Call if you need me ▬ N

Niylah s'est réveillée avec l'arrivée de l'aurore. Couchée dans un coin de la taverne, elle observe silencieusement le ciel panaché de rose et d'orange. La journée promet d'être belle. La guérisseuse profite de la douceur de l'aube plusieurs longues minutes avant de se lever pour de bon. Il est l'heure. Elle ne doit pas trainer si elle veut avancer dans la préparation de ses remèdes et potions. Mais avant ça... Une petite sortie pour se dégourdir les jambes ne sera pas de trop.

Une fois dehors, Niylah en profite pour s'étirer et observer les alentours. L'orée du bois est magnifique à cette heure de la journée. Pensive, la guérisseuse s'appuie dans l'ébrasement de la porte et laisse son regard se perdre dans l'horizon jusqu'à ce qu'une odeur inconnue ne s'infiltre dans ses naseaux. Curieuse, elle attend sagement que l'inconnue se dévoile à elle. C'est une frisonne assez grande. Sa carrure est impressionnante, on dirait presque celle d'un étalon.
- Bonjour, la hèle-t-elle pour attirer son attention.

Une lueur surprise glisse dans les prunelles turquoises de la magicienne. Elle ne pensait pas surprendre la noiraude à ce point là. Un léger sourire s'installe malgré tout sur ses lèvres lorsque ses iris mordorés trouvent les siens. Une nouvelle lueur anime son regard clair ; la malice.
- Aucun problème. Il est vrai que cet endroit à longtemps été abandonné.
Dans sa voix, aucune réelle émotion. Simplement une infime pointe de regret. Elle aurait aimé qu'il en soit autrement.
- Je m'appelle Niylah. Elle marque une courte pause et se détache très légèrement de l'embrasure de la porte. Je m'occupe de cet endroit, précise-t-elle ensuite.
Peut-être que l'inconnue ne comprendra pas où elle veut en venir mais qu'importe. Ceux qui ont connu l'endroit à l'époque où Belzé était encore en vie sauront. Cette taverne reprend du service à partir d'aujourd'hui.

Niylah remarque sans peine l'attitude lasse et presque désespérée de la jument. On dirait qu'elle est au bout du rouleau. Un éclat amusé danse dans son regard. Elle aurait presque envie de répondre qu'il est comme tous les autres gosses, à fuguer dès que maman à le dos tourné.
- Je n'ai vu aucun enfant ici, avoue-t-elle.
Elle n'en a pas vu depuis qu'elle est revenue d'ailleurs. Elle ne savait même pas que des petits avaient récemment vu le jour ici.

La lueur amusée qui dansait jusqu'alors dans le regard de Niylah s'efface. Elle pense à Pandia. Qu'est-elle devenue ? Faucon l'a certainement prise sous son aile ( ) mais... Qui est-elle désormais ? L'idée de ne pas la connaître lui serre le cœur. Elle a passé si peu de temps à ses côtés... Elle n'a même pas eu la chance d'être vraiment mère. Alors qu'elle avait passé onze mois à attendre cet enfant.
- Quel âge a-t-il ? Demande-t-elle.
Peut-être est-il assez grand pour vagabonder, après tout.

Deux ou trois mois ? Ce n'est pas bien vieux. Niylah comprend mieux l'inquiétude de la frisonne. Un enfant si jeune ne devrait pas être loin de sa mère.
- On peut le chercher ensemble, si vous voulez, propose finalement la guérisseuse.
Elle préfère encore ça plutôt que d'attendre ici désespérément que quelqu'un vienne pour lui demander un quelconque service.
Et puis ça lui fera du bien de tisser de nouveaux liens.

- Plutôt bien, oui, réplique-t-elle en lui adressant un petit clin d'œil complice.
Ces terres, elle les a souvent explorées lorsqu'elle était jeune. Et lorsqu'elle était revenue sur les terres de Luanera, elle avait pas mal exploré pour faire revenir ses souvenirs perdus. Par contre, elle n'a aucun talent de pisteuse et encore moins de chasseuse. Ce ne sont pas des choses qu'elle apprécie.
- Commençons par la clairière d'Iris, dit-elle en prenant le pas.
Pendant qu'elle marche, elle observe attentivement les environs.
- Sa robe est noire j'imagine ?
Autant dire que, dans ce cas là, sa robe lui offrait un bon camouflage.

La grande frisonne confirme ses doutes et Niylah ne peut s'empêcher de sourire. Aussi noir qu'une nuit sans lune... Comme sa mère donc. Eh bien, voilà ce qui promet de longues heures de recherche. Sauf si la chance leur sourit.
- Il finira bien par avoir faim, s'amuse la guérisseuse en arpentant un buisson au feuillage épais.