N | Storm

B O R E A L E

La nuit s'installe, lentement, en douceur, sans que pourtant les étoiles ne pointent le bout étincelant de leur nez. La lune trône seule dans les cieux ce soir. Allie observe avec fascination la modification des teintes du ciel, le rose orangé du coucher du soleil devenant peu à peu mauve, puis bleu, et pour terminer un bleu plus profond encore. C'était le moment de la journée qu'elle préférait.
Elle s'aventure aux abords de la falaise, pour aller contempler l'horizon et prendre un grand bol d'air frais et virulent avant de partir faire le tour de l'île, et qu'elle ne fut pas sa surprise lorsque son regard dépareillé se heurta à une silhouette connue mais jusque là, disparue. Tiens, tiens. minaude t-elle pour tout accueil. Elle vient se glisser aux côtés de Narcisse, le bord du précipice à quelques centimètres à peine de leurs sabots. On m'avait dit que les fantômes surgissaient la nuit, mais je n'y avais encore jamais assisté. Jusqu'à aujourd'hui. Elle tourne son visage vers le grand mâle et l'interroge de ses yeux noir et bleu.

Pendant quelques secondes, elle ne répond pas à son sourire, reste de marbre, avant qu’un ne vienne se glisser sur ses lèvres gourmandes, posant son regard sur l'horizon tandis qu'elle sent le poids de ses yeux la parcourir. Elle ne s'en offusque pas, elle s'en délecte. Boréale ne lui rend pas la pareille, elle n'a pas besoin, ce corps fuselé elle a eut tout loisir de lorgner dessus lorsqu'elle était plus jeune. Jusqu'à ce que, pouf !, il disparaisse. Des premières fois avec toi, j'en ai eu pleins la tête, cela ne ressemblait pas vraiment à ça. rétorque t-elle, un rictus provoquant rehaussant la commissure de ses lèvres qu'il peut apercevoir. Doucement, elle tourne de nouveau le visage vers lui, leurs regards s’entrechoquent et se sondent mutuellement. Nous sommes une famille n’est ce pas ? Alors tu peux m'appeler Allie.

Elle le laisse faire, ses prunelles dansant sous les caresses des siennes, bien qu'elle brûle d'impatience qu'il déshabille du regard autre chose que ses yeux. Mais le contact interrompt brutalement, l'horizon semblant soudain bien plus intéressant qu'elle. Boréale ouvre la bouche décontenancée, avant de rire légèrement, amusée de s'être laisser ainsi berner et surprendre. Dans mes fantasmes d'adolescentes tu semblais être un excellent coup. Elle n'enrobe pas les choses, les balance telles qu'elles sont et ont toujours été. Elle regarde à son tour l'horizon. Oh et ta bouche, ta bouche !, elle faisait des choses incroyables. Elle fait claquer sa langue avant de s'humidifier les lèvres en la passant rapidement dessus. Tu me faisais gémir, tu me faisais jouir, tu me faisais hurler ton nom. Elle dit ça avec une telle ferveur qu'on s'y croirait. Boréale s'amuse, se demandant si il répondra à son audacieuse provocation ou si il se sentira mal à l'aise. Mais bon, tu sais … L'imagination débordante qu'on peut avoir ... souffle t-elle en glissant en coin son regard vers lui, rictus enjôleur porté aux lèvres.

Ses lèvres l'effleurent à peine, elle sent juste leur proximité, mais son souffle la caresse de manière indécente, sans peut être qu'il ne s'en rende compte. Sa voix sensuelle est comme une friandise qu'on lui présente sans pour autant qu'on ne la lui donne vraiment, la narguant cruellement. Ceux ne sont que des mots, Narcisse ... souffle t-elle, suave, en tournant son visage vers le sien. Elle prend soin de ne pas le toucher non plus, mais avance dangereusement sa bouche à l'orée de la sienne, sans s'en emparer néanmoins. Je ne suis plus une petite fille.