/ white home

Elle se rapproche et soudainement, il a chaud. Il sent contre lui le corps si frêle de la grise. Un rapprochement qui n'a jamais eu lieu entre eux. Quelque chose qu'il a longtemps espéré pourtant, secrètement. Son coeur s'agite et il tente de le calmer, réfléchissant pourtant à toute allure. Et si elle avait raison ? Et s'il pouvait guérir ? Il pourrait vivre encore plusieurs années. Peut-être à ses côtés ?
As-tu vraiment envie de vivre encore si longtemps, gamin ?
Les voix le hantent, le détruisent. Si sa folie qui l'avait contraint à partir s'est calmée, elle ne s'est jamais tue. Ses démons n'ont pas été éradiqués, juste muselés. Et ils tirent sur leurs laisses comme des chiens acharnés, avides de s'enfuir, de montrer les crocs de nouveau. Il baisse les yeux, il n'arrive pas à lui mentir, il se sent coupable sans savoir de quel crime. Il ne recule pas, il n'a pas envie qu'elle s'éloigne. Je ne veux pas t'imposer mon absence après, ni la douleur de ma mort. Ni à toi, ni au petit si tu souhaites que je t'aide. Je.. peut-être que je n'aurais jamais dû revenir...

Oui, il pense que c'est le moment. Pourtant, peut-être par politesse, il ne la contredit pas. Ses yeux cherchent les siens et ils sont plein de tendresse à l'égard de la grise. Si tu le souhaites, je peux t'épauler, t'aider, t'accompagner. Au moins jusqu'à la naissance, peut-être encore un peu après. Je veux être là pour toi, peu importe ce que tu attends de moi. Pour combler le vide et la solitude qui ont toujours, il le sait, rythmé la vie d'Anka. Frêle louve solitaire. Pour rattraper le temps perdu. Pour essayer d'en gagner encore et encore.

Je resterai avec toi, Anka... murmure-t-il doucement, en cherchant son regard. Pour la rassurer, peut-être. Son geste l'étonne et le scotche un peu. L'étalon d'or tressaille et pourtant, il ne dit rien. En réponse à son baiser, il vient coller son chanfrein à celui de la grise, lui souriant un peu, comme s'il pouvait puiser en elle un peu de bonheur pour le peu de temps qu'il lui reste.

oui je pense qu'elle peut



Le Lion sent le soulagement d'Anka et sourit plus encore, ramenant sa grande encolure autour de celle de la grise, l'enrobant comme pour créer un bouclier fait de sa peau à lui. Pour la protéger. Il se jure que tant qu'il sera là et qu'il en sera capable, il la protègera, il veillera sur elle et sur son enfant.

Il sent ses muscles se tendre, sa respiration se couper un peu, peut-être en signe de nervosité et il ne comprend que lorsqu'elle ouvre la bouche. Il garde un calme olympien et avec patience et douceur, effleure son visage de son souffle brûlant. Tu veux me le confier ? Je ne te jugerai jamais. Peut-être qu'il sera juste un peu jaloux

Oroszlàn lui offre alors un sourire emplit d'une nostalgie pure et sincère. Un sentiment vif, presque cruel. C'était quelqu'un de bien. J'ai rencontré la fille qu'il a eu avec Aslaug, Bailey. Elle m'a confié qu'il était... mort. Il appréciait l'étalon pie, l'ayant toujours considéré comme fidèle et loyal. Il l'estimait beaucoup. Pas la peine de prendre des pincettes ainsi, tu sais. Aslaug et moi n'avons jamais été ensemble. Je l'ai aimé, mais elle pas réellement. Elle aimait mon père, qu'elle voyait au travers moi. Il baisse les yeux, cette vérité est toujours cuisante au fond de lui, comme si elle datait d'hier alors qu'il n'était qu'un yearling quand il s'en était rendu compte.

Flatteur, peut-être, sauf quand il s'agissait de flatter un mort. Oroszlàn hoche la tête, il a compris. Il ne répond rien, parce qu'il ne sait pas quoi dire sur ce sujet. Il voudrait bien inventer qu'il n'y connait rien, mais il a tant aimé... Elune, Hérézy. Aslaug, Anka ? Ne les aime-t-il pas toutes, au final ? Coeur en étoiles. Branches acérées. Il décide de changer de sujet. Comment vas-tu l'appeler ?

Oros se permet de sourire à sa question. Je ne sais pas, y a pas vraiment de règle. J'ai toujours eu comme des révélations, parfois le jour de la naissance. Comme un éclair et d'un seul coup, les noms me sont apparus. En réalité, ça avait surtout été le cas pour Red. Lui voulait l'appeler Redemption, et sa mère, Jimmy. Redjim. Pour les autres, ça avait été peut-être juste une question de goût, bien que les noms qu'il ait choisi lui aient toujours eu une consonance nordique, comme le sien.