Destiny ▬ A

Et pourtant, elle n'a que très rarement déjà été aussi sûre d'elle. Avant de lui demander cette faveur, elle y avait réfléchit. Longuement. Bien avant que leurs routes se croisent ici, à vrai dire. Elle avait considéré cette option dès lors qu'elle avait soumis son projet à Aulia. Car finalement, deux personnes s'étaient imposées à elle. Mahem et Faucon. Parce qu'elle avait confiance en eux, plus qu'en n'importe qui d'autre.
La réponse qu'il lui donne la rassure. Au fond d'elle Absinthe connaissait déjà la réponse mais elle avait besoin de l'entendre de vive voix.
- Merci pour ta compréhension Faucon, souffle-t-elle, un sourire encré aux coins des lèvres.
Elle prend le temps de presser doucement ses naseaux contre les siens. La complicité qu'ils partagent peut sembler étrange mais elle est réelle. Et elle sait que jamais il ne la trahira. Avec Faucon, son secret sera bien gardé. Même aux yeux d'Aulia. Avec tendresse, elle lui rend son baiser, comme pour amener un peu de douceur dans leur étreinte si passionnée. Elle n'ose d'ailleurs pas lui présenter sa croupe et préfère le laisser décider de lui-même du moment qu'il trouvera opportun pour se lancer.

L'attitude de Faucon la prend un peu au dépourvu. Elle ne pensait pas qu'il se ferait ainsi prier et qu'il déciderait de lui laisser les rênes. Non pas que ça la dérange mais elle commence à se sentir un peu fautive vis-à-vis d'Aulia parce qu'elle ne peut s'empêcher de se dire que, cette fois ci, il ne faut pas qu'elle ressente de plaisir à coucher avec Faucon. Parce que ce n'est pas le but de la démarche. Bien qu'à vrai dire, elle ait réellement envie de le faire. Non pas seulement pour procréer... Mais aussi pour le plaisir qui est lié à la luxure. Au croc planté dans le fruit défendu. Elle essaye simplement de relativiser en se disant qu'il a peut-être bien besoin de ça pour se lancer. Qu'il a besoin de la sentir pleinement consentante. La dorée glisse alors contre son corps, ses naseaux balayant rapidement la ligne de son dos. Elle décrit un petit cercle, lui tournant autour en usant de sa démarche féline bien qu'il ne puisse pas la voir. Lorsqu'elle passe devant lui, elle panache sa queue et se rapproche toujours un peu plus de son poitrail, à chaque nouveau tour qu'elle commence. Et elle poursuit ainsi son petit manège, fouettant parfois ses naseaux avec les crins de sa queue, comme pour lui montrer qu'elle s'impatiente de plus en plus à chaque nouveau tour qui passe sans qu'il daigne passer à l'attaque. Elle se lasse d'ailleurs bien avant lui et s'arrête dos à lui avant de tourner la tête vers lui.
- Tu comptes me faire languir encore longtemps ? Demande-t-elle d'une voix suave.

Lorsque leur étreinte prend fin, Absinthe est presque autant satisfaite qu'elle n'est nostalgique. Parce qu'elle sait que c'est la dernière fois qu'elle peut ainsi s'offrir à lui. La dernière fois qu'elle connaitra le sexe avec un mâle. Il sera le dernier à lui offrir un enfant. Et Absinthe trouve que ça clôture joliment leur relation si particulière. Parce qu'il lui aura offert tellement de choses. Et cet enfant - si jamais la nature le veut bien - sera à jamais le plus beau cadeau qu'il aura pu lui offrir. Un frisson l'assaillie lorsqu'il effleure ses flancs de ses naseaux avant d'y poser son chanfrein.
- Toi aussi tu penses déjà à cet enfant... ? Ose-t-elle lui demander en tournant sa tête vers lui pour l'observer.
De son côté, elle y songe déjà. Elle se l'imagine sans peine, le peignant dans des nuances de dorés et de noir. Un peu comme l'était Sueño, son père. Elle l'imagine simplement avec une jolie liste en plus, voire peut-être même une belle face comme celle de Faucon. Et à force d'y penser, elle se dit que les onze prochains mois vont lui sembler interminables.

Un sourire doux vient décorer ses lèvres lorsqu'il lui répond. Sa réponse est touchante et elle est vraiment heureuse qu'il respecte son choix jusqu'au bout. Absinthe se demande d'ailleurs s'il est difficile pour lui de renoncer à sa paternité. Pour sa part, elle n'aurait jamais pensé qu'il lui serait si difficile de rester sur ses positions. Est-ce que son enfant lui en voudra pour ça ? Pour ne pas avoir eu la chance de grandir aux côtés de son père biologique ? Est-ce que deux mères lui suffiront ? Est-ce que... Tout ira bien ?
- A l'Erg. J'ai quitté le lagon lorsqu'on a décidé de fonder une famille avec Aulia. Ca aurait été bien trop compliqué de vivre loin l'une de l'autre.
Elle est loin de se douter que Faucon est inquiet à l'idée qu'elle vive désormais à l'Erg. Elle ressent pourtant cette maigre inquiétude qui émane de lui et elle tend les naseaux pour effleurer avec tendresse sa joue du bout de ses naseaux.
- J'aimerai que tu viennes le voir un jour, malgré tout. Juste comme ça, souffle-t-elle finalement.
Et cette fois ci, c'est clairement son instinct qui parle. Elle veut simplement que cet enfant soit en sécurité, où qu'il aille. Rien que pour cette raison, elle veut que Faucon sache. Qu'il puisse s'imprégner.

Absinthe ne s'attendait pas à une telle révélation. Si bien qu'elle reste un moment muette, un peu... Choquée. Alors comme ça, le clan de sa bien-aimée abrite un violeur... ? Absinthe n'est pas sûre de comprendre. Comment... Non. Faucon doit se méprendre, ce n'est pas possible. D'autant plus qu'elle n'a pas croisé d'étalon se nommant ainsi.
- Je ferai attention. Mais tu sais... Je ne suis pas sûre de risquer grand chose, rigole-t-elle pour détendre l'atmosphère.
Elle a deux bonnes raisons de le penser. Premièrement ; elle est la compagne d'Aulia qui est la co-chef de l'Erg. Deuxièmement ; elle est potentiellement gestante. Alors autant dire qu'une fois énorme, elle ne sera pas vraiment une prise de premier choix. Bon, certes, elle minimise peut-être bien le viol et tout ce qui y est lié mais bon, elle ne se sent pas spécialement en danger. Et pourtant, elle prend avec sérieux la mise en garde de Faucon.
- J'aimerai bien oui. On ne sait jamais... C'est plus prudent. On ne sait pas de quoi demain est fait après tout. Et je veux vraiment que cet enfant vive. Je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs que j'ai faites avec Toundra, rétorque-t-elle avec peine.
Absinthe se laisse surprendre par le doux baiser qu'il lui offre. Ce simple geste fait légèrement palpiter son cœur. Peut-être l'aime-t-elle un peu. C'est qu'il a prit tant de place dans sa vie. Ses naseaux se pressent contre les siens très brièvement.
- Non. Justement, je pense qu'il vaut mieux qu'elle ne le sache jamais. Peut-être qu'elle ne prendrait très bien mais... Dans le bénéfice du doute, je préfère éviter. J'ai peur qu'elle y voit une sorte de... D'attache à Draggan. Et elle aurait certainement raison de le croire. Je t'aime pour ce que tu es et ce que tu représente Faucon. Mais je t'aime aussi pour la part de Draggan que je vois en toi. Mais j'imagine que tu t'en doute déjà. N'est-ce pas ?
Il n'est pas le seul à avoir des secrets. Elle en a tellement, elle aussi. Et le principal, peu de personnes le connaissent. Pas même lui d'ailleurs. Personne ne sait réellement à quel point elle est malade. Et elle ne compte pas le lui dévoiler. Parce qu'elle ne veut pas qu'il se sente coupable d'avoir accepter sa demande alors qu'il y a de fortes chances pour que ce projet la tue.