And I know a boy who likes to keep his burner on.

Le soleil avait laissé place à la lune. La nuit n'était pas venue seule ; elle avait apporté avec elle la pluie. Ca avait commencé par quelques fines gouttelettes puis ça avait fini en pluie torrentielle. De temps à autres, un éclair venait déchirer le ciel sombre de part et d'autre. Syliah ne se laissait pas du spectacle que lui offrait les éléments. Lorsque la foudre frappait la terre, elle appréciait sentir sa fougue et sa puissance. Quant à la pluie, elle apportait une fraîcheur agréable.

Les éclairs continuent de zébrer le ciel, éclairant par à-coups la plaine. Le grondement de la foudre la rend presque sourde ; elle tombe non loin. La pluie se fait de plus en plus insistante au fur et à mesure du temps. L'orage n'est pas prêt de prendre fin. Lorsqu'un nouvel éclair vient illuminer la terre de sa lumière blanche et furtive, Syliah entraperçoit une silhouette au loin qui se détache de la présente obscurité. La démarche de l'équidé semble hasardeuse, comme s'il ne savait pas où aller. Sa curiosité l'emportant, elle se dirige au pas vers ce dernier. Elle se fige à quelques mètres du mâle, lorsqu'un nouvel éclair frappe et qu'elle parvient à identifier l'équidé ; Akan. Son cœur fait un bond dans son poitrail alors qu'elle plonge son regard sur lui. Elle ne pensait pas le revoir de sitôt, si bien qu'elle conserve le silence, comme interdite.

Elle sait qu'il a remarqué sa présence, bien qu'il ne daigne lui jeter ne serait-ce qu'un regard. Son regard le sonde, chaque fois qu'un éclair honore la plaine de sa brève source de lumière. Elle voit sur lui quelques blessures qui ont l'air récentes et son cœur se serre bien malgré elle. Est-il tombé sur les parias, lui aussi ? Ou bien est-il tombé sur les idiots du village ? Elle secoue la tête pour que sa crinière vienne cacher parfaitement sa blessure à la nuque. Heureusement, grace aux soins de Céleste, elle guérissait bien et plutôt vite. « ... » Elle ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Elle ne sait pas si elle doit engager la discussion ou bien le laisser partir. Il n'a pas l'air de vouloir de sa compagnie, ce soir...

Le temps semblait s'écouler si lentement... Le silence était presque dérangeant. Syliah n'avait jamais autant détesté le calme. C'était comme le calme avant la tempête. Un frisson glisse le long de sa colonne vertébrale, naissant à ses cervicales pour s'éteindre à la naissance de ses reins. Elle détache finalement son regard bicolore d'Akan, lorsqu'il lui sort cette réplique piquante qui lui arrache un très bref sourire amer. Visiblement, elle lui a fait forte impression, la dernière fois. Si en temps normal elle aurait sans nul doute répondu à cette provocation aussi sec, cette fois-ci, elle n'a pas envie de se battre. Alors elle se contente de garder le silence mais de faire un pas vers lui. Un seul et unique pas, brûlant d'insolence.

Elle devient maso, pardi!
Elle le laisse s'approcher, sans rien dire. Son regard, si froid, la glace. Un nouveau frisson glisse sur sa peau mouillée. C'est désagréable comme sensation. « Toi. » elle finit par répondre, toujours avec autant d'insolence. Elle veut le faire sortir de ses gonds, le faire brûler. Libérer les flammes qui l'habitent, pour chasser cette épaisse couche de glace qui le recouvre.

La foudre frappe de nouveau, en écho à l'électricité qui parcourt son corps. Elle est assez près de lui pour sentir son souffle chaud se déposer sur le bout de son museau blanc. Elle sent alors poindre une once d'inquiétude dans son esprit ; pourquoi les battements de son cœur s'affolent-ils soudainement ? « Elle se pose encore la question... » Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle appréciait sa présence. Il avait éveillé en elle quelque chose de curieux qui la dépassait complètement. « Que m'as-tu fait... ? » murmure-t-elle finalement, en plongeant ses prunelles dans les siennes.

J'ai ouvert une porte. Les paroles d'Akan résonnent à l'infini dans son crâne. De quelle porte parle-t-il ? La voilà complètement paumée, à se poser mille-et-unes questions qui n'ont pas plus de réponse les unes que les autres. Ce sentiment d'inquiétude, de vulnérabilité ne la quitte pas d'une semelle. Cette lueur qui brille dans le regard du doré l'intrigue. Elle sent son regard brûlant sur ses lèvres. Pourquoi ? Elle le dévisage avec intensité alors que le silence retombe.