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FAUCON

Il a senti l'odeur. L'odeur du danger, une note piquante, presque pimentée. Il s'est toujours fié habilement à son odorat, compte tenu de sa vue défaillante. Et mêlé à celle-ci, celle de sa mère, qu'il traque de temps en temps plus par passe-temps que par nécessité. L'araignée se débrouille très bien sans lui depuis toujours de toute façon. Lorsqu'il arrive sur la scène, son sang ne fait qu'un tour. Il bondit sans hésitation, pour se placer lui aussi au-dessus du corps de sa mère. Inerte. Mais il entend les battements de son coeur alors il ne s'attarde pas tout de suite sur elle. Son ouïe aussi s'est plus développée. Il bouscule une masse dorée tout près de sa mère et couche immédiatement ses oreilles. Mais son regard croise celui... de Hekâ. La surprise ne se lit pas sur son visage pourtant Horus, ou Faucon à présent, la ressent. Il ne s'attendait pas à la voir là, ou peut-être de l'autre côté, à vouloir elle aussi tuer sa mère. Elle a tant d'ennemis ici. Patient, lui ne se jette pas de suite dans le combat, restant au-dessus du corps de la Mygale quand son ancienne Alpha passe à l'attaque. Il ne lui dira peut-être pas mais il est ravi de se battre à ses côtés. Il avait beaucoup d'admiration pour elle même si pour lui, il aurait souhaité plus d'attention de sa part. Il détaille les visages en face avec méchanceté, son oeil d'un bleu clair trahissant sa rage. On ne touche pas aux siens. Son regard croise alors celui de Bryséis et il lui fait un drôle de sourire bancal. Il se souvient de sa mise en garde. Elle devrait aussi repenser à la sienne.

Les choses s’enchaînent rapidement. Nyveèn tente la fuite mais Hook l’assomme sans peine et elle tombe au sol. Mais à peine l'araignée est-elle enfin inoffensive par ses mots et sa force qu'une silhouette dorée vibre dans les pupilles d'Asmund. Il n'en croit pas ses yeux. Là, devant lui, Hekâ se jette sur son propre frère et vient ensuite surplomber le corps de Nyveèn de manière anormalement protectrice. Le grand appaloosa reste un instant stoïque face à ce qu'il vient de voir. Est-ce réel ? Il n'ose imaginer Hekâ tomber si bas. Et pourtant, tel est le cas. Il avait perdu foi en elle à la mort de sa sœur, mais un digne et secret respect restait ancré en lui. Il avait décidé de garder en son cœur les souvenirs de leur amitié révolue, de leur évolution commune et liée. Mais aujourd'hui, il tire un trait dessus. Définitivement. L'image qu'il a sous les yeux ne lui évoque qu'un profond dégoût. Elle s'enfonce. Elle se perd. Ou a t-elle toujours été aussi sale de l'intérieur ? Se serait-il si longtemps trompé ? Visiblement, Lövojka avait raison depuis le début. Lui qui n'avait pas voulu l'écouter. Asmund a cru trouver de l'or là où il n'y a qu'un mélange de terre et de merde.

La menace faite à Aulia lui fait reprendre ses esprits et il n'a pas le temps de réagir que son frère lui passe sous le nez pour se jeter immédiatement sur Hekâ. Asmund s'occupera d'elle plus tard. Il gronde de plus belle lorsqu'il voit débarquer deux jeunes étalons dans le camp adverse. Ils ne semblent pas réellement savoir ce qu'ils font là mais ils sont là ; probablement pour combler l'absence de supporters du côté des merdeux. L'entier accepte la requête de Bryséis d'un signe de tête et se dirige sans plus attendre vers les deux nouveaux venus. Il se charge de ces deux là. « Navré de vous importuner mais votre présence n'est pas requise. Afin d'éviter toute boucherie je vous prierai de vous diriger par ici. » D'un bref signe de tête, il désigne la forêt. Il y croit peu mais il tente la politesse. Combattre pour une cause qui leur est inconnue, quelle débilité profonde. Il espère qu'ils auront un peu de jugeote, qu'il n'ait pas à faire un massacre d'adolescents.

Mais que le grand tacheté qui vient s'adresser à lui se détrompe ; Horus sait parfaitement ce qu'il fait là. Le jeune mâle au summum de sa croissance fixe sans ciller Asmund, dont il se souvient de quand il était petit, de quand ils étaient tous Shaan, qui vient de lui parler. Il fixe un oeil, puis l'autre, gardant les deux bien ouverts peu importe s'il saisit d'emblée qu'il est quasiment borgne. Horus ne l'a jamais caché à personne. Il ne sourit pas, ne répondant pas tout de suite pourtant. Il observe Hekâ livrer un combat sans merci contre Hooker. Elle n'a pas besoin de lui. De toute façon, Horus n'est pas stupide, il sait qu'ils auraient le dessus, qu'il n'est pas entraîné comme eux, qu'il n'a pas encore leur expérience. Il ne peut pas se permettre de juste se faire massacrer, cela ne changera rien. Il décide de laisser son ancienne Alpha gérer elle-même son combat. Après tout, peut-être ne se bat-elle même pas pour sa mère, plutôt pour régler ses propres conflits intérieurs. Il tourne la tête pour de nouveau plonger au fond des iris d'Asmund. Il le respectait beaucoup, quand il était enfant, tout comme son frère Hooker. Cela n'a pas changé aujourd'hui pour autant et le regard que le mâle porte sur lui est presque admiratif. Ils en imposent, il ne peut pas le cacher. Au-delà du fait qu'il perdrait sûrement, Horus n'a pas envie de se battre contre lui. Ce serait comme lui manquer de respect. Poli, il hoche la tête. Seulement si vous me laissez partir avec elle, fait-il en désignant le corps inanimé de Nyveèn, sans dévoiler qu'il est son fils même si cela se sent-il peut-être. Il attend la réponse du mâle en observant Hekâ une nouvelle fois, comme pour lui dire que ce coup-là, il a déjà assez à faire et, assez à gagner en la capturant elle ? Cela est peut-être égoïste mais à choisir, Horus sacrifiera de toute façon quelqu'un d'autre que sa mère. Peut-être peut-il la sauver encore un peu. Il se demande si Asmund se souvient, d'avant leur départ des Shaan. Qu'Horus était resté, alors que sa mère était en cavale, alors qu'elle les avait trahis, que lui était là, avec eux, fidèle au poste car il avait le sens du devoir et de la loyauté. Aujourd'hui, il lui demande d'avoir la même concilliance en la laissant l'emmener.