\ souviens-toi l'été dernier.

Il fronce un peu les sourcils, et ses yeux d'une clarté presque translucide se reposent sur elle pour l'observer. Comment pourrait-il réussir ? Il a beau chercher, il ne voit aucune solution qui pourrait l'aider. Je ne peux pas le deviner. Il y a une infinité de possibilités. Tu ne pourrais pas deviner le mien non plus.

Face à cette contrepartie sans faille, Orion pèse ses mots. Lui qui les maîtrise mal, bien que mieux qu'avant. Eh bien devine-le, dans ce cas. Si tu le devines, je devinerai le tien. Ses yeux, flammes blanchâtres aux reflets océaniques, brillent d'un léger éclat de malice.

Mais Orion reste stoïque. Il hausse les épaules, au bout de plusieurs minutes. Eh bien, quand tu demanderas quelque chose de faisable, je me prendrai au jeu. Sa voix claire contraste avec son apparence si absente et il détourne le regard comme il se détourne de cette rencontre, lassé par ce jeu.

Mais le grand blanc ne prend pas la peine de se retourner. Une fille, répond-il, neutre. Il fixe les arêtes de la montagne qui semblent écorcher le ciel.

Ressentant clairement le sentiment qu'elle se moque de lui, Orion garde une neutralité vaillante. D'une main de fer, il la dévisage, prenant enfin de nouveau la peine de la fixer. Ses iris pâles semblent passer au travers de sa silhouette. Il garde le silence, légèrement agacé bien que cela ne puisse se voir.

Orion ne montre aucun signe d'agressivité ni même de sévérité. Comme à son habitude, il est impassible, juste et seulement neutre autant dans ses gestes que dans l'intonation de sa voix. Je ne sais pas encore exactement. Il fait une légère pause, cherchant les mots, lui qui ne les connait pas tous avec précision. Penses-tu qu'il existe une échelle ? Que X vaut plus que Y ou inversement ? Si oui, tu as l'air de penser que tu es au-dessus de moi, alors que nous ne nous connaissons pas. Il n'y a aucun jugement dans sa voix, seulement cette curiosité presque scientifique.

Pour moi, il n'y en a pas, la coupe-t-il presque à la fin de sa phrase. Il s'avance d'un pas, réduisant l'écart entre eux, accentuant sa taille légèrement supérieure à la sienne. Il la fixe toujours, sans ciller. Si je me pensais au-dessus de toi, je t'aurais ignoré aussi. Et je serai parti. Est-ce que je t'ai ignorée ? demande-t-il avec fermeté, puisqu'elle le dit. Pourtant, il ne l'a pas ignorée une seule fois, puisqu'il lui a toujours répondu et qu'il est resté là. Il laisse s'échapper un fin soupire d'entre ses lèvres laiteuses. Si je dis cela sur toi, c'est parce que j'ai essayé de te connaître. Tu as préféré me faire jouer à des devinettes pour te moquer de moi. Je me trompe ? C'est bien ce qu'il s'est passé, non ? Il lui a demandé son nom, elle a préféré des questions impossibles. Puis, ensuite, elle s'est carrément foutue de lui après en le félicitant sur une question logique ! Il la trouve irrationnelle. Mais plus encore parce qu'elle l'accuse lui, de l'avoir ignorée alors qu'il ne l'a jamais fait. Orion est d'une franchise inébranlable, son cerveau formaté ne connait ni le mensonge ni le déguisement. Il ne joue aucun rôle, est toujours lui-même. Une machine ne connait pas la prédiction mensongère.