Souffle et hurlement...

Souffle et hurlement...

J'aimais cet endroit. C'était celui que je préférai dans ce chaos. Il faisait froid mais c'était supportable. Je me surprenais à m'endormir, bercer parle hurlement du vent sifflant entre les murs fissurés. J'aimais le souffle qui soulevait ma crinière d'or, caressait ma peau, glissant sur mes membres. Je m'appuyais contre un mur qui se mit à trembler légèrement sous mon poids mais qui ne céda pas. Du haut d'une bute, je regardais les ruines descendre en zigzague. Au loin la lumière rouge du volcan surplombé le paysage et rayonnait dans le ciel étoilé. A cette distance, il semblait si petit et si lointain, pourtant j'étais quasiment certain de pouvoir entendre le grondement de ses entrailles...

Ceresia
Le sol tremble sous ses pieds alors qu'elle erre dans les ruines. Des masses de poussière lui tombent sur le corps, lui donnant l'aspect d'une vieille relique. Elle s'ébroue d'un geste vif et sort de là où elle s'est engouffrée. La chaleur est pesante, à la fois dans l'air que dans le sol. Le volcan est toujours en activité et rien ne l'empêche de leur balancer une nouvelle éruption à la gueule. Ils vont tous crever, elle le sait. La jeunette prend l'initiative de sortir de ce village fantomatique et en lançant son regard vers la cime du volcan, elle aperçoit dans le paysage une silhouette équine. Tiens, un mec égaré ?

Souffle et hurlement...

La nuit tous les chats sont gris. Et la demoiselle ne fit pas exception à la règle. Je regardais sa silhouette se mouvoir depuis quelque temps déjà en me demandant si je la connaissais ou pas. Le vent derrière moi je ne pouvais pas sentir ses effluves et l'identifier alors je fantasmai sur une quelconque rencontre que j'aurais pu connaitre par le passé. Je souris en me surprenant à penser au mieux et si... Non ils n'auraient jamais osé partir, j'étais le seul. L'inconnue se tourna vers moi, je sais qu'elle me vit. Je sais qu'elle sait que je la vois. En silence ce fut notre premier contact. Je lui souris alors...serein.

Ils se regardent, ils se détaillent mutuellement dans un profond silence. Ceresia ne sait pas quoi en penser ; elle ne l'a jamais vu auparavant. Elle décide alors de sortir définitivement de son village en ruine et de partir à la rencontre de ce chocolaté. Une fois à sa hauteur et avec un poil de nonchalance, elle lui balance : "Vous auriez mieux fait de continuer votre route plutôt que de vous arrêter dans ce sinistre monde." Son regard bleuté balaye aussitôt les environs poussiéreux autour d'eux.

Souffle et hurlement...

La jeune inconnue décide alors de briser la distance et de son allure élancée vient à ma rencontre dans le plus grand des calmes. Sa voix tinta à mes oreilles comme des milliers de petits carillons au chant singulier. Un rire silencieux s'échappa de mes lèvres et je détournai le regard pour le poser sur ce monde dévasté. Justement...ma place est ici...au près de gens qui ont surement besoin d'une âme neuve et nouvelle, non souillée par cette guerre qui vous a tant déchiré...Vous ne trouvez pas?

Peut-être qu'il avait raison, mais pas à ses yeux. D'une voix cynique, elle lui répond du tac au tac. "Parce que vous faites pousser de l'herbe et purifier l'eau, peut-être ?" Son regard se veut suspicieux. En quoi la joie de vivre d'étrangers pourrait les aider à aller mieux ? à se nourrir et à survivre ? La jeunette gratte le sol poussiéreux sous leurs pieds ; c'est sec et il n'y a rien à y récolter. Un léger nuage de particules s'élève lorsque son pied retombe lourdement, défaitiste. "Vous voyez ? Nous sommes bons à périr et à devenir nous-mêmes poussières."