YOU BIG DISGRACE

( Je me suis permise muhuhu, mais si tu attends quelqu'un en particulier ne prends pas en compte ma réponse! )

Une ombre discrète et gracieuse se faufile entre les arbres morts. Dans cette atmosphère de chaos, la panthère s'y sent comme chez elle. Le vacarme qui l'entoure résonne comme une douce mélodie dans ses oreilles. Le son de l'écorce qui plie et craque sous les assauts de l'inconnu attire toute son attention. Elle est curieuse. Salement curieuse. Et toute cette testostérone dans l'air ne fait que renforcer son envie d'errer dans les parages. Comme un loup qui guette sa vilaine petite brebis égarée.
Et justement, sa brebis, elle vient de la trouver. Au début, elle se contente de l'observer de loin. Un détail tout particulier lui plaît ; sa robe tachetée, presque identique à la sienne. Ses tâches sont pourtant éparpillées de manière bien plus grossière que la sienne mais ça ne retire rien à son charme. Et les mouchetures de sang qui souillent sa robe ajoutent un plus au tableau mental qu'elle se fait de lui.
Lui dont elle ne connait rien.
Rosie s'approche avec la grâce d'un félin. Elle se faufile avec une élégance toute particulière entre les arbres pour finalement s'arrêter contre l'un d'eux, à quelques mètres de distance de l'étalon. Sa peau délicate glisse contre l'écorce, assez fortement pour qu'elle s'en retrouve griffée. La douleur est à peine perceptible. Par contre, on ne peut pas en dire autant de celle du mâle qui se trouve face à elle. Le regard braqué sur lui, Rosie se demande qu'est-ce qui peut bien le mettre dans un tel état.
- Me serais-je donc trompé de chemin ? Lance-t-elle avec innocence.

Toujours appuyée contre l'arbre meurtri, Rosie contemple l'animal tacheté. Peut-être la fascine-t-il, d'une certaine façon. Son indifférence taquine son envie de se mettre encore plus en avant. Bien-sûr qu'elle a envie qu'il pose sur elle son regard. Elle désire que tous les regards soient sur elle. Sans exception. Elle lui accorde pourtant cette minute de répit dont il semble avoir grand besoin. Elle raffermit son contact contre l'arbre, blessant son flanc volontairement sans afficher aucune réaction.
- Est-ce que vous avez besoin d'aide ? Demande-t-elle.
Elle n'est pas réellement intéressée par ses états d'âme mais elle n'a pas trouvé de meilleure accroche pour lui donner envie de la découvrir à son tour.

Aucun détail n'échappe aux yeux de lynx de Rosie. Elle note son poil hérissé et ses muscles tendus. Un peu plus et elle aurait pu se demander s'il n'allait pas lui bondir dessus pour la tailler en pièce. Sauf que lorsqu'il se retourne enfin, plutôt que de lui sauter dessus, il se fige, comme interdit. Un léger sourire, quasi imperceptible glisse sur ses lèvres charbonneuses. Elle se détache enfin de l'arbre mais ne se rapproche pas pour autant de l'étalon blessé tant physiquement que moralement.
- Je n'ai hélas pas ce pouvoir là, avoue-t-elle en affichant une moue attristée.
Rosie ne le quitte pas du regard. Elle se demande s'il est du genre à gérer son deuil en pleurnichant comme une gonzesse ou s'il est du genre à se relever encore plus fort qu'avant sa chute. Elle le surveille. Son regard doré est planté sur lui et une lueur presque prédatrice l'anime. Aujourd'hui, le jaguar est l'objet de sa convoitise.

C'est sans doute vrai, mais Rosie n'est pas comme tout le monde. Elle aime les défis et, de moindre mesure, elle aime qu'on cherche à lui résister. Après tout, quel intérêt à pourchasser une proie qui décide de se rendre sans même essayer de s'enfuir ?
Le tacheté finit par se retourner, lui offrant la magnifique vue de son fessier musclé. Un sourire finit par se frayer un chemin au coin de ses lèvres. On notera bien qu'avec ce mâle ci, c'est déjà la deuxième fois qu'on la repousse. Ça rend sans doute le jeu encore plus excitant. De son habituelle démarche féline, la panthère rejoint le mâle en effleurant délicatement son flanc du sien.
- Là, nos corps l'un contre l'autre, mes tâches se fondant dans les tiennes, je disparais dans un certain sens, susurre-t-elle.
Cette approche est sans doute à double tranchant. Soit il déteste et décide de partir et/ou de lui refaire le portrait, soit il entre dans son jeu.

Il est si glacé lorsqu'elle est si brûlante. Une flamme contre une glace, c'est très certainement la meilleure image pour les représenter. Pourtant, il y a quelque chose d'irréel dans cette métaphore puisque ce bloc de glace ne faiblit pas sous les assaut de la flamme.
Un léger frisson vient courir le long de sa colonne vertébrale lorsqu'il se défait de son contact pour se tourner vers elle. N'y a-t-il donc qu'elle qui soit réellement faite de chair et d'émotions ? Ici, elle a parfois la désagréable impression de chercher à établir un semblant de lien avec des robots. Ou peut-être que son reflet lui renvoie la mauvaise image. Et si elle était laide à mourir, elle qui se pensait si jolie ? L'idée la blesse et elle la chasse aussitôt de son esprit.
- Tu blesses mon cœur, se plaint-elle.
C'est pas vraiment vrai. Et pas vraiment faux non plus. Pourtant, elle n'a pas dit son dernier mot. Rosie se sent joueuse aujourd'hui. Elle a envie de faire chier son monde, et cet être torturé lui semble être la proie idéale. Au pire, il pourra la frapper, ce sera tout aussi satisfaisant. Un peu moins, certes, mais bon, on se contente de ce qu'on a.
Elle revient finalement à la charge, glisse son flanc contre le poitrail du mâle, fait demi-tour et recommence. Comme un chat.
- Si tu n'as pas envie de moi, tu pourrais peut-être m'apprendre à me battre... Et moi je t'apprendrai à vivre, lance-t-elle d'une voix doucereuse.

Des vrais chevaux en bois, on se croirait dans un vieux carrousel, s'amuse la voix. Et pourtant, cette réplique n'amuse pas spécialement Rosie. On lui aurait donné de l'eau lorsqu'elle s'étouffait avec de la mie de pain, ça lui aurait fait le même effet. Sur l'instant, elle le laisse se dérober et se contente de le suivre de ses yeux de chat.
- Je n'ai pas envie de trouver quelqu'un d'autre, j'aimais bien ton énergie face à cet arbre. Tu dégages quelque chose de particulier, réplique la tachetée avec assurance et fermeté à la fois.
Elle se rapproche légèrement, une nouvelle fois. Elle est bien plus tenace qu'il ne peut se l'imaginer. En fait, elle est loin d'être ce qu'il imagine. Mais cette fois ci, elle résiste malgré tout à l'envie de lui montrer à quel point un corps à corps peut être agréable. Du moins pour elle. Parce qu'elle n'est clairement pas en bois et qu'elle assume pleinement ses envies.
- Je sais que je n'ai pas l'air d'une guerrière et que je semble infiniment fragile mais tu serais peut-être surpris de constater que ce n'est pas forcément le cas, finit-elle par rétorquer en redressant légèrement son encolure.

A vrai dire, il pouvait le prendre comme il le désirait. Rosie aimait bien les sous-entendus pour laisser une part de mystère et faire fonctionner l'imagination des uns et des autres. C'est excitant, le mystère. Pour le coup, il a raison sur au moins un point ; le combat ne durera pas longtemps. Elle n'a pas un physique de guerrière et même si elle peut se montrer infiniment dangereuse, elle ne connait pas cet art qu'est le combat. Tout simplement parce qu'elle a toujours préféré agir dans l'ombre. Pour elle, tous les coups sont permis pour arriver à ses fins.
- Oui, oui, je sais, tu n'es pas un bisounours alors tu ne me consoleras pas. Mais qui te dis que j'aurai besoin d'être consolée ? Réplique-t-elle alors que ses prunelles dorées changent subitement d'éclat.

( Si tu veux pas besoin de lancer les dés, il peut juste lui foutre une raclée pour la calmer et se tailler )