Heart of ice

Un vent glacial s'abat sur la banquise. Son souffle puissant caresse chaque élément qui se dresse sur son passage. Un léger frisson parcourt le corps de Rosie lorsqu'il l'enveloppe. Pourtant, elle reste parfaitement impassible, comme si tout ça lui était parfaitement égal en poursuivant sa route de sa démarche élégante et altière. Elle s'arrête finalement en plein cœur du territoire, conquise et conquérante. La princesse au cœur de glace a enfin trouvé son nouveau terrain de jeu.

De nouveau, le vent souffle. Cette fois-ci, il vient à la rencontre de la tachetée. Il lui apporte une nouvelle odeur ; celle d'une jeune jument. Mais pas uniquement. Il y a une autre odeur, plus forte, que Rose d'Égypte ne connait pas. Pourtant, elle l'a deviné sans trop de mal ; la seconde odeur est celle d'un carnivore. Elle le sait parce qu'il y a cette vague odeur de sang qui l'accompagne. Pourtant, la demoiselle ne reprend pas sa route. Son regard brun surveille l'horizon, mais malheureusement le vent a tourné et la jeune jument arrive dans la direction parfaitement opposée à celle qu'elle devait emprunter de base. Et du coup, évidemment, elle la percute. Heureusement, l'impact n'est pas assez fort pour la faire tomber mais il est tout de même assez puissant pour lui faire faire quelques pas de côté. De nouveau, la tachetée comprend immédiatement le pourquoi. Avant même que l'autre ne parle.
- Je ne te conseilles pas d'avancer dans cette direction, la banquise se fragilise, réplique finalement Rosie sans perdre son calme.
Et sur ces mots, elle tourne les talons et décide de prendre la direction de l'Est. En faisant ce choix elle est consciente de se rapprocher de l'ours mais elle sait que son choix est le meilleur malgré les risques qui y sont liés.

Rose n'est pas réellement surprise d'entendre des bruits de pas précipités derrière elle. La jeunesse est signe d'inexpérience, presque d'incapacité même. Les jeunes ne sont pas capables de réfléchir et d'agir par eux même, ils ont toujours ce besoin presque viscéral de mimer les actions des plus vieux. On ne peut pas leur en vouloir, c'est comme ça qu'ils apprennent la vie. C'est comme ça qu'ils apprennent à survivre. Et voilà désormais la petite à ses côtés. Un imperceptible sourire glisse sur les lèvres de la tachetée, de façon très brève. Bien sûr qu'elle lui fait confiance. Comment pourrait-il en être autrement ?
- La peur n'évite pas le danger, répond finalement Rosie, après quelques longues minutes de silence.
Son regard ne glisse même pas sur l'animal qui se trouve pourtant à maximum huit-cents mètres d'elles. Elle n'observe pas non plus la gamine. Elle regarde droit devant elle. Et, intérieurement, la petite voix la félicite pour ce premier contact rudement bien mené.

La panique qui gagne progressivement la jeunette amuse Rose d’Égypte. De son côté, la tachetée n'est pas le moins du monde inquiète. Elle poursuit sa route dans le plus grand des calmes. En fait, elle se dit qu'au pire, si jamais elle s'est trompée de calcul, elle pourra toujours balancer la gamine au prédateur.
- On suit le plan, réplique Rosie sans perdre son sang froid.
Elle pivote légèrement sur la gauche, pour s'éloigner légèrement de l'animal. Lui-même ne semble pas vraiment en pleine traque ; il les surveille simplement de loin.

Le regard ambré de Rosie glisse enfin jusqu'à la yearling. Une petite pie à l'allure chétive. Elle n'est pas musclée pour un sous mais son physique est plaisant à regarder. D'ailleurs son physique fin et élancé lui fait penser aux chevaux arabes. Peut-être possède-t-elle un proche parent de cette race. Ce ne serait pas tellement étonnant en fait. Même Rosie a du sang de cheval arabe qui coule dans ses veines, d'où son physique un peu arabisé et notamment sa tête si délicatement sculptée.
- Je compte sur toi pour me rendre la monnaie de ma pièce, un des ces jours, réplique-t-elle avec espièglerie bien qu'un fond de vérité se cache dans cette petite remarque. Enchantée Lili. Mon petit nom à moi c'est Rose d’Égypte.

La tachetée s'amuse de la remarque de la yearling mais un simple sourire plein de malice se dessine sur ses lèvres délicates.
- Je te rassures, tout le monde a sa part à jouer dans cet immense engrenage qu'est la vie, lui répond-elle sans se défaire de son joli sourire.
Et lorsqu'elle aura besoin d'elle, un jour ou l'autre, elle ne manquera pas de le lui faire savoir.
Le craquement qui retentit derrière elles ne surprend pas Rosie qui affiche désormais un sourire satisfait. Faut croire que son plan s'est parfaitement déroulé, au final. S'il a de la chance, il parviendra à regagner la banquise. Si ce n'est pas le cas... Il se noiera et dépérira dans cette eau glaciale. La seconde option reste la préférée de Rosie, mais elle ne compte pas attendre plusieurs heures voir plusieurs jours pour le vérifier.
- Tu vois, je te l'avais dis qu'on avait juste à suivre le plan, souffle-t-elle à l'oreille de la pie avant de lui adresser un clin d’œil complice.

Rosie adore sentir l'admiration que la petite a pour elle. C'est grisant.
- C'est quelque chose qui s'apprend avec le temps Lili. Tu as encore tellement de choses à apprendre, s'amuse la tachetée en se permettant de caresser brièvement la joue de la pie du bout de ses naseaux.
Elle en est encore à sa phase d'accroche. Elle sait qu'il lui reste un long chemin à parcourir pour qu'un jour Lili puisse lui devenir utile. Et pour ce faire, il faut forcément donner de sa personne pour parvenir à tisser des liens.

- Tu as malgré tout raison d'être impatiente. Et c'est normal. Mais sache une chose ; ce n'est pas dans la précipitation qu'on fait de bonnes choses, répond Rosie avec une certaine pointe de pédagogie.