on sera jamais des standards, des gens bien comme il faut.

ce contact dure combien de temps ? quelques secondes peut-être, avant que je ne lui attrape vigoureusement les naseaux que je serre jusqu'à sang, quasiment. c'est moi qui touche, seulement moi. je la relâche suite à une dernière pression, les naseaux dilatés, l'oeil brillant de plaisir. je suis fou.

Invité

Un glapissement lui échappa tandis que la douleur prenait brièvement possession de son corps, à la façon d'une décharge électrique. Elle recula d'un pas, observant avec hébétude le liquide pourpre qui souillait sa robe immaculée, gouttant sur le sol. Elle fit volte face avec brusquerie, envoyant ses postérieurs dans le corps de l'autre femelle avant de s'éloigner au trot.

je ne supporte pas qu'on me touche, étrangement. je ne sais pas pourquoi. elle envoie ses postérieurs contre moi, je chancelle. je tombe. la vase souille ma robe palomino. je ne bouge plus et je fixe le ciel. j'oublie toute présence. j'ai la marque de ses sabots sur mon épaule. je ne comprends plus rien, je ne veux plus rien comprendre. le ciel est gris, la terre est putride, mon coeur est gelé. j'ai froid mais je ne bouge pas. pourquoi ?

Invité

Elle s'immobilisa, s'ébroua. Des gouttes de sang jaillissent. Elle n'y prêta pas attention, se retourna de nouveau. Elle observa le corps à terre. Il lui semblait pitoyable. A moins que ça ne soit elle ?
La jument était peut-être morte. Si sa tête a claqué sur une pierre en tombant, c'est tout à fait possible. Mais elle ne l'espérait pas. Enfin, elle n'a plus d'espoir. Elle regardait, la tête haute, les quatre sabots plantés dans la terre humide.

je crois que je ne suis pas mort, cela dit, je ne m'en réjouis pas non plus. je sens encore mon coeur battre dans mon poitrail. je clos mes paupières, écoutant ce coeur battre. il n'y a que dans ces moments que ceux-là, que l'on se rend vraiment compte que c'est cet organe qui nous fait vivre. on imagine sa puissance seulement quand il pulse avec plus de force entre nos veines. qu'il fait pulser notre sang dans chaque parcelle de notre pitoyable corps. j'ouvre les yeux et j'observe. la jument s'est arrêtée. je me relève, péniblement, ayant arrêté de la regarder. les jambes flageolantes, je me fais pitié. cela fait des jours que je n'ai pas mangé et que je croupis dans ces marécages.

Invité

Elle s'approcha, à pas lent, mesurés. Chaque foulée est sensiblement de la même taille, elle faisait attention. Fascinée, elle regardait la palomino se relever.

- On devrait partir d'ici.

Son regard perçant tomba sur les flancs amaigris de la jument. Elle a longtemps souffert de la faim ; elle savait en reconnaître les signes.

je redresse vivement mon regard vers celui de la blanche, farouchement. je lis dans son regard cette pitié quand son regard se pose sur mes flancs. je pivote, pour que ceux-ci échappent à son regard critique. à cette lueur que je déteste. pour combien la pitié est-elle sincère ? à quel prix devons-nous aider autrui si nous ressentons de la pitié ? je jette un regard à l'environnement que je connais sans reconnaître, les oreilles plaquées contre mon échine. puis, je reporte mon regard sur elle. je ne bougerai pas.

Invité

Elle n'a pas pitié. Elle est fascinée, agacée, captivée, énervée. Mais elle n'a pas pitié. Elle savait ce que c'était. Ce sentiment si facilement lisible dans les yeux des autres. Qui donne envie de lui donner un bon coup de sabot. Lorsqu'elle était aussi maigre qu'un cadavre, aussi terne que la vase qui les entoure ; on l'observait ainsi avec la certitude qu'elle mourrait avant la fin de l'hiver. Non, c'est atroce. Elle ne s'apitoie pas.
Elle se détourna avec lenteur. Dommage.

je suis têtu. peut-être suis-je bête. probablement, d'ailleurs.je clos mes yeux un instant, puis quand je les ouvre elle se détourne. une étrange sensation m'envahit. l'abandon. je ne sais d'où il vient. mais il me cloue sur place. douleur sur douleur.

Invité

Elle s'immobilisa. Avança un antérieur, le posa sur la vase, le retira. Elle avait ainsi formé l'empreinte de son sabot qu'elle observa quelques secondes avant de tourner la tête.

- Sûre ?

je fronce les sourcils. plus de pitié ? je ne la lis plus. je suis campé sur mes membres, et l'observe comme si je la sondais toute entière. puis je fais un pas vers elle pour seule réponse. après tout, cela ne m'apporte rien de rester ici.

Invité

Un sourire, très mince mais sourire quand même se forme sur ses lèvres. Il apporte un éclat de ... bonheur ? Elle prend le pas, calmement, le sang ne coule plus. Elle veille à ne pas s'enfoncer, les sables mouvants les entourent. Elle ferme les yeux tout en marchant.

je marche un peu au hasard, sans prendre garde à m'enfoncer ou non. après tout si je reste bloquée, la jument n'aura d'autres choix que de m'abandonner à mon sort. sauf que la vase ne semble pas vouloir que je meurs en elle.

Invité

Elle se mordille la lèvre inférieure, de temps en temps elle jette un regard à la palomino. Celle-ci est étrange, plus que tous les chevaux qu'elle a déjà rencontré. Mais ça ne fait rien, cet adjectif n'est pas toujours péjoratif.

- J'espère qu'on est dans la bonne direction.

Elle ne regarde pas l'autre en disant cela, elle pense tout haut à vrai dire. Brisant le silence.

un silence qu'elle seule est en mesure de briser, de toute façon. j'inspire l'odeur putride des marécages, comme pour m'en imprégner. mon encolure se balance faiblement, au rythme de mes pas, alors que je continue mon chemin un peu en retrait de la blanche, observant les tâches de boue sur ses membres et son ventre.

» # Ca ne sera jamais chez moi
» Il ne faut jamais hésiter dans la vie !
» Parce qu'il le faut bien...
» Parce qu'il le faut bien o/
» Il faut bien une dernière fois