▴ reconstruction

L'alezane détailla avec attention chaque petit geste, chaque petit mouvement qui pourrait trahir ses émotions et ses pensées. Son silence ne présageait rien de bon et ses oreilles se pointèrent vers lui alors qu'elle soutenait son regard. Elle sentit sa tension et ça l'inquiéta un peu plus, surtout parce que cette colère était arrivée soudainement. Elle le connaissait bien, mais elle savait aussi que, si c'était normal pour lui, ça cachait quelque chose. Phoenix soupira et eut un petit rire, un peu exaspérée par le comportement de son conjoint. Tu crois pas que t'en fais un peu trop ? C'est fini l'époque où c'était une pouliche sans défense. Laisse-la donc vivre ses expériences.

Non. rétorque t-il d'un air bougon. Aulia était la prunelle de ses yeux, la première fois qu'il avait pu réellement être un père, la première de ses enfants qu'il avait pu avoir à ses côtés, du début et il l'espérait jusqu'à la fin. La première qui était né d'un amour profond. Alors il était déjà de nature surprotecteur avec sa famille, mais il avait conscience qu'avec elle, c'était encore un cran au dessus. Mais c'était plus fort que lui, et n'avait pas réellement envie de faire d'effort là dessus. Et si il lui faisait du mal?

Elle roula des yeux devant le comportement bougon et surprotecteur de son conjoint. Elle aussi se préoccupait du bien-être de leur fille, bien évidemment, mais elle se serait peut-être sentie étouffée si elle était à sa place. Et à présent qu'elle était adulte, elle apprenait à la laisser voler de ses propres ailes, ce qui n'était visiblement pas le cas de Hooker. Elle viendra nous voir si elle a besoin de quoique ce soit, mais va falloir que tu lui fasses confiance un peu. Ce n'est plus un bébé qu'on doit surveiller tout le temps.

Hooker fronce les sourcils et pince ses naseaux, pas franchement d'accord avec tout ça, pas franchement prêt non plus à laisser sa fille voler de ses propres ailes, sans lui. Et si elle finissait par ne plus avoir besoin de lui ? Peut être que c'était ça qui l'effrayait au fond. Mais c'était aussi ainsi que les choses devaient inévitablement se passer, lorsqu'un enfant grandissait. Il soupire et ferme les yeux, abdiquant presque, jusqu'à ce qu'il les rouvre de manière suspicieuse, sondant sa chère et tendre et du regard. Depuis quand on a échangé les rôles ? Toi la détendue et moi l'inquiet de service ?

Phoenix l'observa soupirer en comprenant que c'était difficile pour lui. C'était un peu normal, puisque c'était le premier enfant qu'il avait pu élever depuis l'enfance. Et en même temps, c'était beau à voir, qu'il s'inquiétait tant pour leur fille. C'était l'une des preuves que c'était un bon papa. Cela dit, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. Toi, t'as déjà été détendu ? Nouveau rire. T'es drôle. C'est moi la plus cool entre nous. Pas tant non, mais bon

Elle marquait un point mais jamais de la vie il lui dirait Mais il se rappelait bien qu'elle avait du mal à lâcher du lest lorsqu'Aulia était bien plus jeune, alors que lui n'aspirait qu'à lui faire découvrir le monde. C'est pas beau de mentir minaude t-il en s'approchant d'elle, doucement, lentement, tel un prédateur. Cela mérite une punition lâche t-il avant de lui sauter dessus et la chatouiller.

Ohé, si elle n'avait pas donné beaucoup de libertés à Aulia, c'était parce qu'ils étaient en plein périple et qu'elle s'enfuyait toujours. Il lui mentirait s'il lui disait qu'il n'avait pas eu peur de la perdre au moins une fois, elle en était sûre L'oeil malicieux, elle le regarda approcher lentement alors que elle reculait. Elle lâcha un petit cri de surprise en le sentant la chatouiller de partout, cri qui se mua rapidement en un rire incontrôlable. Vilain ! J'vais me venger ! s'écria-t-elle alors qu'elle se débattait, toujours en riant aux éclats. C'était si bon de le retrouver.

Tu sais bien que c'est ce que j'attends, les représailles   rétorque t-il avec un sourire en coin, espiègle et légèrement narquois, comme si quoi qu'elle puisse faire, il serait gagnant de toute manière. Cet éternel jeu du chat et de la souris entre eux.
Son rire lui berçait le coeur et enchantait ses oreilles, son mélodieux qui lui avait tant manqué. Elle lui avait tant manqué. Il finit par cesser de la chatouiller, relevant haut la tête, empruntant des airs hautains et arrogants. Dans mon immense bonté, je fais cesser ton châtiment Mais une lueur joueuse illuminait son regard neuf.

Physiquement, c'était lui le plus fort, bien entendu. Elle n'avait aucune chance contre lui. Une guérisseuse à la silhouette fine et élancée contre un grand guerrier et roi tout en muscles... Ouais non, ça ne le faisait pas vraiment. Mais mentalement par contre, quand il s'agissait d'être plus têtue que lui, elle avait encore une grosse chance de vaincre. Crois-moi, tu les auras tes représailles. Éventuellement. Là, rien ne lui venait, mais sans prévoir un mauvais coup, elle savait bien être une vraie petite chieuse, surtout avec lui Une fois libérée, l'alezane s'approcha un peu plus de lui, joueuse et féline. Son regard enflammé et fougueux sondait le sien alors qu'un rictus malicieux et gourmand s'était glissé à ses lèvres. Elle approcha sa bouche de la sienne jusqu'à ce que leurs lèvres ne soient qu'à quelques rares centimètres de distance. Pourtant, elle ne l'embrassait pas, pour ne pas lui donner cette satisfaction. Pour l'agacer, surtout. Tu es d'humeur clémente, petit prince. dit-elle d'une voix presque enchanteresse. Elle devenait chat et lui, souris. Nouveau rictus provocateur, juste avant qu'elle ne se décale brusquement de lui, éclatant même d'un petit rire victorieux. Elle aimait toujours autant s'amuser avec lui, son beau roi déchu. Je t'ai eu, criait son regard. Se taquiner, se tenir tête, c'était l'une de leur manières de s'aimer.


On abrège et on en fait un autre alors qu'elle est rétablie ?