(tw) (i am alive, i'm just playing dead)

Son sourire appelle le sien. Niylah est heureuse de le voir sourire. Elle trouve ça rassurant bien qu'elle ne se leurre pas ; un sourire peu cacher bien des choses. Il a tout de même l'air bien plus serein qu'à son arrivée à la taverne mais la guérisseuse préfère ne pas se réjouir trop vite car, parfois, l'euphorie est un effet des remèdes anti-douleur.
- Je t'en prie. C'est mon devoir d'aider les autres, répond-elle de sa douce voix.
Au début, le contact de leurs deux corps lui procure des frissons électriques. A chaque nouveau pas, elle sent ses muscles glisser contre les siens, ses formes épousant les siennes. Sa peau se réchauffe. Heureusement que le lac n'est plus si loin. Elle n'est pas loin de défaillir.
Sa remarque lui fait baisser les yeux sur sa pierre. En effet, elle ne brille plus. Elle est même livide. Niylah sourit en glissant son regard sur Faucon.
- Elle est simplement déchargée, répond-elle dans un petit rire cristallin. Lorsque j'utilise ma magie, son énergie décline, précise-t-elle ensuite en lui adressant un petit clin d'oeil complice.
Devant eux se dessine enfin le lac. Niylah s'arrête près de la rive et glisse son regard sur le bai.
- Votre bain n'attend que vous, lui dit-elle avec espièglerie.

Absolument tout le monde. Y compris les êtres qui ne sont pas de leur espèce. Il lui est d'ailleurs déjà arrivé de soigner une biche. Et pourtant, ça reste occasionnel. Elle a soigné bien plus de chevaux que d'autres sortes d'animaux dans sa vie. Niylah acquiesce donc, bien qu'elle devine qu'il s'amuse simplement. Il doit savoir - même s'il ne la connait que très peu - qu'elle ne pourrait pas laisser quelqu'un en souffrance.
- Légèrement. J'ai principalement utilisé des plantes comme l'aurait fait n'importe quel autre guérisseur. La magie n'est que secondaire mais je trouvais la plaie bien trop profonde pour qu'un simple cataplasme suffise, répond-elle simplement.
Elle aurait pourtant pu s'en passer mais elle ne voulait surtout pas prendre de risque. Risquer une infection ce serait le condamner car aucune plante n'est assez puissante pour contrer une grosse infection. Et en plus de ça, avec seulement un pansement et un cataplasme, il n'aurait pas pu se relever si vite. Sa convalescence aurait été bien plus longue.
Un sourire encré sur les lèvres, Niylah le regarde entrer dans le lac avec prudence. On dirait un poulain qui découvre l'eau pour la première fois. Une lueur amusée s'allume dans son regard bleuté. Son regard à lui vient finalement la chercher et la lueur amusée s'efface de son regard. La chaleur qu'il met dans sa voix fait frémir sa peau. Niylah aimerait résister à cet appel mais elle n'en est pas capable. Et puis elle a toujours aimé l'eau. Petite, elle s'en donnait à cœur joie.
- J'arrive, souffle-t-elle finalement en prenant le pas pour entrer à son tour dans l'eau.
La fraîcheur du lac lui arrache un léger frisson. A moins que ce soit le fait de retrouver Faucon ? Elle s'arrête près de lui sans rien ajouter. Elle ne peut s'empêcher de repenser à leur première rencontre, près du rocher titan, et à leur petite baignade dans la mer et ça la rend un peu nostalgique.

Est-elle réellement magicienne ou bien s'imagine-t-elle être magicienne ? Personne ne le saura jamais. Certains pourraient y croire, y comprit les esprits les plus affutés tel que Faucon. D'autres n'y croiront jamais. C'est ainsi. Et de toutes façons, qu'elle importance puisque c'est un secret qu'elle ne peut pas partager ?
Il la remercie une nouvelle fois et elle se contente d'incliner légèrement la tête sur le côté, comme pour lui signifier que ce n'est rien. Qu'elle a simplement été là au bon endroit et surtout au bon moment. N'importe quel autre guérisseur aurait pu le guérir. Mais c'était elle qu'il était venu chercher. Peut-être parce qu'il ressentait leur connexion. Peut-être qu'elle n'était pas la seule à répondre à son appel. Peut-être que lui aussi répondait au sien.
Niylah glisse doucement ses naseaux dans l'eau et détache enfin son regard de Faucon. Elle fait quelques pas, s'éloignant légèrement pour mieux revenir quand, tout à coup, une pluie s'abat sur elle. Prise par surprise, Niylah redresse vivement la tête pour observer le ciel bleu... Puis le mâle bai. Un sourire joueur se dessine sur ses lèvres juste avant qu'elle ne bondisse sur lui pour l'arroser à son tour. Un éclat de rire lui échappe alors qu'ils chahutent joyeusement dans l'eau. Comme des enfants. Ceux qu'ils ont été, il y a bien longtemps maintenant.

Finalement, l'innocence l'a toujours caractérisée, peu importe le corps dans lequel son âme évoluait. Qu'elle se nomme Niylah ou Séléné, elle est celle qu'il a toujours connue depuis cette première rencontre sur la plage de sable noir. Hélas, il ne peut pas s'en douter. Et quelque part, elle s'en veut de ne pas lui avouer la vérité. Elle n'y peut rien ; elle a si peur qu'il la rejette ou qu'il cherche à la tuer une seconde fois... Parce que c'est ce qu'il ferait s'il savait, n'est-ce pas ?
Pendant qu'ils jouent, Niylah oublie tous ses soucis. Elle prend parfois le dessus, puis se laisse dominer, reprend finalement le dessus... Etc. Leur petite joute dure un petit moment avant qu'il ne s'arrête brusquement en grimaçant. La guérisseuse comprend immédiatement la raison de cet arrêt inattendu et elle va aussitôt inspecter l'épaule de Faucon. A priori, rien de grave mais il a raison ; il n'est visiblement pas prêt pour ça.
- Excuse moi, c'était irresponsable de ma part, s'excuse-t-elle avant de glisser ses naseaux dans l'eau pour arroser doucement le corps du mâle et le nettoyer de façon plus sage.
Quoique, plus sage... Ca lui permet malgré tout de le tripoter, ni vu ni connu.    

Ses gestes sont d'une douceur infinie. Niylah ose à peine toucher la peau de Faucon, préférant l'effleurer vaguement. Comme s'il était fait dans une matière fragile et délicate. Elle sait pourtant que ce n'est pas le cas, loin de là. A ses yeux, Faucon a toujours représenté un roc ; solide et immuable. Attentive à lui, elle remarque sans peine le courant électrique qui le traverse à chacune de ses caresses, aussi subtiles soient-elles. Et lorsqu'il se risque à la toucher, elle est à son tour traversée par une onde électrique. C'est presque déconcertant, mais pas désagréable pour autant. L'espace d'un instant, Niylah se dit qu'elle ne devrait pas chercher à franchir la limite mais c'est plus fort qu'elle. C'est comme si elle était guidée par une force invisible. Alors tant qu'il ne montre pas de signes négatifs, elle poursuit ses caresses, sans pour autant oser s'éloigner de sa blessure. Parce que son alibi, c'est un peu ça non ? De simplement l'aider à nettoyer sa blessure.

Alors que Niylah s'efforce de faire preuve de retenue, Faucon lui montre qu'il n'en a pas. Et à vrai dire, elle ne s'étonne pas vraiment de le voir prendre plus de libertés. De temps en temps, leurs regards se croisent mais ne s'accrochent jamais. La peau de la guérisseuse frissonne toujours au contact de l'étalon. On pourrait presque croire qu'elle a froid tant elle frissonne souvent mais la chaleur de sa peau indique tout le contraire. Lentement, elle commence à céder et fait tomber une par une les barrières qu'elle a vainement tenté d'ériger entre elle et Faucon. Ses naseaux s'aventurent un peu plus loin sur le corps musculeux du mâle bai et bientôt, leurs poitrails se blottissent l'un contre l'autre. Cette fois ci, elle ne se contente plus de l'effleurer. Ses naseaux remontent lentement de son poitrail jusqu'à sa gorge pour finalement s'éloigner de sa peau et son regard clair glisse dans le sien. La vérité lui brûle les lèvres. Mais comment lui avouer ? Son cœur s'emballe légèrement. Elle ne peut plus garder ça pour elle.