take a step

Traçant sa route à travers les rizières, Qem prit soudain le galop après avoir décoché un coup de rein dans le vent.

Il marchait là

rapidos et voilà ¬¬

Ca c'est de la réponse bebom !

Qem ne lui fonça pas dedans parce que c'est tout le temps comme ça donc à la fin c'est plus drôle. Elle passa simplement à côté de lui sans le voir à une vitesse folle, eh oui, et ce n'est qu'après avoir effectué une centaine de mètres à toute allure qu'elle freina brusquement, fit volte-face, braqua ses yeux sur la silhouette noire au loin, et assimila le fait qu'elle venait de passer devant Chuck.

Chuck vit passer Qem devant lui. Il le savait parce que c'était un genie. Son cœur s'emballa sous la pression, et son estomac se serra. Elle ne semblait pas l'avoir reconnu jusqu'à ce qu'elle s'arrête. Il resta immobile.

pas mieux :D

putain trop puissante cette fille

Elle revint sur ses pas en quelques petites foulées hésitantes. Les yeux posés sur Chuck, elle étudia les traits de son visage, appréhendant le moment où il faudrait mettre des mots sur ce qui s'était passé la dernière fois. " Chuck ... " Souffla-t-elle. Elle n'avait pas envie de faire semblant que tout allait bien, que rien ne la tracassait.

tkt

L'étalon noir la regarda s'approcher quelques secondes avant de détourner son attention sur le reste du paysage. Ses sabots étaient scotchés dans la boue, à l'image de son esprit. Quand il sut qu'elle était à ses côtés et qu'elle souffla son nom, il leva ses yeux vers elle, un sourire sympathique sur les lèvres. « Salut Qem. Ça fart ? » Il n'avait aucune intention de régler ses problèmes, c'était bien là son.. problème.

Elle le fixa sans broncher et le silence qui s'installa, ainsi que l'expression de son visage témoignèrent bien de son état d'esprit. Elle n'était pas vraiment d'humeur. Elle n'était plus d'humeur. A jouer, à éviter les sujets sensibles, à taire ses émotions, à faire la gentille. A se faire couilloner comme d'habitude. " T'étais pas dans ton état normal la dernière fois. " Les mots la frappèrent douloureusement, le fait de les prononcer les rendait rééls, presque palpables, et elle ne pouvait empêcher les espoirs spontanés et involontaires de la submerger.

Il la détestait pour le forcer à se remémorer cette longue journée de la Saint-Valentin, où tout ne s'était pas déroulé comme prévu. Il savait très bien ce qu'il s'était passé, en tout cas de son côté. Il avait été ensorcelé et il en portait encore la preuve sur sa fesse gauche. Il avait été transformé, réduit en un ridicule pantin, un amoureux transi des plus détestables. Il tentait de mettre de côté le fait que ça avait sûrement été la plus belle journée de sa vie, bien sûr. Il la regarda, luttant pour garder son petit air jovial. Que rien ne transparaisse. Mais ce qui le torturait le plus, ce n'était pas de savoir s'il ressentait réellement ce qu'il lui avait promis quelques jours plutôt, mais de savoir si elle avait été sincère ce jour là, si elle avait prête à l'aimer en retour. « Oui, je suis désolé. Enfin c'était drôle... Toi non plus, t'étais pas dans ton état normal, il me semble. » Prêcher le faux pour savoir le vrai.

Repenser à cette journée était également douloureux pour Qem, probablement pour une raison différente, bien que tous les problèmes soient liés aux sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre, si confus, si incertains fussent-ils. Elle serra les dents en tentant de garder son sang-froid. Elle se sentait prête à imploser d'un moment à l'autre, toute la nervosité, l'inquiètude, le doute contenus en elle menaçaient de déborder. " Sauf que je m'en suis rendue compte. " Elle pensait toujours avoir été victime d'un filtre d'amour, ce qui en l'occurrence était faux, elle était donc parfaitement consciente de la situation et n'avait aucune excuse quant à sa manière d'agir.

Il médita quelques instants ses paroles. Elle s'en était rendue compte ? Est-ce que ça voulait dire qu'elle était consciente de ses actes, qu'elle était sincère, que tout ce qu'elle avait fait, c'était elle qui l'avait fait et non une version ensorcelée ? Il tenta de se souvenir de ce qu'elle lui avait dit, justement. Tout lui semblait coloré et magique quand il revivait les scènes de cette journée, comme si un filtre avait été glissé devant ses yeux. Il lui semblait qu'elle n'avait pas été particulièrement engageante ni direct, elle s'était laissé aller voilà tout. « Et pourquoi tu ne m'as pas repoussé alors ? » demanda-t-il un brin provocateur.

" Si je l'avais fait, tu te serais suicidé abruti, t'aurais du voir dans quel état t'étais ! " En fait, elle avait surtout eu envie de profiter du moment, même si elle n'avait pas tenu à ce que Chuck fasse une connerie sous l'influence du filtre. Et plus des facteurs tel que la date et les sentiments qu'elle avait en elle l'avaient poussé à ne pas repousser le noir. " En plus je te l'ai dis, que c'était le filtre dans la pomme d'amour, et tu m'as pas écouté èè " Oui oui elle essayait effectivement de rejeter la faute sur lui.

Un peu vexé, il fit quelques pas à reculons en rejetant d'un geste brusque ses crins noirs devant ses yeux. « J'ai bien vu merci. T'en fais pas que ça ne serait jamais arrivé dans le cas contraire. Je sors pas avec les moches. » Oui, ici nous avons un symptôme de la connerie très puissant et facilement observable chez le cas social qu'est Chuck. « Un coup de malchance donc. C'est déjà oublié pour moi en tout cas. » rajouta-t-il avec un petit sourire peu agréable.

Qem sentit une vague d'incompréhension, de tristesse, de surprise la submerger. Quoi ? Pardon ? Il pensait vraiment ce qu'il venait de dire ... ? Son estomac se tordit brutalement, son corps entier se tendit comme pour résister aux mots de Chuck. Elle avait soudain mal, si mal. Mais il était évidemment hors de question de montrer une quelconque faiblesse, oh ça non. Pas cette fois. " T'es ... " Elle serra les dents, déglutit et inspira. " T'es vraiment qu'un pauvre crétin. " Elle ne pouvait pas croire qu'il s'était foutu d'elle à ce point, non, elle ne supportait pas qu'il gâche tout ses espoirs secrets. C'était trop inattendu, trop injuste, trop dur, déchirant et insupportable. " Tu comprends rien à rien, tu crois que tu maîtrises tout, que tu peux vivre tout seul comme un grand, que tu contrôles ta vie parfaitement mais ... t'es qu'un gros paumé. UN GROS CONNARD. " Hurla-t-elle, oubliant de contenir sa douleur. Tremblante de colère, elle fixa le noir sans ciller, fermement résolue à ne pas baisser les yeux et à ne pas fuir, surtout.

A croire qu'il ne changerait jamais. REFLECHIR, Chuck, REFLECHIR avant de parler. Mais non, jamais, oh grand jamais. Je n'ai pas besoin de vous parler de ce qui se déroulait à l'intérieur de lui. Premièrement parce que c'était qu'un gros fouillis de sentiments refoulés, de frustrations et de colères, et secondo parce que j'ai la flemme. A l'extérieur en revanche, il gardait un flegme plutôt réussi, sûrement le résultat de quelques années de perfectionnement. Il y avait bien un peu de tristesse dans ses yeux, voir beaucoup, mais tout cela était joliment masqué par un masque de colère colère, qui n'était adressée à personne d'autre qu'à lui-même. « Ça va calmos, j'plaisante. J'croyais que t'en avais rien à foutre de ma gueule. Faut savoir c'que tu veux. Et qu'est-ce t'en as à foutre que j'te dise que ça si j'suis qu'un gros paumé qui te fait pitié hein ?? Dégage de là si c'est ce que tu penses, va te faire sauter par ton mec là et viens pas me les casser. » L'attaque était la meilleure des défenses, surtout quand on s'appelait Chuck et qu'on était incapable d'assumer quoique ce soit.

Sorrysorrysorry

Sa respiration se bloqua. Un poids immense pesait sur ses épaules, une avalanche de maux s'écrasait sur elle et elle n'arrivait à pas à trouver comment y faire face, comment rester digne et forte. C'était comme si toutes ses certitudes au sujet de Chuck s'envolaient, réduites en cendre. Comme si on lui ouvrait brusquement les yeux sur le personnage qu'il était, comme si elle découvrait amèrement les facettes noires de l'étalon. S'il n'y avait pas l'ombre d'un doute, d'une surprise sur son visage, tout était parfaitement flou dans sa tête. Elle n'arrivait pas à pointer ses torts, à comprendre ce qu'elle avait pu faire qui amène les choses à déconner ainsi. Alors elle entreprit d'oublier son rôle dans l'histoire, elle décida de se glisser derrière un masque, d'emprunter le déguisement de quelqu'un qui sait quoi faire, quand et comment. " Tu sais quoi ? T'as raison, j'retourne me faire sauter par mon mec. J'me casse d'ici, et pas simplement d'ici d'ailleurs. Je disparais de ta vie. Voilà. La moche te laisse aller faire le paumé avec d'autres moches. La moche te laisse tranquille pour toujours. La moche te dis adieu. " Elle pivota sur ses talons après avoir fixé son visage une dernière fois, puis sa silhouette s'évanouit dans le brouillard alors qu'elle partait.