◙ hot springs

M A D D O X

L'étalon bicolore se détend dans les bains chauds, ces derniers temps il ne lésinait pas sur les entrainements et ses muscles fatigués et endoloris criaient à un peu de douceur. Les yeux clos, il se détendait dans l'eau chaude.

Elle l'observe, tapie, silencieuse, en retrait. Elle hésite à se montrer.
Il est son dominant, et pourtant, il y a quelque chose de spécial entre eux. Il est Madden. Elle lui voue un respect et une attraction particulières. Et pourtant, elle va le trahir.
Elle ne sera pas là, quand ils prendront le Nord. Elle le sait.
Pourtant, si ces derniers temps la lionne a évité les territoires de Glace, elle s'est faite intrusive aujourd'hui. Pas pour rencontrer, juste pour apercevoir. Pour espionner, pour se conforter que sa demeure de glace est toujours là, que ses habitants le sont aussi.
Elle ne s'approche pas, peut-être le fera-t-elle, mais pas de suite. Elle se délecte d'abord de ces instants où elle peut voir sans être vue.

Maddox se laisse aller par la bercement de l'eau et bientôt sa tête disparait sous la surface. Lorsqu'il ressort le visage de l'eau, il s'ébroue pour se débarrasser de l'eau le gênant pour rouvrir les yeux. Mais alors qu'il allait le faire, il s'abstient. Le pie sans un regard peser sur lui, inquisiteur, voyeur. C'était un bon exercice qu'on lui offrait là. Il se concentre sur ses autres sens, ses naseaux se dilatent, mais la brise arrivant face à lui ne lui apporte rien de bien intéressant. L'espion n'est donc pas quelque part devant lui. Toujours yeux clos, il jette son dévolu sur son ouïe. Le bruissement des feuilles, le clapotis de l'eau contre ses muscles saillants, et, une fois qu'il écarte tout cela, un souffle. Contrôlé, calme et doux. Tendre mélodie. Son oreille pivote dans sa direction. Il rouvre les yeux, sans pour autant tourner le visage, et s'adosse contre le rebord. " Sors de ta cachette. " finit-il par lâcher, un petit sourire malicieux au coin des lèvres, sans savoir à qui ou à quoi s'attendre.

Elle l'observe, l'épie, le déshabille.
Maddox, elle ne l'a vu que deux fois.
La première, quand elle l'a baptisé Madden. Quand ils se sont retrouvés unis et inconnus à la fois. Quand elle l'a tenté et qu'il a failli mordre à l'hameçon. Quand elle ignorait encore qui il était, quand quelque chose d'étrange le poussait vers lui, à sortir de ses convictions, à avoir envie de lui retourner l'esprit. Pour obtenir quoi ? Elle n'en savait rien.
La dernière fois qu'elle l'a vu, elle n'était encore que yearling. Assez fine encore, jeune, mais pas fragile. Il l'avait sauvée, et elle lui avait hurlé dessus. Mais elle n'a pas oublié.
Lorsqu'il parle, elle sent ses lèvres s'étirer en un sourire à la fois amusé et désinvolte. Calmement, sans crainte ni agressivité non plus, elle déambule vers lui, de sa démarche féline malgré sa carrure. Lui, il n'a pas changé. Il faut dire qu'elle ne sait rien de lui, au fond. Et elle préfère mieux s'intéresser à Madden qu'à Maddox le dominant, en réalité. Parce que Madden n'appartient qu'à elle.
« J'aurais pu être un ennemi sanguinaire venu te trancher la gorge pendant ton repos. » fait-elle avec un sourire effronté.

Il l'entend approcher, mais ne prends pas la peine de se retourner, comme pour garder la surprise jusqu'au dernier instant. Plusieurs scénarios passent cependant dans sa tête, tous plus alléchants les uns que les autres. Et lorsque sa voix vient se glisser jusqu'à ses oreilles, cela lui arrache un frisson, bien qu'invisible, son corps étant masqué par l'eau. " Crois tu que je crains la mort ? " souffle t-il d'une voix rauque, sourire insolent aux lèvres, en pivotant enfin vers elle. Il voulait la voir approcher de sa démarche féline et inquisitrice. Maddox s'écarte du rebord, l'invitant silencieusement à le rejoindre. Il ne cache pas son regard bicolore qui court, encore et encore, le long de ses courbes qui avaient encore bien changées. " Tu aurais pu, tout comme tu pourrais l'être encore. Je ne sais pas si tu es une ennemie, une alliée, ou bien autre chose encore. " Les mots sortent de sa bouche aiguisés et tranchants. Il a relevé le menton et la toise avec une certaine lueur de défi. Il n'a pas oublié leur dernière entrevue, et même si le temps était passé, il n'en restait pas moins encore vexé notre Roi.

« Eh bien tu devrais. » le provoque-t-elle, accentuant cette tension dangereuse qu'elle dégage, comme si elle avait réellement l'intention de le tuer. Elle s'approche, sous son regard qu'elle sent alléché et alléchant. Elle fixe l'eau, désinvolte et se glisse à ses côtés sans une éclaboussure, contrôlant parfaitement sa masse musculeuse comme si elle n'était qu'une brindille. Une brindille forgée dans le plus dur des aciers. Son regard noir se lève enfin pour affronter avec provocation celui, bicolore et toujours fascinant, de son dominant. De son ami, de son sauveur, de son trouble-fête, de celui qu'elle a essayé de réveiller, de celui qu'elle voudrait transformer. Comme une pierre brute, elle voudrait le taille et n'en laisser qu'un joyaux précieux qui n'appartiendrait qu'à elle. Egoïste peut-être, puisque Lov voudrait s'accaparer tout le monde. « Autre chose ? Comme quoi ? » Sa voix est devenue basse, coulante, elle le sent démuni, comme s'il avait laissé ses armes et son armure hors de l'eau, comme si elle pouvait réellement le toucher, de l'intérieur directement. L'alchimie opère de nouveau, lui semble-t-il, ou peut-être n'est-ce qu'une illusion ? Comme pour le relancer, elle chuchote : « Madden.. »

Souvent on le lui avait répété qu'il devrait faire des choses plutôt que celles qu'il avait entrepris de faire, et toujours aussi souvent, il redoublait d'effort pour faire l'inverse que ce que l'on avait décidé qu'il devrait faire. Il ne lui répond pas, se contente d'un rictus effronté. Il préfère observer l'eau épouser son corps, son corps à la fois imposant et gracieux. Inconsciemment, cela lui rappelle 7, la force et la passion qui se dégageait de son corps colossal. En somme, cela ne devrait pas le surprendre, Lov était une descendante de la jument dorée.
Les mots de la jument le sorte de ses songes, de sa contemplation, pour ramener ses yeux bicolores aux siens, abyssaux. Il avait presque oublié de quoi ils parlaient, et faillit le lui faire remarqué mais cela lui revient. Il ricane alors légèrement, sarcastique. " Tellement de choses. " Cela voulait tout et rien dire. Et cela ouvrait en même temps la porte à d'infinies possibilités.
Son murmure caresse la surface de l'eau pour s'immiscer sur sa peau et remonter lentement à son oreille. Sa mâchoire se serre. Il ne répond pas, ne lui donne pas la réplique. Il ne cédera pas, il ne veut pas céder. Il veut lui faire comprendre, lui faire apprendre, l'impacter. Il n'était pas un jouet sur lequel elle pouvait passer ses nerfs sans raison et revenir ainsi toute minaudante. Ses yeux s'étaient déporter sur le rebord du bassin, pour ne pas céder mais ils viennent se river de nouveau aux siens. Pas question de lui concéder ce terrain non plus.

Mais pour elle, loin de vouloir signifier plein de choses, ça ne veut surtout rien dire. Elle veut de la précision, des mots, des noms. Comment l'appelle-t-il, dans son inconscient ? Elle le fixe, toujours. « Précise. » réclame-t-elle d'une voix d'enfant, l'interlude qu'elle maitrise si bien, entre ange et démon, entre femme et enfant, entre coupable et innocent.

Il a beau faire des efforts, elle sent comme une caresse la barrière qu'il dresse entre eux. D'abord il détourne le regard, elle voit les muscles de sa mâchoire se serrer, elle le sent en pleine maîtrise de lui-même. Enfin, pour qu'il tente à ce point-là de se contrôler, c'est qu'il ne doit pas en avoir une immense, en fin de compte. Elle hausse les épaules. S'il ne veut pas la regarder, ce n'est pas grave. Elle, elle le brûle de ses deux puits noirs sans fin et, oui, même là on pourrait croire regarder Septenrê, ou bien Murphy, ou bien Oroszlàn, ou bien Hel. Elle a tout pris de ses ancêtres. Le bon et surtout, le pire. Alors qu'elle ne s'y attend pas, Maddox vient pourtant affronter de nouveau son regard ; ça lui arrache un sourire presque attendrissant, presque attendri, presque doux. Si son regard ne brûlait pas autant. Elle se glisse dans l'eau chaude, frôle son épaule des siennes, l'air de rien, avant de se poser à une extrémité de la vasque. « Allons, je suis sûre que tu te souviens de ce surnom... »

Mais il ne précise pas, il reste enfermé dans son mutisme, se contente de faire danser son regard sur ses courbes lorsqu'elle se déplace dans l'eau pour se mouvoir de l'autre côté du bassin. Il prend sur lui pour ne pas réagir lorsque son épaule vient caresser la sienne. Un instant il est tenté de la rejoindre mais il n'en fait rien. Il avait la rancoeur bien trop coriace et ancrée pour ça. Nouveau rictus sarcastique en détournant le regard lorsqu'elle rouvre la bouche. " Je me souviens. " souffle t-il en faisant glisser ses yeux sur la surface de l'eau lisse jusqu'à son visage. " Je me souviens de tout. " spécifie t-il. Au fond, à quoi jouaient ils tout les deux ? Il n'avait pas le temps pour ça. Des anarchistes, des zombis, un royaume. Non, il n'avait décidément vraiment pas le temps de jouer à ça, quelque soit ce ça en question. " Qu'est ce que tu veux ? " Il a le vague souvenir de lui avoir déjà cette question et qu'elle n'y avait pas réellement répondu. Mais il était temps.

Sa question l'étonne, réellement. Elle fronce les sourcils, tournant sur lui un regard sceptique. « Que me vaux cette soudaine... quoi, méfiance ? Rancoeur ? » Non, elle ne se souvient pas. Elle a été ingrate avec lui quand elle était yearling ? C'est déjà passé.
Elle n'a pas oublié, elle a rayé, parce que ça n'en valait pas la peine. Visiblement, c'est resté très frais encore pour lui.

( Sorry pour le retard )

Peut être était-il temps de jouer carte sur table. Méfiance, oui, mais depuis toujours. Je me méfie de ce que tu éveilles chez moi. Car Maddox aussi avait des démons, grand coureur de jupons avant de se poser et de fonder sa famille. Avant elle, il y avait eut Cineàd, bien que cela soit tout de même différent avec Lov. Cineàd lui avait fait prendre conscience qu'il aimait Aslaug, pas seulement parce qu'elle était la mère de sa fille et qu'il passait de bons moments avec elle, il l'aimait. Mais il y avait eut cette ambiguïté, cette attirance, comme avec la jeune jument.
Il serre sa mâchoire. Rancoeur, aussi. Depuis que tu m'as traité comme un imbécile devant ton amie et alors que je venais de te sauver la vie. Qu'est ce qui t'a pris de sauter dans le gouffre ? Tu croyais quoi ? Avoir des ailes ?