Out of time _A_

La yearling s'était isolée dans le bâtiment, bien cachée entre ses murs. Elle était partie se calmer avant de déraper. Elle ne saurait dire comment elle se sentait. Trahie ? Peut-être pas autant. Jalouse ? Un peu, mais elle restait dans l'incapacité de se sentir jalouse d'Absinthe, c'était... bizarre entre elles. Mais ce qui l'habitait le plus, c'était l'incompréhension, parce que précisons-le, elle ne lui avait pas laisser le temps de s'expliquer, et aussi la déception. Oui, c'est bien ça, déçue d'avoir assisté à ça alors qu'elle était si heureuse. Elle ne savait pas quoi en penser.

Elle laissait la fraîcheur de la nuit caresser son visage lorsqu'une brise parvenait à entrer dans l'abri de pierre. Elle se sentait à la fois bien et mal, seule dans les ombres. Mais pas seule pour longtemps. En entendant la voix de Baïkan, elle s'enfonça un peu plus dans le noir. Elle voulait rester seule, pas perdre le contrôle d'elle-même. Il en avait été si souvent la cause.

La rouan resta ensuite de marbre lorsqu'il s'avança, acculée au mur. Il n'y avait plus d'issue, elle devait affronter sa peur de déraper. Quoi ? fit-elle finalement, un peu sèchement peut-être.

La rouquine respirait vite et fort, secouant sa tête de tous les côtés. Elle en tremblait légèrement tant elle se contenait. Au moins, il n'était pas trop près, si elle explosait elle ne le blesserait pas. La voix de Baïkan fut un peu comme l'effet d'un peu d'eau sur un feu. Ça l'apaise un peu. Pourquoi... Absinthe a pris ma place ? demanda-t-elle d'une petite voix.

L'adolescente se pressa un peu plus contre le mur en le voyant approcher, tiquant légèrement à l'ours. En effet, leur relation paraissait ambigüe. Et... si je te fais confiance, est-ce que je serai déçue ? Sa voix tremblait. Peut-être était-il sa faiblesse en même temps que sa force. La force magnétique qui les unissait l'avait mené jusqu'à elle et maintenant elle la poussait à lui faire confiance. Devait-elle l'écouter ?

La yearling inspira et expira profondément et elle commençait à s'apaiser. Malgré la tentative d'humour de Baïkan, elle ne retrouva pas le sourire tout de suite. Mais à ses suivantes paroles, elle décida d'éteindre ses pensées trop envahissantes pour finalement laisser son coeur la guider, aussi cul-cul que cela puisse paraître. Et c'est ainsi qu'elle se retrouva toute collée à son corps musclé.

L'adolescente se pressa tout contre lui, sentant sa chaleur réchauffer sa robe et son coeur en même temps. Elle avait besoin d'être rassurée, pour une fois. Et surtout, elle avait besoin de lui.

Les battements de son coeur finirent par s'apaiser dans l'étreinte du beau pie et l'éclat de ses yeux redevinrent à la normale. Elle enfouit son museau dans ses crins et inspira son odeur apaisante en fermant les yeux. Elle se sentait mieux.