disgrâce ∆ H

Le vent sifflait dans ses oreilles, les bourrasques virulentes en ce jour. Parfois, elles lui arrachaient un frisson. Le ciel couvert rendait les couleurs plus ternes, et l'océan de ses iris se fit plus fade aussi, plus gris. Pendant son errance, il capte des sanglots, se demande un instant s'il n'hallucine pas. C'était juste avant d'apercevoir une silhouette recroquevillée, magnifique dans toute sa tristesse, qui serra le poitrail de la petite flamme. Il s'approcha, peut-être que son rayonnement la réchauffera, peut-être que le désert saura tarir ses larmes, à elle. « Il ne faut pas se cacher pour pleurer, tu sais... » Sa voix était douce, réchauffante.

Il essayait de l'observer dans sa globalité, mais elle était bien cachée. Alors, il ne parvenait surtout qu'à voir un regard humide, un front clair, des naseaux duveteux. Elle lui paraissait si petite. Si fragile. Assurément plus jeune que lui, il se demandait ce qu'elle pouvait bien faire seule, ici. « Est-ce que je peux m'approcher ? » Il ne voulait pas l'affoler. Peut-être le voyait-elle comme une menace. A tort, mais il comprenait ses raisons. Le monde lui paraissait encore bien menaçant, à lui aussi. « Je peux essayer de t'aider. Si tu veux. »

Lorsque la frêle créature se décale, Gaara comprit. Il s'approcha alors, à pas mesuré, étant déjà presque trop grand pour se faufiler jusqu'où elle s'était réfugiée. Au loin, un éclair fendit le ciel, sa répercussion sonore ne se faisant que bien des secondes plus tard. Le temps se gâtait. « C'est vrai. » admit-il en se rapprochant, jusqu'à pouvoir se coucher près d'elle. Son poil était doux, portait une odeur qui lui était familière, mais il ne saurait dire d'où. « Mais à deux petits, on est un peu plus grands. » Sa propre réplique lui arracha un faible sourire. Il n'avait pas un franc talent pour réconforter.

Gaara n'avait encore jamais pu se constater un tel altruisme. Peut-être était-ce parce qu'il avait l'impression que la femelle représentait cette part de lui qui pleurait encore, en cachette. Une part de lui qu'il avait surprise un soir d'orage. « Je ne sais pas. Mais je peux essayer. » Loin de lui l'idée de lui mentir, d'affirmer de telles choses. Lui-même ne s'estimait ni fort, ni fort. Il avait juste assez d'estime pour considéré qu'il avait bien survécu, jusqu'ici. « Je m'appelle Gaara. Toi ? » Son accent demeurait assez fort, bien qu'il se faisait aux plus douces rondeurs de cette langue commune.

La douce semblait plus enjouée, ce qui satisfaisait la petite flamme. Hope. C'était joli. Gaara n'est pas très tactile, pourtant un souffla un chaud tiède contre l'encolure de la pouliche - après tout ils étaient déjà très proches l'un de l'autre. « Tu sais ce qu'il signifie, ton prénom ? L'espoir. Alors voilà une bonne raison de ne plus le perdre. » Un sourire naquit sur ses lèvres ; il espérait lui transmettre une force qu'elle pourrait s'approprier. « Est-ce que tu as... des parents ? » Il craignait de s'aventurer en terrain sensible.

Quelque chose en lui se débloque, et une faible sensation de libération le prit. Elle n'était pas seule. Oh oui, lui aussi aimerait pouvoir dire qu'il avait ses parents à proximité, mais la vie en avait choisi autrement. « J'ai déjà vu ton père une fois. Et je sais où est ton camp. Je pourrais t'y reconduire. » Il s'arrête, l'observe, même s'il se doutait de sa réponse. Au loin, l'orage gronda une nouvelle fois.

Elle a mal de se mouvoir, mais n'a pas peur des mystères de l'orage. Il y avait décidément quelque chose chez cette créature qui l'impressionnait, le subjuguait. Gaara la suivit, avec plus de difficultés pour s'extirper de la cachette. Son flanc lui paraît froid ; elle n'y était plus. Il ne peut nier que trop d'intempéries pourraient au contraire les perdre, mais n'a pas envie de couper court à son enthousiasme retrouvé. L'odeur lourde de l'orage en approche s'infiltrait dans ses naseaux. Il s'assura d'avoir son attention, avant de se mettre en route, décidant volontairement de faire un détour. Ils pourront contourner l'orage, peut-être. Mais pas la nuit.