Une conquête n'a pas besoin d'être belle

Mike relève les yeux, scrutant les alentours. Aux pieds d'Oregon se déroule une piste fraîche laissée par un cheval sauvage. Elle est bien évidente au bord de la rivière, dans la boue, puis devient plus dure à discerner dans la poussière sèche.
Rien d'insurmontable pour le roi de la capture. Une ombre de sourire aux lèvres, le cowboy tire brusquement sur les rênes de sa monture en train de s'abreuver et le lance sur la piste. Sa main libre étreint le lasso suspendu à la selle derrière sa cuisse. Le cuir de son gant grince légèrement sous sa poigne, trahissant sa fièvre de la chasse.

Oregon tressaille en relevant brusquement la tête. Il n'a pas fini de boire et le mors lui fait perdre l'eau alors dans sa bouche. Tant pis ; il répond à son maître avant que les éperons n'appuient son ordre et s'élance dans la direction demandée. Mike le retient dans un galop moyen, un galop de traque ; la cible n'est pas encore repérée. L'étalon voudrait accélérer mais il courbe l'encolure et trouve son souffle, gardant sa frustration pour le sprint final.

Les yeux de Mike alternent entre la piste à suivre au sol et le paysage à surveiller, à mesure qu'ils progressent. Le cheval qu'ils traquent semble suivre la rivière, mais il préfère s'assurer que les traces de sabots n'en dévient pas. Les oreilles d'Oregon se dressent soudain. Mike relève les yeux et guette plus attentivement, pressant un peu plus les flancs de son étalon.

Oregon ronge son mors, maintenu dans un galop qui commence à puiser à la foi dans son endurance et dans sa patience. Il aurait besoin soit de ralentir pour souffler, soit de s'élancer pour de bon. Son dos commence à lui faire mal... Soudain il capte le bruit d'un galop et il redresse la tête. Aussitôt, son maître réagit en pressant ses flancs. Il n'en faut pas plus pour que le jeune étalon bondisse !

Mike lâche un juron quand son cheval part au quart de tour. Il n'en demandait pas tant, mais avant qu'il ne ralentisse sèchement sa fière monture, il repère le cheval qu'ils ont suivi jusqu'ici. Une belle jument grise, d'une carrure parfaite. Mike accompagne l'allure d'Oregon et l'encourge même à accélérer encore.
-Yah !

L'encaissement de la rivière joue à leur avantage ; ils sont déjà très proche de la jument. Le cowboy fait tournoyer le lasso au-dessus de lui, et le lance rapidement en direction de sa cible.

Mike est tant habitué au succès qu'il ressent à peine la satisfaction d'avoir réussi. Il enroule aussitôt la corde autour du pommeau de selle et intime un slide stop à sa monture. Juste à temps ; la jument capturée se jette dans la rivière et cherche à traverser.

Oregon freine des quatre fers instantanément, la croupe abaissée sous lui, et oppose aussitôt une force contraire à celle qui l'attire vers l'avant. Il a appris, il a l'habitude. Maintenant, son travail c'est de ne plus bouger. Ou de reculer, comme Mike lui demande maintenant, tirant sa bouche en arrière et stimulant l'arrière de ses flancs. L'étalon se campe sur ses pieds et résiste, reculant pas à pas. Il a l'avantage sur la proie, car il peut tirer avec tout son corps, et le poids de son maître devient un avantage. Elle, a une corde qui lui enserre la gorge. Oregon lui lance un regard guoguenard, victorieux.

Mike reste calme, faisant reculer Oregon chaque fois que la jument perd pied, car alors elle représente une charge plus facile à tacter. Bientôt son sang-froid paie et la jument épuisée est, littéralement, à ses pieds. Le cowboy ajuste le lasso sur le pommeau pour réduire la corde qui les sépare, pour la ramener plus facilement au ranch. Il laisse le temps à la jument de se relever à son rythme, et l'emmène en direction du camp.

Oregon est bien content. Une nouvelle fille au ranch. Il a envie de piaffer, mais garde ses forces pour le retour - et n'a pas trop envie de se prendre une bourre de la part de Mike.
-C'est la vie, Baby. Ta nouvelle vie commence. Tu vas enfin découvrir la civilisation, la vraie. T'inquiètes pas, jsuis dans la place, alors tout ira bien