◙ les tourbillons du passé

M A D D O X

Le désert. Le sable fin. Les rayons du soleil chaud voir même brûlant. L'air lourd, presque suffoquant. Toutes ces choses que peu supportent et qui pourtant lui ont manqué. Il n'était pas revenu au Sud depuis sa prise de pouvoir au Nord, et il avait la drôle de sensation que c'était il y a des siècles.

PICASSO

L'air était si lourd, la chaleur écrasante. Le silence régnait en maître dans ce lieu macabre. Picasso s'était égaré loin des brumes. Il regrettait amèrement d'être arrivé jusqu'ici. Le poulain avançait péniblement dans le désert, trébuchant à plusieurs reprises le nez dans le sable. Il voyait ce désert immaculé comme un piège, qui tuait les plus faibles. Picasso se met alors à pleurnicher, il ne voulait pas que le désert le mange tout cru

( Contente que tu sois de retour )

Immobile sur une dune de sable, le pie scrute l'horizon, comme il le ferait au Nord. Réflexe surement. Seulement ici il n'est pas chez lui, plus chez lui. Et Maddox n'était pas vraiment certain d'avoir un traitement de faveur quelconque s'il tombait sur le fils d'Isildure,en tout les cas, lui en aurait pas avec lui. Ses pensées divaguent alors vers son fils, qui en réalité était celui du Roi des Sables. Et alors qu'il pensait que son esprit lui jouait des tours à cause du soleil, qu'il n'y était plus aussi habitué qu'il le pensait, il plisse les yeux pour s'assurer qu'au loin ce n'était pas un poulain seul qu'il apercevait. Non, il ne s’agissait pas d'un mirage, c'était bel et bien un enfant là bas. Habilement, Maddox se dirige au trot vers lui et ralentit une fois arrivé à sa hauteur. " Tu es tout seul ? " demande t-il d'entrée de jeu, zieutant tout de même autour d'eux. Peut être a t-il échappé à la surveillance de sa mère.

La chaleur martelait la tête du poulain, abasourdi. Des illusions lui apparaissaient, plus vraies que nature, ayant l'impression que le sable bougeait sous ses sabots. Alors qu'il commençait à désespérer de ne jamais retrouver son chemin, Picasso vit arriver son sauveur. Les yeux remplit de larmes, la morve au nez, le poulain sanglota "Je.. je.. je me suis perdu "

La voix sanglotante de l'enfant le tire de sa recherche visuelle pour l'amener à se concentrer sur lui. Depuis qu'il avait eût Luce il y a quelques années maintenant, le feeling avec les enfants était plus aisé et spontané. Il lui sourit donc chaleureusement, se voulant rassurant. D’où viens tu ? Ta mère te cherche sûrement. Il examina quelques secondes son visage, pas trop pour ne pas le gêner, mais ses traits ne lui étaient pas trop familiers. Tu as soif ? J’ai vu une oasis un peu plus loin.

Sanglotant, le petit Pi avait du mal à trouver ses mots. Sa tête cognait si fort qu'il en fermait les yeux. Ma maman est aux Brumes. En pensant à sa mère, la douleur s'arrêta le temps de quelques secondes. Tu connais ma maman? Elle est trop chouette comme maman ! Le poulain avalait le peu de salive qui maintenait sa bouche humide. Je meurs de soif, allons y ! Commençant à trotter, Picasso s'arrête alors net. Mais.. c'est quoi une oasis?

Les brumes ? Se pourrait-il qu'il soit l'enfant de Zohra ? Bien évidemment, il n'y avait pas qu'elle comme jument. " Je ne doute pas qu'elle est chouette ta maman. " appuie t-il avec un sourire avant de tourner vers lui un regard curieux. " Peut être que je la connais oui, comment elle s'appelle ? "
Le voyant prendre la route dans la mauvaise direction, pourtant l'air déterminé, Maddox ne manque pas de rire en voyant sa mine interloqué. " Alors déjà c'est par là, et puis, tu verras. Je ne vais pas te gâcher la surprise. " L'étalon se met en route, tournant le dos à l'enfant et empruntant le chemin vers l'Oasis. Ils y seraient dans une quinzaine de minutes.

C'est vrai ça, comment s'appelait sa maman? Pi se creusait les méninges, la mine interloquée. Heuuuuuuuu.. bah maman ! Cette information lui paraissait tellement évidente qu'il en avait même employé un ton hautain. Il se tut, attendant sagement la surprise que lui réservait l'étalon. Rassuré d'être pris sous son aile, l'enfant se met à trotter à sa hauteur, levant la tête pour l'observer. Tu t'appelles comment toi?

Maddox aurait dû s'y attendre mais cela ne l'empêche pas de lui arracher une nouvelle fois quelques éclats de rire. C'était d'une logique imparable, surtout pour un enfant. Mais lui cela ne l'aidait pas vraiment à savoir de qui il s'agissait.
" Mes enfants te diront que je m'appelle Papa. " rétorque t-il avec un petit sourire, baissant les yeux dans sa direction tout en continuant à marche. " Mais tu peux m'appeler Maddox. Et toi ? "

Pi fronce les sourcils. Pour lui, il n'y avait qu'une personne qui pouvait s'appeler papa. Que les grandes personnes étaient compliquées à comprendre. Le poulain décide de ne pas tenir compte de sa remarque et de garder seulement son prénom en tête, Maddox. Moi c'est Picasso, mais tu peux m'appeler Pi ! Le poulain continuait de trotter sagement à côté de l'étalon pie. Il était obligé de trotter pour se mettre au niveau des grandes enjambées de Maddox. C'est quand qu'on arrive Maddox?

Maddox garde un oeil sur le dénommé Picasso à ses flancs, qu'il voit suivre la cadence tant bien que mal. Le dominant du Nord aurait aimé ralentir pour le laisser souffler un peu, mais ils ne pouvaient pas se permettre de rester trop longtemps en plein désert et à découvert. Le Sud n'était pas un territoire sûr. Le pie avait d'ailleurs le regard qui courrait sans cesse sur l'horizon pour s'assurer qu'un éventuel danger ne se camouflait pas au détour d'une dune de sable. " Bientôt Pi. " confie t-il au jeune poulain. " Mais que fais tu ici tout seul ? "

Il continuait de trotter aux côtés de l'étalon pie, tout enjoué à l'idée de découvrir ce qu'était une oasis. Ca avait l'air chouette. Je suis un explorateur! J'explore, en fait dit-il en bombant le torse et panachant sa queue, tout fier.

" Ah oui ? " réplique le pie avec un sourire en coin, arquant un sourcil amusé. " Et qu'as tu exploré jusqu'ici ? "
Ça y est, non loin se dessine les grands palmiers de l'oasis. En un sens, Maddox était fier de savoir encore se repérer et se diriger dans le désert hostile du Sud. " Tu vas pouvoir te rafraichir. " confie t-il en désignant le plan d'eau du bout des naseaux, droit devant eux.

J'ai visité chaque royaume. C'est lequel ton préféré à toi? dit-il en levant un sourcil. Pi, lui, était convaincu qu'aucun territoire ne valait celui où on se sentait véritablement chez soi.
Le palomino dresse ses petites oreilles en direction du plan d'eau, ébahi. C'était en effet une sacrée surprise de Maddox. C'est trop chouette ! Picasso se précipite en direction du point d'eau, assoiffé.