Je veux te voir - G

Fiona se laisse bercer par le souffle chaud de l'étalon sur ses joues. Elle ferme les yeux pour mieux savourer cet instant de complicité. Elle n'avait jamais connu cela auparavant. C'est alors que les naseaux du mâle viennent effleurer les lèvres de Fiona, déclenchant des milliers de frissons qui s'emparent de son ventre, tous plus agréables les uns que les autres. Lorsqu'elle sent le contact des lèvres de l'étalon sur les siennes, son coeur s'embrase, à la fois surprise et radieuse. Elle ouvre les yeux et papillonne des cils, douce et sensuelle comme une biche avant de lui rendre son baiser avec cette même tendresse. Timide et délicate, comme toujours. " Jamais.. " souffle t elle comme une caresse, elle est envoûtée par la voix de Ghanan.

La jument bai est complètement déconnectée de la réalité. Elle oubliait la peur, la méfiance, l'hostilité, tout ses sentiments qui enserraient son cœur depuis de longues semaines. Auprès de son beau blond, elle se sentait revivre. Ses naseaux parcourent timidement la musculature saillante de l'étalon, se délectant de son parfum masculin si attirant. Son compliment donne une tinte pivoine à ses joues déjà bien roses, son regard se met à pétiller et elle ne sait que répondre. Elle se contente de ronronner comme un chat, les yeux mi-clos, en amande, terriblement irrésistible. Je n'avais jamais ressenti ça, il me donne des frissons c'est plus fort que moi..

La jument baisse les yeux devant de tels compliments, ses joues sont aussi rouge qu'un champs de coquelicot, elle laisse un merveilleux sourire embaumer ses lèvres. Toute émoustillée. " Personne.. " Sa voix tremble, émotive. " Personne ne m'a jamais dit de telles choses.. " Lorsqu'elle relève les yeux vers lui, ils brillent de milles feux. Elle se laisse bercer par le son de sa voix comme s'il s'agissait d'une berceuse.

Fiona était une jeune adulte elle aussi. Ou alors une grande enfant. Elle soupire d'extase en venant se lover contre lui, presque instinctivement. " Pourtant je ne suis que une jument... banale. Comme toutes les autres. " Tant de compliments... est ce vraiment raisonnable ? Elle commence presque à se demander si il est sincère. Si ce n'est pas simplement de la moquerie. Une plaisanterie car elle est bien trop crédule. Elle commence à imaginer le pire des scénarios. Ses yeux se voilent de larmes et son passé resurgit brutalement. Elle s'écarte de Ghanan et lui tourne le dos, elle ne veut pas pleurer devant lui. Son encolure se déploie et son museau effleure le sol, tristement.

Toujours tête baissée, Fiona tremble légèrement. Lorsqu'elle entend les dernières paroles de Ghanan son coeur se brise. Elle relève vers lui un regard abattu. C'est à cet instant précis qu'elle se rend compte qu'il plaisante. Elle soupire longuement, rassurée, et va à sa rencontre d'un trot aérien, léger, pour venir poser ses lèvres contre les siennes. Avec plus de passion cette fois ci. Son poitrail vient heurter le sien avec force pour unir leurs corps, leurs cœurs, et ne faire qu'un.

Fiona succombe de bonheur, là à cet instant présent. Pourtant le soleil se couche à l'horizon, elle doit rentrer. D'une démarche agile, elle vient rompre le contact qui l'uni à l'étalon, à regret. " Il est tard " chuchote t elle, le regard à la fois triste et comblé. Elle aimerait passer la nuit auprès de lui mais ça serait mal vu, elle n'est pas nordiste. La jument reste immobile même si elle le dévore des yeux, elle meure d'envie de retourner auprès de lui mais se retient pour ne pas rendre cet "aurevoir" plus difficile.  

Les cils de la brune papillonnent. Elle apprécie le dernier baiser que lui offre son beau Ghanan et sent son coeur battre un peu plus fort. Amoureusement, Fiona vient frotter ses naseaux contre la ganache du doré, choppe un crin discrètement et tire dessus pour l'embêter. Suite à quoi elle fait quelques pas de cotés pour éviter toutes représailles et le regarde avec une lueur taquine aux coins des yeux. Ses foulées sont aussi agiles et délicates que celle d'une biche. " Tu peux me raccompagner à la frontière si tu veux ? " dit elle en jouant des épaules et en regardant le ciel, l'air de rien. Non non ce n'est pas du tout une demande explicite.  

Taquine, la jument le laisse approcher, puis lui envoi sa queue dans la figure lorsqu'il arrive à sa hauteur. Elle éclate de rire et s'éloigne au petit trot pour éviter de se faire pincer la croupe. Parfaitement à l'aise, elle se permet quelques libertés et dévoile sa vrai nature : Celle d'une jument douce, bienveillante et joueuse. Une petite perle rare.