adrénaline

Le soleil se trouve bien haut dans le ciel, et pourtant. La pénombre règne en reine en ces lieux, enveloppant avec délice le sable noir et la roche sombre. Immobile sur un perchoir, au bout du bout, surplombant le vide, la femelle à l'allure fantomatique profite de la brise fraîche de l'océan.

Les naseaux ronds, la femelle perçoit les effluves corsées d'un mâle mélangées à celles de l'océan. Baladant ses yeux vers le vide, elle caresse le corps d'un étalon qui apparaît dans son champ de vision, dressant une oreille lorsque ce dernier l'interpelle. Pas tellement amicale, mais plus par curiosité, l'imposante noiraude se dirige vers lui en empruntant un sentier le long de la falaise, reconnaissant alors peu à peu un vieil ami.

Mahem. Un sourire traverse, tel un éclair zébrant le ciel, ses lèvres noires. Quel plaisir de revoir un visage familier, surtout lorsque celui-ci refait surgir de vieux souvenirs sympathiques, et non pas désagréables. Elle s'arrête en le voyant fondre jusqu'à elle, patiente. Salut, Mahem. Ça fait un bail. Mmh. Entre sa grossesse et la mise au monde du petit morpion, c'est sûr. Oui. T'es devenu quoi ?

Attentivement, il la dévisage. Mais pas dérangeant pour l'imposante noire, qui calque son regard pour faire de même, habituée et surtout pareille sur certains points. A guérir ? Elle se retient de soupirer ; bien qu'elle soit contente pour lui, elle ne supportait pas cette engouement autour de ce rôle. Contente pour toi.
A sa question, elle hausse machinalement les épaules, jetant un regard par-dessus sa croupe à son fils qui se trouvait toujours en haut, jouant avec sa queue. Pas vraiment non.. Dit-elle simplement, ennuyée.

Habitué à se retrouver seul quelques instants, sans aucune attention de la part de sa mère, le petit être continuait innocemment de jouer avec ce qu'il trouvait. Une pierre. Ou une branche.

Un profond soupire s'échappe de sa bouche, sentant sa gorge se nouer de douleur lorsqu'il fallait répondre à la seconde question de Mahem. Oui. Elle repose ensuite à nouveau ses yeux abyssales sur le visage de l'étalon. Une vraie plaie.

Je supporte pas les gosses. Plum ne peut s'empêcher d'émettre un léger rire face à sa propre réponse. Et puis, elle s'y attend, à cette vague de question qui risque de la submerger d'un moment à un autre. Venant de Mahem, ce n'est pas surprenant.
Le regard du poulain finit par se poser sur la silhouette de sa mère, plus bas, accompagnée d'un étranger. Très curieux, le petit malade trotte sans discrétion jusqu'à eux, grand sourire aux lèvres mais pourtant très timide, se collant aux postérieurs de sa mère pour fixer le grand monsieur.

Sans retenu, la femelle bouscule le petit pour se défaire de son emprise, peu encline à ce genre de contact. Non, parce que c'est mon erreur, pas celle de quelqu'un d'autre. Et même si il n'avait pas la vie que rêve tout enfant, elle lui donne le stricte minimum, ce dont il a besoin pour survivre. La nouvelle question de l'étalon l'intrigue, ses oreilles se dressant vers lui. Euh.. non. Elle ne comprenait pas où il voulait en venir, ne connaissant pas ce système de viol. J'voulais coucher pour voir ce que ça faisait, puis apparemment c'était pas le bon moment. Finit-elle alors par dire, sans gêne.

Je crois ouais. Dit-elle sans vraiment s'inquiéter du sujet. Je ne l'ai vue qu'une fois après tout. Grandir avec un peu d'amour. Cette phrase finit par lui clouer le bec, n'y trouvait rien à redire. Elle serre la mâchoire, et pose ses yeux sur le visage de son fils, resté sur place sans dire un mot. Plum en avait reçu, de l'amour. Ce n'est pas pour autant qu'elle avait bien tournée. Ouais, à voir.