"Aime chacun, fie toi à peu, ne fait de tort à personne."

Au petit matin, les vagues las et les oiseaux marins engourdis par leur sommeil, virent arriver une silhouette sombre, massive sur la falaise. Cette ombre noire de jais se déplaçait lentement mais avec un pas certain, décidé. Les cailloux s'effritèrent sous le poids de l'animal, qui, nouveau en ces lieux, découvrait d'un regard attentivement calme, les pentes abruptes et acérées de la roche. Amiral s'approcha du bord, et s'arrêta. L'étalon inspira à pleins poumons l'air marin, avant de l'expirer lentement comme pour en savourer les embruns salés. Il écoutait, et regardait la mer, tout comme elle l'observait de son œil sauvage. Attentif, il contempla la beauté matinale du petit matin sur la falaise.

Amiral inspira lentement, et expira fortement, faisant peur aux oiseaux. Doucement la faune et la flore environnante se réveillait, l'étalon avança encore un peu pour avoir les sabot antérieurs sur le bords de la falaise alors que ses postérieurs restait en place. Sentir ce vent iodé parcourir les parois, et remonté en flèche vers le ciel était fort agréable dans ses crins. Une douce sensation d'envol. Il regarda dans le vide pour y voir quelques gros mammifères marins, d'autres falaises à visiter, et.... une chose non identifiée... Amiral le fixa de ses yeux noirs, ne voyant pas très bien a cause des pierres se qu'il se cachait là. Tout ses sens s'amplifièrent afin d'essayer de savoir ce qu'il se cachait là. Il était sur le qui-vive, prêt à réagir.

Amiral restait silencieux, il l'observait, le scrutait. Cette chose, ce ....ce bipède, avait l'air calme, tranquille. Mais, méfiez vous de l'eau qui dort, comme on dit souvent. L'étalon se pencha en avant, reportant une partie de son poids sur ses antérieurs, ce qui eu pour effet de faire céder quelques petit cailloux du bord de la falaise. Amiral se remit tout de suis dans sa posture précédente, ne préférant rien faire de plus pour ne pas tomber dans le vide. De plus il y avait cette chose en bas, cet espèce de cocotier miniature avec des feuilles noires sur la tête, et qui en plus, se déplaçait ! Mais où va le monde...

L'étalon se mit à marcher au bord, comme pour chercher un meilleur angle de vue. Il le lâchait parfois du regard, pour voir autour de lui, si aucuns danger approchait. Puis il revint sur l'humain. Seulement, il ne voyait aucun passage qui lui permettrai d'approcher cette créature, avec son corps massif. La paroi est bien trop friable.

Amiral ne le quittait pas du regard, ses oreilles bougeaient dans tout les sens, au moindre bruit. Cette chose pouvait apparemment se glisser n'importe où, il faudrait d'autant plus de méfiance donc.
L'étalon ne bougeait pas poussé entre la curiosité de l'apprentissage, et le désir de... le pousser en fait, ou tout autre chose permettant de partir.

Tout le long de son ascension, Amiral l'avait regardé, au risque de tomber tellement il le regardait. Puis le voilà arrivé en haut. Pas très grand un peu trop gringalet, enfin bon mesurer son gabarit vis à vis d'un cheval, on est jamais très épais ( )
Le voilà maintenant à porté, de vue de toucher d'ouïe et de sabot. Mmmh Amiral était curieux, mais de là à l'approcher, il n'était pas fou tout de même.

L'étalon le regardait faire, curieux. Puis il se reporta sur la vision de cette mer qui commençait à s'éveiller, a devenir houleuse, hargneuse. L'air se faisait plus salé, plus lourd en humidité.
Amiral tendit l'encolure haut, pour inspirer profondément, et expirer lentement.
Le cocotier émit des sons, ce qui fit revenir l'étalon sur lui. Quel charabia incompréhensible...

Au loin, s'amoncelait de gros nuages gris menaçants. Amiral les regardaient faire, chaotiques, mais d'une rare beauté. L'étalon restait là, de son corps massif, comme statufié de marbre. Mais la statue, elle, ne refléterai pas la puissance de l'étalon, ses muscles saillant sous sa peau ébène. L'air marin agitait ses crins, alors que lui ne bougeait pas d'un iota. Le mastodonte restait silencieux, sans bouger, semblant faire corps avec la falaise. La robe du monstre luisait sous les rayons naissant, mourant lentement sous l'assaut virulent des nuages de pluie. Au bout d'un long moment, Amiral tourna sa tête vers lui, simplement, le fixant droit à l'âme, sans détours.