ghost story

Le prince aux oreilles en croissant de lune longeait le torrent de lave, les prunelles perdues dans ses reflets ambrés. Ce torrent était décidément son lieu de prédilection, où il aimait roder et errer en solitaire des heures durant. Ses pas étaient lents et monotones, ses sabots martelant bruyamment la roche.

Un frisson lui échappe lorsque la silhouette se glisse à ses côtés, l'ébène sortant immédiatement les crocs sans crier gare. Ses prunelles sombres se posent sur cette silhouette, cette petite jument bien inoffensive en apparence. Était-ce une de ces parias dont il avait vaguement entendu chuchoter ? Un rire à peine audible s'échappe de ses lèvres. Il va falloir me mettre au parfum, ma douce. Cette histoire lui plaisait. Un sourire mesquin s'était dessiné sur ses lèvres, laissant entrevoir ses crocs immaculés.

En une fraction de seconde, l'ébène se retrouve sur le dos, tenu par la gorge entre les dents de la jument. Surpris, un rire à peine audible s'échappe de ses lèvres. Il ne tente pas de se dégager, le regard plongé dans ses prunelles ambres. Prisonnier du Royaume des Ombres murmure-t-il pour lui. Si ce titre signifiait rester sur ces terres et faire couler le sang aux côtés de ces fameux parias, l'idée n'était en somme pas si mauvaise que ça. Malheureusement, je n'ai pas une grande valeur en tant qu'otage.

Il l'observe silencieusement s'allonger à ses côtés, perplexe. Cette histoire n'avait ni queue ni tête à son sens. Alors qu'est ce que ma présence ici vous apporte ? Il s'en fichait royalement, lui, que ces parias s'emparent des terres encore libres. Un long soupir de lassitude s'échappe de ses lèvres alors qu'il fixe le magma. Des choses intéressantes ? Peux-tu développer ? Ses prunelles se détachent lentement du torrent de lave pour se poser sur le regard ambré de sa geôlière.

Spoiler:

Il l'écoute attentivement, ses oreilles en croissant de lune pointées vers elle. Allons, tu vas pas me laisser moisir ici alors que je peux me battre. Cet emprisonnement lui laisserait-il l'occasion d'exprimer l'essence véritable de son être ? Jusqu'à présent sur ces terres, il n'avait que tenté de s'accommoder aux formalités d'une vie en communauté, sans grand succès. Il était impossible d'étouffer la bête, ni même de la noyer.
Il lui fallait exposer son potentiel, sans quoi il ne serait prit au sérieux par l'isabelle. Il se relève en une fraction de seconde sur ses quatre membres avant de se dresser sur ses postérieurs. Un acte de folie, d'audace ? D'un mouvement d'encolure, il l'invite à se battre, tentant d'atteindre ses flancs de ses antérieurs couverts de cicatrices grisâtres. La bête était folle à lier.

Elle surestimait les motivations de l'ébène. J'aime me battre, c'est mon truc. C'était stupide, mais c'était lui, entier. Un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres lorsqu'il l'observe tourner autour de lui, tout ça ressemble à un jeu, un jeu dangereux et excitant. D'un clin d'oeil joueur, il se jette les crocs en avant sur le poitrail de l'isabelle.