May the odds be ever in your favor _A_

Si on aurait pu penser que sa condition d'otage pouvait lui faire peur, la faire sentir maltraitée, c'était tout le contraire. Elle était en colère, avec un sentiment d'impuissance aussi. Si elle avait été imprudente lors de son combat contre Horus, elle savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de l'être encore en essayant de prendre sa revanche. Ce n'était cependant une question de temps. Tôt ou tard, elle s'enfuira ou alors sa famille viendra la chercher. Et puis, si elle n'avait pas peur, c'était parce que son geôlier n'était pas violent. Menaçant peut-être un peu mais pas irrespectueux. Elle ne lui faisait pas confiance, loin de là, mais elle savait qu'elle n'aurait pas eu le même traitement avec n'importe qui.
Ils avaient établi des règles. L'une d'entre elles était qu'elle pouvait sortir, qu'elle n'était pas confinée à l'avion toute la journée. Il y avait une partie de la journée qu'elle pouvait utiliser pour prendre l'air, sortir un peu. Mais elle ne pouvait pas aller vers l'erg, elle ne pouvait pas parler de sa captivité et ne devait pas s'enfuir, bien que cette dernière interdiction était tentante à briser. Pour le moment, elle était sage, sachant que sa docilité la tenait en vie.
Alors la revoilà là, dans la clairière, près de la lisière de bois, où Horus était discrètement caché. Ceux qui ignorait qu'il la tenait en otage ne pouvait pas se douter de sa présence. Mais, aussi loin qu'il pouvait être, elle se sentait observée.

Au fait c'est quoi la maladie ?

La rouanne se sentait plus seule que jamais. Coupée du reste du monde, coupée de sa famille. Certes, Horus était toujours en train de la surveiller, toujours là, mais elle aimerait ça qu'il la laisse tranquille, au moins une fois. Alors lorsque le doux parfum de la palomino parvint à ses naseaux, son coeur se mit à battre la chamade. Elle ne savait pas si elle avait le droit d'aller à sa rencontre, mais elle le prit sans demander à son ravisseur. Aulia chercha sa silhouette blonde du regard, et lorsque ses prunelles noires, mais illuminées par l'espoir, se posèrent sur elle, elle n'hésita pas à prendre un trot rapide pour la rejoindre. Et une fois à sa hauteur, elle la regarda sans rien dire pendant une ou deux secondes, comme hésitante. Impulsive, elle se jeta contre elle, sa tête glissant contre ses crins. Qui sait pourquoi elle agissait soudainement comme ça. C'était peut-être juste le fait de voir une tête connue malgré sa captivité qui la rendait si émotive, si chaleureuse. Ou alors il y avait d'autres raisons que même son coeur ignorait. Tu peux même pas savoir à quel point je suis heureuse de te voir, Absy. chuchota-t-elle. Elle sentit ses naseaux picoter un peu, les larmes montant à ses yeux alors qu'elle cachait son visage dans sa crinière.

La jument à la robe rousse saupoudrée de blanc collait son visage à sa peau, sa joue caressant la robe douce d'Absinthe. Ça lui faisait tellement de bien de sentir sa chaleur, son parfum, sa présence... Tellement qu'elle en oubliait presque sa captivité. Tellement qu'elle oubliait presque qu'elles étaient surveillées. Elle s'efforça de ravaler ses larmes, ne voulant pas craquer devant elle, ne voulant pas craquer tout court. Elle devait rester solide, même si c'était dur, même si elle était prisonnière de quelqu'un. Au bout de quelques minutes passées à juste rester contre elle en silence, Aulia fit finalement un petit pas vers l'arrière, pour qu'elles puissent se regarder, parler si les mots venaient. Elle aimerait tant tout lui dire, s'enfuir avec elle. Mais ce serait la mettre en danger elle aussi et ça, elle ne pouvait pas. Excuse-moi, je me suis emportée. fit-elle en regardant le sol, presque honteuse.

Un sourire sincère se traça sur les lèvres de la rouanne lorsque les naseaux de la palomino redressèrent sa tête dans un geste presque tendre ou, du moins, réconfortant pour le coeur blessé d'Aulia. Qu'est-ce qu'elle mourrait d'envie de tout lui déballer. Nerveusement, l'une de ses oreilles pivotèrent dans la direction où se trouvait Horus, cherchant à détecter le moindre de ses mouvements qui voudrait dire qu'elle s'était mise dans de gros ennuis. Elle était anxieuse, c'était la première fois qu'elle croisait quelqu'un depuis son enlèvement. Je sais Absinthe et c'est pas toi le problème, c'est juste... Elle cherche ses mots, une excuse. Il y a des choses qu'il vaut mieux taire parfois. Ça n'aurait pas pu sonner plus faux que ça.

Son pouls s’emballa. Elle avait été excitée et nerveuse de voir quelqu’un qu’elle connaissait tout en étant otage, mais là, la peur commençait à la gagner. Elle savait qu’elle n’était pas encore tout à fait remis du coup qu’elle avait reçu à la nuque et donc qu’elle n’était pas encore assez en forme pour se battre contre Horus. Elle ne pouvait juste pas se le permettre, encore moins si Absy s’en mêlait. Elle devait être plus convaincante. Elle s’efforça de se calmer, de donner à sa respiration un rythme normal et de coller un doux sourire à ses lèvres. Si ça ne marchait pas, elle allait devoir lui dire de se la fermer pour pas les mettre toutes les deux en danger et clairement, elle voulait éviter ça. Tout va bien, Absinthe, je t’assure. J’ai le droit de voir qui je veux et d’aller ou je veux, tu le sais bien. On ne me contraint à rien, jamais. répondit-elle en essayant d’avoir l’air naturelle. Elle était douée pour jouer un jeu, elle avait été entraînée en espionnage. Mais qu’en était-il quand l’espionne était espionnée ? La croira-t-elle ou restera-t-elle sceptique ?

Elle savait. Elle savait qu'elle l'avait déçue, en lui mentant en pleine face. Elles avaient partagé leur vie, elles avaient partagé un amour réciproque pendant une période de leur vie. Autant dire qu'elles se connaissait suffisamment bien pour savoir déceler un mensonge, même lorsqu'il était bien dissimulé derrière un faux-semblant. Elle s'en voulait un peu, mais elle n'avait pas risqué d'en dire plus jusqu'à maintenant. Absinthe représentait tout ce qui lui restait, là, tout de suite, alors qu'elle était forcée de restée à part de sa famille, de ceux qu'elle aimait et qui étaient au courant de sa condition d'otage. Elle adopta un sourire serein, bien que teinté d'une émotion indescriptible, située entre la tristesse, la nostalgie et une douce joie, aussi contradictoire que ce fut possible. Tu m'as juste tellement manqué. dit-elle à haute voix en l'enlaçant à nouveau. Mais cette voix, sa tête vint se cacher du côté de l'encolure d'Absy qui ne permettrait pas à Horus de voir son visage pendant cette douce étreinte. Et lorsque la brise s'élève, elle déballe tout et rien aussi rapidement que possible. Je suis désolée, mais j'peux pas t'en dire plus. Fais comme si de rien n'était, et pose pas de questions ou alors tu vas nous mettre toutes les deux en danger. chuchota-t-elle, profitant du vent pour essayer de dissimuler ses mots à travers les autres bruits de la nature, pour qu'ils ne parviennent qu'aux oreilles de la blonde. Elle savait très bien qu'elle était intelligente, c'était pourquoi elle se risquait à lui dire ça, bien que ce n'était pas grand chose en fin de compte. Elle voulait juste lui faire comprendre la gravité de la situation, sans toutefois risquer d'en dire plus et de les mettre vraiment en danger. Elle jouait déjà suffisamment avec le feu comme ça. Aulia se recula peu après, son regard se planta dans le sien alors qu'elle n'était pas bien loin de son visage, suffisamment près d'elle pour sentir son souffle. Au fait, j'ai toujours aucune nouvelle d'Aël. S'il tenait vraiment à moi, il serait déjà revenu. Elle était sincère, à travers sa tentative d'engager une discussion à peu près normale, bien que le regard d'Horus la dérangeait. Mais sa tristesse était réelle quand elle avait prononcé ces mots-là. Elle avait encore une fois à devoir accepter le fait qu'on l'avait laissée tomber. Toi, quoi de neuf ?

par contre là j'ai pas la force d'en faire autant mdr

Elle hocha la tête, sachant qu'elle ne pouvait pas se permettre de se mettre en danger. Pourtant, elle ne comptait pas partir. Elle se sentait plus en sécurité avec elle qu'ailleurs, car elle savait qu'il ne se permettrait pas de se dévoiler si elle était accompagnée. Et puis, s'il y en avait, les représailles viendraient plus tard. Et elle les assumera, les contra aussi. Elle était suffisamment forte pour ça.
Aulia fronça des sourcils devant les paroles pessimistes de la palomino. Je me demande si c'est un coeur ou un cerveau que les mecs n'ont pas. se mit-elle à plaisanter, naturellement, sincèrement. Mais Absy ! T'avais promis de garder espoir ! la disputa-t-elle gentiment en faisant entendre son rire cristallin. Elle ressentit une pointe de tristesse envahir son coeur en entendant les nouvelles, par compassion. Je suis désolée pour ton père. Elle imaginait sans peine sa douleur, étant elle-même si attachée à son père. Et maintenant, là voilà si loin de lui et du reste de sa famille... Et pourtant tout près. Elle aimerait tant crier, hurler pour que quelqu'un vienne la chercher. June ? Oh génial ! C'est ma cousine !

Elle se permit de rire elle aussi, même si, au fond, ça la peinait un peu de l'entendre dire ça. Et les paroles qui suivirent ne firent rien pour arranger ça. Elle détestait la savoir comme ça. Et elle savait que sa douleur était également en partie de sa faute. Après leur rupture, elle ne l'avait pas bien traitée. Tu m'as donné ta parole Absinthe. Oui, y'a des trucs qui changent, mais je veux que tu tiennes ta promesse. rétorqua-t-elle d'un oeil presque sévère à travers son sourire en coin. Et même si elle faisait semblant que ça ne lui faisait rien, elle la connaissait assez bien pour savoir que derrière sa carapace, elle était blessée Rejoindre le reste de ta famille te fera sans doute du bien, de même que le retour de June. Si tu veux la voir, tu peux venir à l'erg quand tu veux.