Let me breathe // N

Après avoir marché longuement dans le froid malgré l'apparition des symptômes, par orgueil, il ne lui avait pas fallut bien longtemps pour devoir se rendre à l'évidence. Il était malade, et n'avait pas d'autre choix que de s'avouer vaincu. Alors ce matin-là, alors que tout le monde s'était levé, lui avait fait de même, pour finalement aller se coucher au pied de arbre, dans l'ombre. Comme s'il avait honte d'être malade. Il savait que les rumeurs s'étaient répandues dans le clan depuis le premier éternuement qu'il avait laissé entendre, car Tehya n'avait pas perdu de temps et avait distribué à chaque membre du clan des plantes fortifiantes et immunisantes il y avait de ça quelques jours. Mais, orgueilleux, il avait refusé les médicaments, niant sur son état. Il ne pouvait que s'en mordre les doigts, alors qu'il était visiblement pris par la fièvre. La robe luisante, mais secoué de frissons, l'étalon cherchait son air à travers ses poumons encrassés par la maladie.

Le sol froid calmait son corps bouillant mais accentuait également les frissons qui le parcouraient. Ça lui apprendra à vouloir faire le fier et à ne pas se laisser soigner. Il renâcla, frustré contre lui même quand une présence vint le trouver. Il s'attendait à voir quelqu'un de son clan, mais le regard qu'il posa sur son interlocutrice lui prouva le contraire. Enfin, c'était tout comme. T'approche pas, j'ai pas envie que tu sois malade. la prévint-il.

Il grogna en la sentant approcher, de mauvais poil. Déjà que ça le dérangeait de devoir avouer qu'il était malade, s'il fallait qu'il se fasse humilier, c'était pas trop cool. Si j'le savais j'te l'aurais dit. râla-t-il avant de se mettre à tousser, à bout de souffle.

Faut pas lui en vouloir, il aimait pas trop être vu aussi vulnérable et la fièvre le rendait grognon Il finit malgré tout par se détendre face à la présence de son amie de toujours. Elle n'était pas mauvaise avec lui, il le savait bien. J'ai chaud et froid, je morve, j'éternue, je tousse. Et j'ai mal à la tête putain. se plaignit-il en pestant dans sa barbe en même temps. Il n'avait jamais été aussi mal.

Il inspira profondément, cherchant son air à travers sa respiration sifflante. Est-ce qu'il était rendu vieux au point de se faire mettre à terre par un simple rhume qui dégénère comme ça ? Au début, ce n'était bien rien de grave et maintenant il avait du mal à respirer. Il se détendit tout de même en sentant Lov se coucher contre lui. Soudainement, à la place de rechigner, il se laissa aller et vint glisser sa tête sur les antérieurs de son amie. Me laisse pas s'il te plait. Peut-être que la fièvre lui faisait tourner la tête. Mais il avait surtout besoin d'une présence connue, amicale, pour le supporter alors qu'il se sentait si vulnérable qu'il avait l'impression qu'il allait s'envoler au vent. Non. Je les ai tous refusé. L'hiver arrive et d'autres pourraient en avoir plus besoin. articula-t-il lentement.

Son corps entier s'était crispé, il ne savait que trop bien qu'elle allait le réprimander. Comme tous ceux qui l'avaient conseillés de se faire soigner. Mais elle en particulier, il savait qu'elle ne le laisserait pas s'en tirer comme ça. Il frissonna, à la fois transi par ses sueurs froides et par les paroles de Lov. J'ai pas envie de me faire disputer. J'ai pas la tête à ça, j'en ai pas la force. souffla-t-il alors. Mais il savait, au fond, qu'elle avait raison. Si c'était mon fils qui était malade, je préférerais qu'il se soigne avant moi. Les ressources s'appauvrissaient, et voici son raisonnement.

Il se recroquevilla légèrement en l'entendant hausser le ton. Elle avait raison, mais il était déjà dans cet état, donc il ne pouvait pas trop revenir en arrière et se faire soigner pour éviter d'en arriver là. Mais elle était avec lui, rien ne pouvait lui arriver. À ses dernières paroles, il trouva la force de se redresser légèrement pour observer ses flancs. Énormes. Il releva la tête vers elle, malgré le mal de crâne, tout sourire. Oh, j'suis trop content pour toi ! dit-il sincèrement. Il était vraiment heureux de voir que sa fréquentation avec le sudiste avait porté fruit. Elle avait l’air comblée. Et c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Il avait déjà hâte de faire connaissance avec cet enfant. C'est Asmund le père ? Faudra que tu me le présentes un jour, histoire que je puisse juger par moi-même s’il est assez bien pour toi. dit-il avec amusement.

Même s’il était toujours aussi bouillant de fièvre et qu’il était terriblement épuisé, Njörd trouva la force de rire à sa réplique. Son soutien lui redonnait le sourire, sa présence l’apaisait. Jamais il n’aurait cru un jour que ce serait lui qui aurait autant besoin d’elle. Qu’est-ce que j’ai fait de mal encore ? Tu crois qu’il m’aimera pas ? plaisanta-t-il alors, la tête revenue contre elle.