new life, hard life

Il hoche la tête. Le récit tient la route. Il est étonné de la facilité avec laquelle elle a imaginé ça. Un jour, lui aussi sera digne de plans de la sorte. Puis quelque chose bouge. Dans le corps de la jument morte. Un instant, Horus s'imagine qu'elle est encore vivante mais il sait que ce n'est pas le cas. Il s'approche et fixe avec étonnement sa mère extirper un nouveau-né du ventre déchiré de la dénommé Bailey - cela semble plus réel maintenant qu'elle a un nom. Il la fixe elle, puis le petit, ne sachant comme agir. Que va-t-on en faire ?

Une part d'Horus, minime, certes, révèle une certaine jalousie. Il aime sa place de fils unique de l'araignée, de bénéficier de son apprentissage, de son amour aussi particulier soit-il. Il va devoir le partager et pourtant, il accepte cette idée. Parce qu'il sera comme un mentor pour cet être si blanc, laiteux. Sans jamais pouvoir lui avouer que sa mère n'est pas la sienne et que c'est lui qui l'a tuée.
Pour toute réponse, il s'avance vers le petit et lui donne quelques coups de langues. Humide, il lui trouve un goût étrange qui le dégoûte un peu mais il continue. Tout va bien se passer, souffle-t-il à l'enfant, incapable de savoir si celui-ci le comprend ou même l'entend.

Narval, répète le mâle en hochant la tête. Au fond, le nom lui importe peu. Tu veux qu'il intègre la Tribu avec nous, donc, j'imagine ? Il fixe le petit, restant un peu en retrait à présent. Il va falloir lui donner à manger et à moins qu'il ne me pousse des mamelles, on va être embêtés. Il fixe le cadavre de la jument qu'il vient de tuer.
De la mère du petit. Est-ce qu'il peut téter aux siennes ou est-ce que cela ne fonctionne plus ?

Horus a presque envie de lui dire que c'est pas un baby-sitter mais reste silencieux. C'est surtout qu'il ne sait pas quoi faire avec l'enfant, il ne sait pas comment agir, pas pour rien qu'il n'est pas prêt à être padre quoi. Mais il hoche simplement la tête, sans un mot, et quelques instants plus tard, le voilà seul avec le nouveau-né. Il tourne la tête vers lui et s'aperçoit qu'il a ouvert sur lui ses grands yeux qu'il découvre alors bleus comme l'océan. Le mâle le fixe un instant puis le pousse du nez. Allez, on se lève. Il essaie de prendre une voix plus douce mais sans succès. Il observe les différents essais du petit mais lassé du temps que cela prend, vient l'attraper par son encolure minuscule et le balance sur son dos. Sinon, ils gagneront l'ancien camp Shaan dans six mois
Arrivé devant l'ancien feu de camp, il dépose l'enfant au sol. Celui-ci semble débrouillard et recommence ses essais. Horus se met en quête des lianes et des pierres sans savoir à quoi cela servira, tout en surveillant du coin de l'oeil le petit Narval. De temps à autre, comme lui a indiqué sa mère, il le pousse un peu quand il passe près de lui. Il lui adresse un sourire en attendant le retour de Nyveèn. Décidément, peut-être que ce petit, c'est un cadeau du ciel.