lire en lui. Le contact la fait frémir, inconsciemment, mais elle ne s'en détache pas. Dieu qu'elle aime le contact physique avec les autres. Dieu qu'elle aime vibrer en touchant un autre corps. « Allons, Ghanan, tu ne vas pas me le faire à moi.. Tu peux me dire à quoi tu pensais, vu que ça a l'air tellement important pour que tu cherches tant à éviter d'en parler. » Elle lui fait un clin d'oeil. « Si tu me le dis, je te dirai un secret aussi. » promet-elle d'une voix chaude, envoûtante.

Elle le sent réceptif. À son attitude, à son parfum. Elle ne le lâche pas des yeux, entièrement absorbée par sa présence. Comme si quelque chose avait changé. Peu à peu, l'image du frère s'efface dans son esprit. Comme s'il n'était plus qu'un étalon. Un mâle, qui l'attire, qu'elle attire. Elle laisse ses naseaux caresser sa peau, envoyer frissons et décharges jusqu'à son cerveau. Elle ferme même les yeux, une seconde, avant de reprendre brusquement le contrôle. Parce qu'elle est sauvage, parce qu'elle n'appartient à personne. Alors, elle se redresse et repousse son encolure d'un mouvement de tête puissant mais doux. Ses lèvres viennent caresser sa nuque, descendant vers son garrot. Elle l'a entendu, mais laisse tomber un silence électrique, né de cette tension physique qui les prend soudainement. « Tu sais que tu ne devrais pas me dire ça.. » susurre-t-elle d'une voix qui imite la sienne, chaude, basse, coulante.

Et sûrement doit-il rester loin. Celui de Lövojka est là, pourtant. Bien présent. Et peut-être est-ce tout l'interdit de cette scène qui l'enivre, elle. L'interdit. Douce hérésie (hérézy ). Cruelle frénésie. Elle se laisse faire, tantôt docile, tantôt sauvage. Tantôt à lui, tantôt libre. Elle le repousse, le ramène. Le cherche, le trouve. Quelque chose la rend folle, mais elle est bien trop tenace pour estimer qu'il peut s'agir de lui. Sûrement le contact, le corps, sa peau. Elle se délecte de ses caresses, de ses morsures, aime comme il danse avec la douceur et la hargne. Elle en fait de même, pressant son corps contre le sien.
D'un seul coup, elle s'éloigne, de nouveau. Comme une danse. Comme si c'était prévu. Elle se met à tourner autour de lui, comme un prédateur – bien qu'elle pourrait être la proie, à cet instant-là. L'ambiance est électrique, l'odeur est entêtante, elle ne pense plus. Elle se laisse guider. Ses cercles se resserrent, à tel point qu'elle le colle à présent à chaque virage, qu'elle laisse son corps volontairement venir offusquer le sien, le brusquer. Elle s'arrête flanc contre flanc, ses dents venant mordre sa nuque avec désir. « Moi aussi, j'ai envie de toi. » claque-t-elle comme une vague déferlante qui emporte tout sur son passage. Peut-être qu'elle devrait lui dire.
Que quelqu'un est déjà passé avant lui. Qu'un autre a fait le travail. Qui l'attend, sans doute, un gosse qu'elle abandonnera, parce qu'elle n'en a jamais voulu. Mais elle se tait. Parce que les secrets n'existent pas pour être percés.

Elle se laisse faire, se délecte de l'instant présent. Parce que c'est plus qu'agréable, et elle sera la première à l'avouer. Après tout, si elle est déjà pleine, pourquoi ne pas céder à ses envies ? Cela n'engagera rien. Les dés sont déjà jetés, sans doute. Quitte à avoir fait cette erreur une fois, autan la recommencer encore et encore. Un sourire carnassier apparait sur ses lèvres grises et elle tressaille, lâchant un gémissement à peine audible, face à ses caresses délicieuses. Alors qu'il se décale jusqu'à ses reins, elle panache sa queue, par instinct, par provocation. Pourtant, elle a encore envie de le rendre fou. Plus encore que cela. De le faire attendre, de l'amener au point de non-retour. De le tenter jusqu'à-ce qu'il ne soit plus capable de reculer. Elle recule, pressant sa croupe contre le poitrail du mâle, en ronflotant, tête au sol. Elle attend peut-être qu'il se lance pour s'esquiver. Elle a envie de jouer, et ce jeu a un goût subtile d'addiction.

L'instant est hors du temps. Ils sont prisonniers d'un jeu qu'ils n'auraient jamais dû commencer, sans doute. Il est devenu grand et fort. Il est beau. Elle le trouve beau, elle. Elle secoue sa crinière pâle, qui retombe sur son encolure brûlée, déjà humidifiée de sueur pour elle aussi. Elle en veut plus. Elle le veut, lui. Elle le sait, elle le sent, et elle ne veut pas faire demi-tour. Pourquoi se soucier de la morale, au fond ? Ils n'ont pas le droit, et c'est ce qui leur donne encore plus envie de parvenir à leurs fins, sûrement. D'un geste précipité, elle se place dos à lui tandis qu'il revient vers elle. Elle est en feu, même si son coeur est de glace. Ses yeux noirs jettent mille éclairs flamboyants, qui l'embrassent. D'ailleurs, elle se met face à lui l'instant d'après et vole ses lèvres, d'un seul coup, sans sa permission, sans sa décision. De son propre chef, elle lui vole un baiser long et intense, animé. Elle sent le feu la dévorer. C'en est assez.
Elle fait volte-face de nouveau, reculant pour se coller plus à lui encore, savourant ses caresses, son souffle sur sa croupe, sur ses cuisses. Ses antérieurs tiennent difficilement en place, elle le veut là et maintenant. Elle montre son impatience en claquant un postérieur contre le sol et tourne vers lui un regard perçant, dévorant. « Je te veux, Ghanan. » murmure-t-elle d'une voix rendue rauque par le désir, brûlante par l'envie, chaude et glaciale à la fois.

Enfin, il est en elle. Elle se sent entière, à cet instant-là. Ou vide, contradictoirement. Sa vie est une contradiction. Elle en est une, elle-même. Peu importe. Lövojka n'est plus là. Peut-être n'a-t-elle jamais existé. Son nom sonne à ses oreilles comme une supplique, comme un supplice. Elle ferme les yeux, grognant légèrement sous les assauts terribles d'un plaisir parfait. À chaque coup de rein, elle semble renaître. Ou mourir. Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Elle se laisse aller, ouvrant grand la porte à son désir qui se consume au fur et à mesure que l'étalon fait son travail. Elle le sent bien, l'étalon. Elle aime cette partie-là d'un être. Le côté sauvage, animal, instinctif. Primaire, primitif. Elle aime faire ressortir cette facette-là chez les autres. Si seulement cet acte ne s'accompagnait pas d'une descendance...
Mais elle n'en aura pas de lui, de son frère, c'est déjà ça ! Est-elle réellement soulagée de se savoir engrossée par Akan ? Elle n'y pense pas, en réalité. Ça viendra quand ça viendra.
Elle secoue sa longue crinière, pleine de chaleur et d'électricité. « Viens.. » murmure-t-elle, sans savoir pourquoi, sans savoir à qui. N'est-il pas déjà venu à elle ? N'est-il pas déjà en elle ?

L'apogée vient. Ça vient jusqu'à elle. Jusqu'en elle. Elle se sent atteindre l'extase, l'envolée subite. Le manque d'oxygène, la bouffée d'air pur et, simultanément, le souffle coupé. Sans s'en rendre compte, elle pousse quelques gémissements confus, ses membres tremblants sous les assauts du plaisir ayant de la peine à la supporter, soudain. Pourtant, elle tient bon. Lorsqu'il descend, elle est toujours debout, le regard flou, la respiration haletante.
Elle se reprend vite, pourtant. Elle n'a pas l'habitude des caresses et de l'affection. Akan ne lui a rien démontré après qu'il soit monté sur elle, sinon un silence troublant et une fuite inopinée. Alors l'affection de Ghanan la gêne, soudain. Elle ne s'imagine pas qu'on puisse se serrer comme ça après l'acte béni. Elle le repousse gentiment, sans être froide, juste autoritaire, d'un mouvement d'encolure. Elle l'observe avec un sourire malicieux. « Ce n'est pas ta première fois, tu t'es entraîné avant, on dirait » fait-elle avec un regard carnassier. Ça n'est pas une question.

Elle ne se rend pas compte. Qu'elle peut le blesser. L'amour, elle ne connait pas, et elle s'est jurée qu'elle ne le connaitrait jamais. Elle, elle réalise pleinement ce qu'ils viennent de faire. Mais ça la fait sourire. Comme une victoire, comme, déjà, un souvenir. Un souvenir étincelant. « En effet. » sourit-elle avec un clin d'oeil, avant de passer devant lui, l'invitant à marcher pour dénouer ses muscles endoloris et crispés. Pour prendre un peu d'air frais, aussi, pour sécher son corps encore humide de leurs ébats. « Donc ne t'en fais pas, tu n'auras pas à assumer un gamin. » Elle veut le rassurer, parce qu'elle s'imagine qu'elle pense comme lui. Qu'il ne veut pas d'enfant, lui non plus.