-- Against all odds

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KÖLDWAR

Il vient d'arriver. Le mercenaire, à l'entrée du gouffre, patiente. Son regard fixe l'horizon comme s'il attend qu'une silhouette se dessine dans le paysage.

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Et la silhouette, ce fut la sienne. Celle de Spectra. Noire comme la nuit, comme un feu brûlant dont on n'aurait vu que les cendres tourbillonnantes. La noiraude s'avança dans la crypte sans se douter encore de ce qui l'attendait ici.

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Et une silhouette noire, à la couleur de jais, apparaît dans le paysage de lumière. Ses yeux se plissent. Il la reconnaît de suite. Ses formes familières qui s'engagent vers lui. Un sourire absent, toute émotion refoulée, pourtant brûle en lui le feu de l'éternel amour qu'il éprouve pour celle qui s'avance vers lui.

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Tel un fantôme, elle avait erré durant de nombreux mois dans l'espoir de le retrouver. Car il n'y avait bien que lui. Et lentement, elle s'approcha. Comme si son corps physique l'avait lâchée et que subitement, elle se retrouvait à flotter, loin de toute souffrance. Mais tel était là uniquement l'effet du bonheur de le revoir. Lui, celui qu'elle aimait tant.

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C'est son réel bonheur. Cette jument qui se retrouve face à lui. Son parfum, tout d'elle, vient enivrer l'étalon dans une sorte d'euphorie. Il la regarde, laissant une flamme grandir dans ses yeux. Il n'esquisse aucun sourire mais les étincelles qui dansent dans ses pupilles dilatées suffisent à définir ses émotions.

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Elle s'avança, après un bref temps d'arrêt. Ce moment s'écoula et la seringue entra dans sa chair. Une dose de réalité injectée par des yeux de braise. Elle le reconnaissait. Légèrement chancelante, elle l'aurait reconnu si on le lui avait demandé, elle ne tarda pas à effleurer son museau. C'était bien lui.

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Il n'hésite pas à la prendre et à l'enlacer. La fièvre se fait sentir par la chaleur de son poitrail. Son cœur bat violemment, tambourinant dans sa poitrine qui se relève au rythme de ses battements. Il ferme les paupières. Ses naseaux dilatés s'enivrent de son doux parfum. Jamais il a éprouvé un manque, néanmoins loin d'elle, il le ressent comme si sa vie n'avait plus de sens. Il garde le silence. Köldwar sait pertinemment que les mots ne servent à rien dans cette situation.

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Les mots ne servaient à rien, elle en était consciente, elle-aussi. Et alors qu'il l'enlace, elle sent ses muscles se détendre, comme pour lui murmurer que tout allait bien, qu'ils s'étaient enfin retrouvés. C'était comme un état second, un état de choc en fait. Spectra avait cru l'avoir perdu définitivement mais au lieu de ça, il était là, bien là, à l'enlacer avec toute la tendresse du monde. Alors, elle se mit bientôt à pleurer. De vraies larmes. De celles qui jamais ne coulaient.

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Et des larmes perlent le long des joues de la noiraude. Köldwar ne l'accompagnera pas dans cet orchestre de pleures. Il garde le silence, son froid habituel. Seuls ses yeux profitent pour établir un incendie palpable. Des flammes réelles qui retranscrivent son ressenti. Un sourire vient décrisper son visage tandis qu'il continue à l'enlacer. Elle lui a manqué, vraiment. Les mots absents. Leur rythme cardiaque à l'unisson. Il se laisse emporter dans une ivresse. L'ivresse de l'amour, de leur idylle puissante. Un lien incassable qui les retient ensemble. Il ne la lâchera pas. Elle est tout pour lui.

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Il était tout ce dont elle avait besoin, tout ce qui pouvait ranimer son cadavre respirant. Köldwar était ce qui ressemblait le pus à de l'oxygène pour elle, aussi ne saurait-elle vivre sans l'avoir auprès d'elle. Tout ce qui comptait à ses yeux était qu'il était là, à l'enlacer, à la regarder de ses yeux de braise tandis qu'elle se serrait davantage contre lui. Spectra ne pleurait jamais. Mais cette situation ne faisait pas partie de cet ordre. Ici, les pleurs étaient ceux d'une pouliche à qui on donnait naissance, ceux d'une âme revenue à la vie et qui, pour la première fois, prenait sa respiration dans le monde tangible. Elle l'embrassa. Avec une ferveur telle qu'elle ferma les yeux.

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« Je te le promets. » Des mots balancés comme cela pour lui dire qu'il restera avec elle, jusqu'à la mort et rien ne les séparera. Quand elle s'empare de ses lèvres, Köldwar se laisse aller dans cette fusion. Il ferme les yeux, profitant au maximum de cet instant. Il se met à avoir des retours de son passé. Des cauchemars de ses victimes qui le hantent. Elles sont toujours là, gravées en lui. Ces âmes emportées, condamnées par lui. Il s'est permis d'être le faucheur, l'ange de la mort. Il est puni pour cela. Pour avoir osé tenir ce rôle qui n'est pas le sien. Pourtant il était sous l'emprise de son chef qui lui dictait ses actions. Il n'est pas coupable, néanmoins la culpabilité le ronge. Il commence à avoir la mâchoire qui se serre. Il oublie le baiser de Spectra et Köldwar se rend compte que ses incisives sont fermées sur les lèvres de sa dulcinée. Des perles de sang viennent couler dans sa gorge, renforçant ses souvenirs. L'alezan ouvre les paupières et recule promptement, comprenant son geste. Non, il ne lui fera pas de mal. Cependant dans ses yeux, quelque chose a changé. Le démon se révèle en lui et c'est un tout autre regard qui se pose sur elle. « Quitte-moi. » L'étalon lâche ses mots avec maux et souffrances. Elle doit partir car il est pour elle une présence néfaste. La tuer, cette tâche... se répète dans sa tête. « Allez, pars loin et ne reviens jamais. » Köldwar ne pense pas ses paroles mais il n'arrive pas à contrôler l'entité présente en lui qui le manie comme une marionnette.

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Elle sentit les tremblements le long de son échine. La douleur lancinante de sa chair qui d'ores et déjà lance un cri ensanglanté. Car c'est son liquide vital qui perla jusqu'au sol, jusqu'à laisser une trace sur la roche, ne la tâchant pas mais restant là, à attendre ce qui aurait dû être un nouveau voyage vers son cœur.

Ses mots, elle ne les comprit pas. Non pas parce qu'elle ne le voulait pas, ou si peut-être, mais surtout parce que ça lui semblait illogique. Quelque chose au fin fond de son esprit ne daignait pas comprendre ce qui lui était dit. Car si ces mots étaient vrais, alors elle se donnerait la mort. Elle le savait, elle le sentait. Tout son corps réagissait aux dires de Köldwar là où elle avait auparavant été si heureuse de le retrouver.

J'ai mal. Ça fait si mal. Comment se peut-il que des mots fassent plus mal qu'un coup en pleine gueule. Je veux que ça s'arrête.

Alors, dans la crypte de lumière, elle s'avança vers un chemin escarpé donnant sur une falaise, cette dernière étant en vérité là où siégeait la crypte. S'il ne voulait plus d'elle, alors Spectra ne voyait aucune raison à rester là, à attendre des années que la mort survienne. Et le sang sur ses lèvres continuait de perler par légères gouttelettes, traces de sa vie, traces de ce qui peut-être ne serait plus d'ici peu de temps.

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Ses yeux sont deux perles noires. Des mots illogiques, non véridiques car ce n'est pas lui qui les pense mais l'entité qui l'abrite.

Laissant valser ses pensées, il laisse une trace de son passage. La fin. Bientôt la mort sera là, à chercher son dû. Deux âmes offertes, tant attendues, qui rejoindront ce monde des défunts et âmes perdues. Ils ont prévu un tout autre destin Köldwar, condamné à errer dans ce monde telle une tombe.

L'ange de la mort ou la faucheuse ne veulent pas s'en emparer. Ils désirent le laisser là, à souffrir du mal qu'il répandra. Un sourire narquois, ils l'observent attentivement. Ils ne lâcheront pas leurs yeux observant ce qu'il se passe. Spectra s'éloigne. Son amour. Le seul, le vrai, qui s'enfuit. Où va-t-elle ?

Elle est appelée par la mort elle-même. Cette falaise qui sera son dernier repère. Köldwar la suit. Silencieux. Tout l'empêche de courir à elle et de la rattraper. De l'empêcher de commettre l'irréparable. Viens par là et dansons sous les flammes de l'enfer. Une mélodie qui ne cesse de claquer dans sa tête.

Elle est sa vie. Sans elle, il n'est rien. Elle est vitale, son oxygène. « Ne pars pas et reviens-moi. » Des mots soufflés, emportés par le vent. Elle ne les entendra pas. Déterminée à se donner la mort en sautant dans les bras du diable lui-même. Elle le rejoindra et ainsi elle signera la fin de sa destinée.

MUSIQUE

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Il était temps de partir. Si c'était ce que le destin lui souhaitait, alors répondrait à ce vœu par un acquiescement qui vaudrait tous les oui du monde. Spectra, fatiguée, éreintée, ne pouvait en supporter davantage.

Elle aurait pu vouloir lui faire du mal, à lui-aussi, tout comme il venait de le lui en faire. La vengeance, elle ne connaissait que trop bien. Elle l'avait pratiquée de si nombreuses fois que cela en était devenu indécent d'y songer lorsque le nom rappelait à celui qui l'entendait qui elle était. Mais se vengerait-elle ? Ferait-elle en sorte de le faire souffrir autant qu'il venait de le faire ? Car s'il ne voulait plus d'elle, alors la vengeance ne servirait à rien.

Celle à quoi elle venait de penser ne lui serait d'aucune utilité s'il ne voulait plus d'elle à ses côtés, si ses mots étaient réfléchis, pensés. Spectra prit une grande bouffée d'air une fois qu'elle fut devant le précipice. De nombreux choix s'offraient à elle. La Faucheuse pouvait l'emporter, ici et maintenant, et alors ses souffrances prendraient fin. Elle avait presque totalement cessé de s'alimenter lorsque Köldwar avait disparu. Son corps ne soutiendrait plus son âme très longtemps de toute façon, si elle continuait dans cette voix. Etait-il bien nécessaire de se donner la mort ?

Le vide était tentant. Mais n'y avait-il pas de plus grande jouissance à laisser un rejeton derrière elle, un bambin qui ne serait pas de lui ? Aux prochaines chaleurs, rien ne l'empêcherait de porter le fruit d'une toute autre union, pour le blesser, pour ensuite se donner la mort. La vengeance était si belle quand on y pensait.

Mais elle n'y pensait pas vraiment. Ou n'aurait pas la foi de la mettre en pratique. Parce qu'elle l'aimait, et que ses derniers instants étaient peut-être ceux qu'elle vivait actuellement.

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PUTAIN J'AI TOUT PERDU MON BEAU TEXTE. DÉSOLÉE SI CELUI-LA EST COURT

Il file vers le vide lui aussi. Dangereuse attraction qui s'exerce. Seront-ils liés à jamais s'ils rejoignent un autre monde ? Le paradis lui est interdit, il le sait. Le sang qui le tâche, versé dans son passé. Ces voix qui le hantent, rendant dans sa tête des maux insupportables.

Il la fixe. Des yeux vides. Pourtant il ressent de puissants émois en sa présence. Elle est la seule. Elle est la clé de sa survie. Sera-t-elle la trouver ?

Elle est là. Face aux abysses. Lui aussi, le regard qui se laisse pencher vers les ténèbres que proposent le fond des falaises. Il soupire. Un soupir qui amène des mots : « Spectra ? Mon amour. Serons-nous libre à jamais ? »

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