crown

Les mots de la grande ébène interloquèrent la petite pouliche. « Blessés ? Mais, moi plus tard je vais être comme maman : je vais guérir des gens ! Alors ces personnes qui ont été blessées, on pourra les soigner et tout le monde sera heureux. » Si seulement c'était si simple, douce Enja. Dans ce petit être résonnait tant de lumières qu'il était difficile de ne pas s'attendrir, de ne pas vouloir imaginer rien qu'un instant si ce qu'elle disait pouvait être vrai. Un monde utopique serait appréciable. Mais on peut se douter que malgré tout cela, rien ne sera jamais parfait. Tout comme l'amour n'existe pas sans la haine, mais ça, Enja l'apprendra plus tard.

Qui-est ta mère ? Demande-t-elle curieuse à son tour. L'innocence d'Enja faisait craquer le cœur de Léïne, si seulement tout ce qu'elle disait aurait pu être faisable, le monde serait un peu mieux et beaucoup plus vivable mais bien trop ennuyeux de son point de vue mais elle n'allait pas dire ça devant la pouliche, elle ne faisait que sourire, attendrie par celle-ci.

Paf, l'ébène fût bouche bée dès la sortie du prénom et un grand sourire fit surface. Mon dieu, ta mère est ma meilleure amie ! Ça fait tellement longtemps que je l'ai vu , trop même pour que je sache pas qu'elle avait eu une fille aussi mignonne que toi ! Dit-elle en s'approchant un peu plus de la pouliche pour la contempler, elle n'avait même pas remarqué ces yeux, les mêmes que sa best friend, annnh la honte!  

Pheonix avait l'air d'avoir toujours son boulot de guérisseuse un peu partout, surtout en cette période avec la rumeur des chevaux zombies, revenu de leurs tombes. Léïne lui sourit en retour, amusé par la situation et de sa découverte, vite qu'elle croise sa meilleure amie ! Elle te fait confiance pour que tu te balades seule à ce que je vois, lui dit-elle car bon, une pouliche de son envergure, ce n'était pas tous les jours qu'on en voyait se balader seul et surtout en ce moment. La timidité qu'avait imposée Enja s'était totalement envolé, et la confiance instaurée.

L'idée d'avoir une famille dans le futur n'avait pas effleuré l'esprit de l'ébène, elle avait si peu à donner à son entourage dans le passé qu'ils avaient fini par la rejeter. Elle était heureuse pour Pheonix, elle avait réussi à avoir une fille aussi adorable et polie. C'est ce qu'il faut faire ! Le monde n'est plus comme il était auparavant et mieux vaut s'en méfier un peu plus, c'est vrai. Les agresseurs, les violeurs, les tueurs, ils sont tous de la même catégorie à ses yeux, ils sont là certainement à rôder sur les terres de GS, et si une chose arriverait à Enja, l'ébène sera là comme une bonne tata.

La question de la petite fît trois tours dans la tête de Léïne, qui ne se voyait pas du tout mère pour le moment. Oh euh... non, j'en ai pas...   Mais au fond d'elle, c'était son souhait dans le futur, mais quelque chose la retenait sur cette idée, et c'était sa mère. Sa mère qui l'avait abandonné à sa naissance, l'acte qui l'a le plus traumatisé et elle n'a pas envie de faire vivre ça à son enfant, elle a peur de faire la même chose.

« D'accord, c'est pas grave. J'ai rencontré une autre dame qui n'avait pas encore de bébé aussi. » Elle haussa vaguement les épaules, jetant un coup d'oeil au soleil qui avait terminé de se montrer entièrement. Désormais, il bondissait vers le haut du ciel. Comme un grand cheval de lumière qui bondissait au-dessus du monde. « Comme ça le jour où toi tu as un bébé, je pourrais m'en occuper comme une petite soeur ou un petit frère. » Elle eut un grand sourire attendrissant. « Et un jour moi aussi j'aurai des bébés. Même que je les couvrirai d'amour comme maman elle a fait avec moi. ♥ »
Ceci dit, elle passa un peu du coq à l'âne, perturbée par le soleil. « Est-ce que le soleil c'est un dieu ? Comme un grand d'or et de lumière qui saute au-dessus de notre monde ? »

Oui, tu seras aimable comme ta mère et j'en doute pas, Enja ! lui dit-elle en lui souriant, mais les revoilà embarqué dans des nouvelles questions plus intéressantes. C'est vrai ça, qui était le soleil ? Quel était son but ? Le soleil est comme un sauveur , il nous sauve de la pénombre éternel. C'était l'idée de l'ébène - qui ne s'était jamais réellement poser la question - mais libre aux autres de penser autre chose. Le mot Dieu était bien trop grand pour désigner un soleil, sauveur était le mot juste aux yeux de l'ébène.

Face au bégaiement de la petite, l'ébène ne pût s'empêcher de rire, amusée. Oui je l'aime, mais je n'aimerai pas y vivre éternellement. C'est vrai que ça peut porter à confusion mais la nuit éternelle effrayée rien qu'à l'idée, pour Léïne.