break me if you can ~ E.

Elle ne savait rien dire, rien faire, et c'était mieux ainsi.
Elle ne bougeait pas, et même, pour la première fois, tenta de chercher le regard de l'étalon, voulant ce contact. Les paroles de l'étalon étaient floue, elles semblaient être un bruit de fond qui traversait sa tête.
Au contraire, lorsque celui-ci se dégagea, elle bougea uniquement la tête pour le voir, son corps parcouru d'un seul et unique soubresaut lorsqu'il heurta le sol de son sabot, si prêt d'elle. Pas de cris, pas de bruit. Silence.
Crois-tu réellement arrêter Cadence ? Penses-tu vraiment pouvoir ainsi la briser ? Jamais.
Certes secouée, elle ne se releva pas de suite, restant un instant couchée, fermant les yeux en écoutant les fortes foulées du mal sur le sable. La jument de cendre rouvrit les mirettes avec lenteur, faisant un grand soupire avant de relever sa fine carcasse qui pourtant lui avait sembler si lourde.
Elle s'ébroua difficilement et tenta de reprendre ses esprits avant de tourner la tête et de simplement regarder le mâle sombre. Pinçant les naseaux, elle s'approcha, mais dans un pas lent < Si... > Commença-t-elle, d'une voix tendre, peut-être même un peu tremblante, sa phrase certainement envolée avec la brise < ... Mais je suis masochiste. >

Brises la. Détruis la. Tues la.
Si c'était blesser pour le plaisir de blesser, il avait trouver sa chose. Elle n'était pas apte à répliquer, à quoi que ce soit, elle n'était pas capable de réagir, au moindre geste.
Qu'elle soit mutilée, ça n'allait pas pour autant lui faire comprendre la réalité. C'était comme une maladie, comme un début d'autisme, mais sans l'enfermer dans un monde imaginaire. Quoi que...
Elle s'était arrêtée à quelques mètres de lui, derrière, et à la fois sur le côté. Elle détourna un court instant son regard, redressant sa frêle encolure en regardant dans d'autres directions, interpellée, sa curiosité réveillée, par le chant des rares oiseaux qui appréciaient l'air marin. Un large sourire apaisé étira ses lèvres avant qu'elle ne reporte son intérêt sur le mâle, baissant simplement la tête en détendant l'encolure, dressant néanmoins les oreilles dans sa direction, sans pour autant changer d'attitude.
Cadence, elle avait un bouton "effacer".

Cannibale.
Elle n'avait fait que le regarder, sans bouger. Elle ne faisait que le suivre du regard, de ses yeux anormal qui en avait fait rire plus d'un.
Il s'excusa. De quoi ? Cadence redressa vivement l'encolure à son excuse, si il y avait une seule chose qui l'irritait, c'était bien ça. Elle fonctionnait à l'envers.
La douce à la robe calcinée le laissa s'approcher, le laissa nettoyer sa plaie qu'elle avait, pourtant, quasiment oublié. Peut-être était-ce une arnaque, un mauvais plan, quelque chose qui allait lui retomber dessus, mais sur elle, sa marchait, ou allait marché, à merveille. La douce ferma les yeux une fraction de seconde en laissant un petit rire, fin et léger, rien de moqueur, juste amusé pour une raison inexpliquée, s'échapper de sa gorge pas très longtemps.
Rouvrant les mirettes, elle les posa sur l'étalon en soupirant de façon inaudible < Ca ne sert à rien de s'excuser, lorsque l'on est déjà tout pardonné. > Problème.

Animal.
Elle n'avait plus rien à dire jusqu'à ce qu'il lui parle, simplement parce qu'elle ne servait à rien. Elle n'était là que pour le divertir, que pour le plaisir.
Un plaisir malsain, malheureusement, mais à chacun ses goûts, qui était-elle pour juger. < Faux. Il ne fait qu'exprimer une culpabilité, même inexistante. > Souffla-t-elle immédiatement après sa réponse. < Le pardon ne sert qu'aux déranger, qu'aux insatisfait. > Continua-t-elle, sûre d'elle, pour une fois. < La personne blessée n'en a pas besoin, si celle-ci n'est pas capable de reprocher. > Parfois, Cadence suivait ses propres idées, mais ne demandait pas aux autres de les comprendre pour autant.

< ... De nulle part. >
C'était bien l'une des questions qu'il fallait éviter de lui poser. Elle n'avait jamais été posée quelque part, elle avait toujours été seule avec sa mère. Nomade.
Elle soupire, repense à ce qu'elle faisait avant. Pour elle, le plus dur, c'était les adieux, et elle savait très bien que ces terres allaient être comme toutes les autres, éphémères.

< Une promesse... >
Un murmure, une brise musicale, un souffle... Silence.
Un pas, suivit d'un autre, presque une danse, stoppée par l'écume sur le sable, tel un nuage tombé au sol, elle laissait ses yeux se lever vers le ciel. Gênée, intimidé, honteuse.

Elle rabaissa la tête, le ciel s'assombrissant de plus en plus. Celui-ci tombait lentement dans un bleu de plus en plus foncé. Non vif. Mort.
Penchant légèrement la tête, elle se tourna lentement vers le mâle, posant ses deux yeux dessus. D'un mouvement de tête, elle emmêla son toupet, le rejetant sur le côté, affichant son oeil bleu. Arquant légèrement l'encolure, elle agita les oreilles, s'avançant encore un peu. Malgré tout, elle l'aimait bien. < Quelqu'un que je souhaite emplir de fierté.. >