(tw) (i am alive, i'm just playing dead)

Son corps pressé contre le sien, elle se perd dans ses pensées. Pourquoi est-ce si difficile ? Longuement, elle réfléchit aux mots qu'elle va utiliser. Et lorsqu'elle se sent enfin prête, les lèvres de Faucon s'écrasent contre les siennes. Le cœur de la guérisseuse s'emballe de plus belles ; il l'a prise au dépourvu avec ce baiser. Et Niylah se surprend à aimer ce moment. Bien plus qu'elle n'aurait dû d'ailleurs. Lentement, leurs lèvres se détachent et son regard plonge de nouveau dans le sien. Son souffle est court et son cœur bat toujours aussi vite et fort.
- On ne devrait pas... Halète-t-elle difficilement.
C'est fou ce qu'un simple geste peut provoquer. Niylah tente de faire abstraction de ses émotions et sentiments. Elle doit rester lucide et au contrôle. Lui prouver qu'elle sait le faire désormais. Pourtant, elle sent ce feu qui brûle en elle. Il l'avait déjà consumée une fois. Peut-être le fera-t-il de nouveau.
- Je dois t'avouer quelque chose... Poursuit-elle, toujours aussi fébrile.
Elle détache très légèrement son poitrail du sien. Ce qu'elle s'apprête à lui dire défi toutes les lois de la nature. Elle ignore comment il va y réagir. S'il va la croire... Ou non. Et surtout, ce qu'il va penser. S'il va vouloir la fuir... Ou rester. Niylah prend une longue inspiration. Il est temps qu'elle se lance.
- J'imagine que toi aussi tu ressens ce lien particulier entre nous... Ce lien, il existe depuis des années Faucon, commence-t-elle doucement.
Elle marque une petite pause. Elle n'a jamais eu autant de mal à s'exprimer. Et elle n'a jamais autant douté que maintenant.
- C'est moi... Séléné. Je... Je suis revenue, avoue-t-elle un ton plus bas, presque dans un murmure.
Et bon sang, quel bien ça fait de se libérer de ce fardeau.

Sa réponse lui arrache un frisson. Pourquoi pas ? Une lueur désolée s'allume dans son regard. Parce que ce ne serait pas raisonnable. Bien qu'elle en ait terriblement envie. Et lui aussi, apparemment. C'est ce qui rend l'instant encore plus difficile. De réfréner sa passion mais aussi la sienne.
Le regard posé sur lui, elle observe ses réactions. Elle se demande comment il va réagir à ce qu'elle vient de lui dire. L'attente et l'angoisse lui nouent l'estomac. Et pour le coup, elle est bien heureuse de savoir qu'il ne voit plus très clairement. Parce qu'ainsi, il ne peut voir l'inquiétude briller dans ses iris clairs. Inquiétude qui reste encrée en elle malgré sa réaction calme. Il n'y croit pas et ça ne la surprend pas tellement ; il a l'esprit bien trop terre-à-terre pour croire en ce genre de choses. Et pourtant, il avait bien voulu croire en la magie.
- Notre première rencontre a été au rocher titan lorsque nous étions enfants. Nous avons eu une fille. Pandia. Le jour de sa naissance, son cœur s'est arrêté et c'est grâce à toi qu'il est reparti. Je lui ai donné naissance au bois des spectres parce que j'y suis moi-même née et que je me sens profondément liée à cet endroit.
Elle espère que ça suffira à lui ouvrir les yeux. Sa gorge se serre et un nouveau frisson vient l'assaillir.
- C'est vraiment moi Faucon... Souffle-t-elle à voix basse.

Un peu à contre cœur, elle le laisse s'éloigner. Il en a certainement besoin pour digérer cette nouvelle. Elle ne peut pas lui en vouloir. A sa place, elle aurait certainement agit de la même façon, voir peut-être même pire. Et pourtant, elle se sent malgré tout un peu triste de voir les traits de son visage se déformer sous l'effet du doute. Le voir ainsi est une réelle nouveauté pour elle. Jamais elle n'avait eu l'occasion de voir Faucon troublé.
- Je l'ignore. C'est comme une sorte de... Seconde chance, répond-elle calmement.
Elle se demande toujours pourquoi elle et pas quelqu'un d'autre. Elle se demande aussi comment une âme ayant perdu son corps originel peut s'inviter dans un nouveau corps. Tout ce qu'elle sait, c'est que c'est étrange de vivre cette expérience.
Un très léger sourire s'inscrit sur ses lèvres lorsqu'il prononce son nom. Elle aime toujours autant l'entendre, ça panse un peu ses maux. Bien que Niylah lui aille tout aussi bien.
- La seule et unique... Répond-elle avec une pointe d'amusement.
Un nouveau frisson la parcourt lorsqu'il revient vers elle. Il a beau être hésitant, il revient tout de même vers elle et ça suffit pour lui réchauffer le cœur. Niylah tressaille légèrement lorsqu'il effleure ses naseaux des siens et avant qu'il n'ait le temps de se dérober à elle, elle presse fortement ses naseaux contre les siens. Comme pour lui signifier qu'elle ne ressentait plus aucune colère envers lui. Qu'elle était simplement en paix avec son ancienne vie.
- J'ai du mal à y croire, moi aussi. Je ne pensais pas pouvoir te revoir un jour... Murmure-t-elle.
Elle se retient de rajouter qu'il lui avait manqué. Ce n'est pas vraiment important.

Le ton qu'il emploie l'étonne presque. Ca non plus, ça ne ressemble pas vraiment au Faucon qu'elle a laissé. C'est pourtant agréable d'entrevoir ses réelles émotions. Ce qu'il ressent vraiment au fond de son cœur. Enfin c'est l'impression qu'elle a. Elle a l'impression qu'il se livre un peu, pour une fois.
Niylah se laisse surprendre une nouvelle fois par le second baiser qu'il lui offre. Son cœur rate un battement et elle se maudirait presque d'être si faible face à lui. Lentement, ses lèvres effleurent les siennes et son regard plonge dans le sien. Une lueur de malice fait briller ses iris clairs et quelques secondes plus tard, ses lèvres prennent possession de celles de Faucon. Pas longtemps, mais avec une certaine passion.
- Est-ce que la réponse te convient... ? Murmure-t-elle.
De nouveau, un fin sourire étire ses lèvres. Elle comprend qu'il soit un peu perdu. A vrai dire, elle l'est aussi. C'est difficile de se faire à un nouveau corps. De revenir de là-bas.
- Tu peux tout garder dans le même dossier ou bien en recréer un autre... Qu'importe. Mais je comprends ce que tu veux dire. Moi aussi ça me perturbe de ne plus avoir le même physique, lui confie-t-elle.
Pour l'odeur, elle ne s'en était pas rendu compte d'autant plus qu'ayant gardé le rôle de guérisseuse, elle ne se doutait pas que son odeur ait pu autant changer. Elle devait sentir les plantes comme autrefois... Non ?
Avec tendresse, elle passe le bout de son nez sous son menton pour lui redresser la tête. Elle compatit à sa tristesse.
- Je suis vraiment désolée Faucon, souffle-t-elle à voix basse.
Elle n'ose pas lui dire qu'un jour, il la retrouvera. Parce qu'elle n'a pas envie de s'imaginer la fin de Faucon, peu importe quand et la manière dont elle subviendra.
- Le temps guérira tes blessures.
Sa voix est si basse qu'elle n'est pas certaine qu'il l'entendra. Mais qu'importe. L'important est qu'il sache qu'elle sera toujours là pour lui.

Un violent incendie s'éveille dans ses joues et se propage à une vitesse fulgurante dans le reste de son corps. Tu es très bien aussi comme ça. Cette remarque lui fait autant plaisir qu'elle ne la gêne. Ses lèvres s'étirent en un maigre sourire et ses prunelles se mettent à briller d'une lueur douce. Sourire qui s'efface quelques minutes plus tard. Il lui propose de sortir de l'eau, ce qu'elle accepte sans peine. Elle commençait à avoir froid avec la chute des températures.
- Comme tu préfères. Les deux me sont familiers.
Séléné ou Niylah, elle répond aux deux puisqu'elle se reconnait autant dans l'un que dans l'autre. Alors, pour le coup, le choix du nom n'a aucune importance pour elle. Mais elle veut bien comprendre que ça puisse en avoir pour ses anciennes connaissances. Ceux qui l'ont connue sous le nom de Séléné.
- Tout ce que je sais d'elle, c'est qu'elle est née dans un clan vivant à plusieurs kilomètres d'ici. Des sorciers. Et si j'ai bien compris, elle est née dans le but d'offrir son corps à une âme... Elle marque une courte pause, comme si elle était hésitante. Damnée, souffle-t-elle d'un seul coup.
De son côté, elle ne sait pas vraiment comment interpréter ces vagues souvenirs. L'apprentissage - enfin, les apprentissages -, la cérémonie... C'est tout de même assez fou lorsqu'on y pense. Niylah était née pour donner son corps. N'est-ce pas... Horrible ?
Pensive, elle le laisse faire. De temps en temps, un frisson glisse sur sa peau, en réponse à ses gestes. Et, doucement, elle commence à l'imiter, laissant ses naseaux parcourir son corps. Et l'espace d'un instant, elle a l'impression que les températures sont remontées.

Niylah acquiesce silencieusement. Elle est plus que d'accord pour ne plus penser à ce détail. Car même si elle est infiniment reconnaissante envers Niylah, elle ne veut pas non plus que sa nouvelle vie soit définie par cette "inconnue". Car finalement, à part quelques souvenirs, elle n'avait rien d'elle. Elle était simplement Séléné. Dans le corps d'une autre, certes, mais Séléné malgré tout.
Son esprit s'évade alors que son corps réagit de lui même aux gestes de Faucon. C'est simplement des réponses instinctives ; quelques frissons, parfois des tressaillements, une bouffée de chaleur... Elle ne cherche pas à nier l'évidence, elle non plus. Pourquoi le ferait-elle ? Il la connait sur le bout des doigts. Et elle sait que ce changement de corps n'y change rien. Faucon est clairvoyant. Ce qui est assez drôle à dire, lorsqu'on le sait malvoyant à un degré assez élevé désormais.
- Je t'en ai longtemps voulu... Mais c'était avant de te retrouver, répond-elle avec franchise.
Lorsqu'elle était revenue de l'Autre Monde, plusieurs émotions l'avaient assaillie. La colère, la tristesse, le dédain, le dégoût et même un sentiment d'injustice. Et lorsqu'elle s'est souvenu de tout, elle a même ressenti la peur. Et désormais, elle ne ressentait plus rien de tout ça. Parce que ses sentiments avaient reprit le dessus, balayant toutes les émotions négatives qu'elle nourrissait jusqu'alors à son égard. Parce que, quoiqu'il en soit, Faucon restait Faucon. Et bien que ça n'ait jamais été réciproque, il restait son amour d'enfance. Son premier ami. La confiance qu'elle lui vouait était infinie, autrefois.
Avec une lenteur presque exagérée, Niylah fait glisser ses naseaux le long de l'encolure de Faucon. Ils viennent de sortir de l'eau qui était plutôt fraîche et pourtant leurs corps ne sont pas froids. C'est comme s'ils évoluaient dans un autre espace temps où rien ne pouvait les atteindre. Toujours avec lenteur, ses naseaux glissent vers la gorge du mâle. Ses lèvres y déposent un baiser délicat avant de quitter sa peau mais son souffle se dépose toujours non loin de sa gorge.

( J'aime trop ta nouvelle signa   )

De son côté, Niylah ignore tout des "tourments" qui hantent les pensées de Faucon. Elle sait pourtant qu'il a perdu Boréale il y a peu puisqu'il le lui a confié. Et peut-être bien qu'au fond d'elle, elle sait que ce n'est pas correct d'ignorer ce fait. Pourtant, elle est bien incapable d'y songer. Parce que, finalement, tout ce qui compte en cet instant précis, c'est ce qu'elle ressent elle. Et ce qu'il ressent lui. La vie est faite pour les vivants. Alors pourquoi s'inquiéteraient-ils pour une âme qui n'est plus présente sur terre ? Pourquoi continueraient-ils d'étouffer la passion qui les dévore depuis - il semblerait - la nuit des temps ?
Une onde de chaleur se répand dans son corps lorsqu'il souffle son nom. Elle n'aurait jamais pensé que d'entendre son ancien nom lui ferait autant de bien. Parce qu'en se comportant ainsi - de manière aussi naturelle - il lui donne l'impression que rien n'a vraiment changé. Et surtout qu'il l'aime toujours de la même façon qu'autrefois. Qu'il n'a pas envie de tourner la page pour ouvrir un nouveau chapitre.
Ses mots lui arrachent un sourire espiègle. Son regard harponne le sien. Une flamme y brille. Une flamme qu'il connait mais qu'il ne verra pas. S'il pouvait ne serait-ce que s'imaginer quel effet il a sur elle. Enfin... Peut-être le sait-il déjà, puisqu'elle ne dissimule rien. Il a été le premier à lui faire perdre le contrôle. A l'emmener sur un terrain qu'elle jugeait dangereux. Il l'avait conquise comme on conquiert une terre. Et peut-être même sans le vouloir. Un peu malgré elle d'ailleurs, il fallait bien l'avouer. Et pourtant, à aucun moment, elle ne s'est sentie lésée.
- Pourquoi résister... ? Souffle-t-elle a voix basse, juste avant que leurs poitrails ne se rencontrent de nouveau et que le cœur de la guérisseuse ne se mette à battre légèrement plus vite. Elle n'a pas la capacité de Faucon à maîtriser ses sentiments et émotions. Elle est même plutôt tout son contraire ; tout ce qu'elle ressent est plus que lisible. De des émotions et sentiments, elle en a par milliers. La flamme dans son regard clair n'a pas diminué d'intensité. Elle brûle toujours de façon incandescente, dévorant tout sur son passage. Si elle avait été réelle, elle aurait sans doute consumé Faucon jusqu'à le réduire en cendres. Et pourtant, elle finit par baisser d'intensité, à l'énonciation d'un seul nom ; Pandia. Là, son cœur s'emballe pour de vrai et Faucon peut très certainement sentir ses coups.
- Non. Je... Je ne sais pas si c'est une bonne idée, balbutie-t-elle en adoptant un air contrit.
Elle a peur. Peur d'être rejetée par Pandia. Comment lui expliquer la vérité ? Comment lui dire que sa mère biologique est revenue d'entre les morts ? Et surtout, comment tisser un lien alors qu'elles n'ont passé que deux ou trois jours ensemble ? Niylah a trop peur que sa fille le prenne mal en pensant qu'elle compte remplacer Boréale. Car, il faut bien l'avouer, au final, même Niylah sait que la véritable mère de Pandia a été Boréale.
La guérisseuse tressaille légèrement sous les nouvelles caresses de Faucon. C'est à peine s'il lui laisse l'occasion de se poser davantage de question sur leur fille et la moralité de cette histoire. Il détourne son attention de n'importe quel sujet avec une facilité déconcertante ; il lui suffit de poser ses lèvres sur son corps pour ébrécher le peu de contrôle qu'elle essaye d'avoir. Ses yeux se ferment à mi-clos alors qu'un frisson électrique ébranle son corps tout entier. Son souffle s'est raccourci, si bien qu'elle peine presque à briser le silence lorsqu'elle souffle son nom d'une voix alanguie par le désir.

( Omg pardon, je voyais pas ça si long...   )

Tout à coup, quelque chose change. Niylah le ressent ; les chaînes qui le retenait jusqu'à présent se sont brisées, le laissant enfin libre. L'espace d'un court instant, elle se demande si c'est une bonne chose. Est-ce réellement une bonne idée que de l'encourager à suivre cette voie là ? Niylah n'en sait rien. A vrai dire, elle s'est elle-même perdue dans ce chemin sinueux. Alors, même si elle le désirait - et ce n'est pas le cas - elle serait bien incapable de le ramener à la raison. Ils n'y réchapperont pas. Aux abysses des ténèbres.
Il redresse la tête et leurs regards se croisent. La peau de Niylah est saisie d'un frisson tant le regard de Faucon semble vivant, à cet instant. Ses yeux la dévore. Et la seconde d'après, ce sont ses lèvres qui s'abattent sur elle, dans un mélange de passion violente et d'empressement. La peau de la guérisseuse s'enflamme de nouveau et tressaille sous une nouvelle série de frissons électriques. Fiévreusement, elle répond à son baiser, et dans la passion sombre qui l'anime, elle fait couler le sang du rapace. Le liquide écarlate glisse sur ses lèvres, tâchant le blanc de sa liste et imbibant sa langue. Ses chaînes se sont brisées, elles aussi. Et en cet instant précis, le peu de Niylah qui subsistait dans cette enveloppe corporelle non plus. Car si elle avait été encore un minimum présente, elle n'aurait jamais fait couler le sang de quiconque ni n'aurait laissé Séléné le faire.
Finalement, elle détache ses lèvres rougies des siennes, ensanglantées. Elle ignore combien de temps a duré ce baiser des plus enflammés. Quelques secondes ? Ou quelques minutes peut-être ? Qu'importe. Niylah n'est plus vraiment consciente. Elle est guidée par une force invisible qu'elle ne peut contrôler. Ses lèvres effleurent encore un instant celles de Faucon avant de glisser le long de son chanfrein, puis de sa ganache, pour finalement s'arrêter contre sa gorge. Niylah y pose les dents, pinçant légèrement sa peau. Elle n'a pas perdu son goût pour le sang, elle non plus. Elle ne s'y attarde pourtant pas ; son attention n'est pas de faire couler son sang. Elle est tout autre. Ses lèvres poursuivent leur avancée, errant sur son corps si divin, parcourant chaque centimètre de son corps avec un désir non feint.