clap clip clap petite pluie d'avril tombe du ciel en jolis diamants / Somebody

Une rage silencieuse vint embuer ses grands yeux noirs. Elle n'était qu'une incomprise, trop paradoxale, trop à fleur de peau. « Mais non ! T'as rien capté ! » Avait-elle crié, avec la violence d'un ado qui hurlerait à ses parents qu'ils n'étaient pas du même monde que lui. « Je suis heureuse de vivre ! Je connais le bonheur ! Quand j'entends les oiseaux chanter, quand je vois un poulain s'amuser, ça m'émerveille encore. Tu comprends ? » Mary secoua sa tête. « Le truc, c'est que j'ai souffert une fois, une seule. Pas grand chose. Mais j'ai tellement peur d'emprunter le même chemin que ma mère ! Alors j'ai décidé de me protéger, de devenir une combattante. Parce que j'ai ouveeeert les yeux sur le monde. Oui, au début, ça fait peur, mais on s'habitue je te jure ! On fait plus attention, on devient même un peu parano. » Petite pause. « Mais c'est né-cé-ssai-re. Comme ça, je suis toujours prête à réagir, à fuir, à me défendre. Tout ça, pour me protéger, pour continuer à vivre heureuse et à pouvoir sourire. »

Elle sursauta, surprise par le cri. -Inutile de t'énerver ! Gronda -t- elle, le coeur palpitant. -Si c'est ta manière de te protéger, très bien. Je comprends. C'est toi qui a raison, en fin de compte. J'ai été trop naïve, je me suis laissée berner par une vague de compliments, et j'en paye les conséquences à présent. Marmonna Som, amère.

Mary n'osa plus dire un mot. Elle était maladroite, trop centrée sur elle-même. Elle venait d'agresser une jument palomino qui essayait de l'aider parce qu'elle avait eut le malheur d'être à côté de la vérité de Mary, de ses caprices émotionnels. Ce constat était honteux, et la petite rebelle d'opérette baissa les yeux. « Désolée. Je suis égoïste. » Berner par une vague de compliments ? Elle aussi ? May se mordit la lèvre. Si ça tombe, elles avaient vécu la même chose toutes les deux.

Somebody redressa la tête, un léger sourire se profilant sur ses lèvres. -Non, ce n'est rien. Elle se secoua légèrement. -J'ai cru comprendre que c'était ... un peu pareil pour vous, non ? Je veux dire, avec cet étalon... Grimaça -t- elle.

Mary fit une moue qui se voulait être un sourire. Elle se trouvait vraiment trop bête parfois. « Oui, oui. Il m'a dis des mots doux, j'ai donné tout mon amour. J'étais prête à avoir un enfant, à passer au-dessus de mes peurs de toujours. Et là pouf, j'apprends qu'il a le béguin pour une tueuse et je ne le revoit plus jamais. »

Somebody grimaça légèrement. Les étalons étaient bien tous les même... -Je suis désolée pour toi... J'ai connu à peu près la même chose, à la seule différence que lui a réussit à me faire un gosse avant de me tromper pour une autre jument, de qui il voulait exactement la même chose. Je les ai surpris, il m'a reniée, a dit qu'il ne me connaissait pas, et m'a frappée, ainsi que l'autre jument qui essayait de s'interposer, avant de s'enfuir comme un lâche, en nous laissant toutes les deux à notre triste sort.

« Mais c'est horrible ! Tu as vécu bien pire que moi. » Elle frappa rageusement le sol. « Quel s***** alors ! »

Elle haussa une épaule. -Chaque épreuve est douloureuse à traverser, alors pour démêler le pire du moins pire, je m'en fiche un peu... Souffla -t- elle sagement. -Mais oui, on peut le dire pour ces deux là, ce sont des enfoirés !

Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel. « Les étalons en général. Rares sont ceux qui ne sont pas des pervers malotrus. »

Elle acquiesça fermement. -Je suis bien d'accord. Au fond ils ont tous la même idée en tête è_é !

Ça, c'était bien vrai. « Puis, va dire à un pervers d'élever son fils hein ! »

Les paroles de la grise lui firent repenser à son aventure, couronnée d'échec, et la laissant seule avec un futur gamin dans les pattes. Son regard se posa sur son ventre déjà bien enflé. -Oh, pour le mien en tout cas, pas de problème. Son fils il le veut absolument... C'est pour cette raison qu'il m'a frappé d'ailleurs, je ne voulais pas qu'il le voie après tout ça...