Douce chaleur | Miu

Le jour commençait juste à se lever. L'alezane, contusionnée et fatiguée du poids de ce poulain, s'était glissée dans l'eau réconfortante des bains thermaux.

Les remous chaud, comme un massage, la détendaient peu à peu. Aveuglée par tant de vapeur, elle chercha un bord pour pouvoir s'y reposer. Elle s'étira et posa sa tête sur la roche...avant de se redresser en vitesse, forcée de constater que ce n'était pas un rocher mais...quelqu'un ?

Sous cette robe de feu, impossible de le voir mais les joues de Miu s'étaient teintées de pourpre. Les yeux ronds, les oreilles tournées vers l'arrière à cause de sa vive surprise, elle ne se détendit absolument pas devant les paroles du beau noiraud ; "C'était pas dans mes attentions....enfin si ! Non ! C'est juste que j'ai pris votre...vos...enfin j'vous ai pris pour un rocher !"

"Héhé, tant mieux !" S'exclama Miu, toujours aussi peu à l'aise. L'étalon ne lui en tenait visiblement pas rigueur puisqu'il lui laissa une place et déclina son identité ; "Merci." Dans un loooong soupir de bien-être, elle posa enfin sa fine tête sur le rebord des bains chauds. Ses paupières se fermèrent un instant ; "Et moi Miu, heureuse de vous rencontrer....même si mes phases d'approches sont certainement un peu brusques   " 

Les yeux clos, Miu s'attendait au baratin habituel. Enchanté. Vous habitez ici ? Non vraiment ? Et sinon, vous vivez toujours chez vos parents ? Un demi-sourire lui étira les lèvres. C'était déjà assez délicat de partager le bain d'un bel étalon, gentil et masseur. Heu...masseur ?! Ses paupières se rouvrirent brusquement. Etait-il sérieux ? "Et on me charrie parce que je pose ma tête n'importe où ?!" Impossible cependant de refuser un massage, non mais ho ! Elle se détendit et déploya son encolure. "Pourtant croyez moi, j'suis plutôt pas du genre à tâter la marchandises de la sorte   "

Elle louait tous les dieux qu'elle connaissait tant ce message était agréable. Au début, elle était complètement gênée de sentir les dents et les lèvres de ce bellâtre se presser contre sa peau douce. Un malaise bien vite oublier tant les sensations, si agréables, coulaient le long de son corps. Jamais elle n'avait connu pareil douceur mais celles-ci étaient affreusement délicieuse. Balthazar délie ses muscles du bout de son nez duveteux, calme les tiraillement de ses nerfs avec délicatesse, juste avec le bout de ses dents. Il n'épargna pas son dos mais elle s'efforça pour réprimer ce frisson qui pointait en haut de sa colonne vertébrale. La rouqine faillit pourtant s’étouffer et ria nerveusement ; " Marchandise ? Ai-je dit marchandise ? " Un petit silence gêné plana pendant lequel, pourtant, elle ne se lassa pas des attentions du grand étalon à la robe de jais ; "...bon...une marchandise de qualité alors. Du style très très bon masseur..." Elle lui glissa un clin d'oeil amusé.

Ce frisson là, elle ne put rien faire. Elle fut électrisée, de la pointe des oreilles jusqu'au bout de ses sabots. Qui était-il ? Quel était ce pouvoir ? Ses naseaux, là, tout contre son encolure...aucun étalon ne l'avait ainsi touché...et c'était un jeu dangereux. Elle pourrait facilement s'éprendre de ce beau et aimable damoiseau. Ses iris, comme taillées dans l'ambre délicatement polie, soutinrent le regard de Balthazar. Elle se sentait légère, un peu somnolente peut-être "...je s'rai ravie de vous faire visiter les environs. En fait..." La rousse se releva, faisant face au mâle vêtu de son bel habit noir ; "...j'suis dominante de ces lieux."

"Hé non..." Souffla la rousse en baissant la tête pour essayer de capter le regard de Balthazar ; "Même les dominantes apprécient un massage de temps en temps !" Plaisanta-t-elle en se rapprochant d'un pas. "C'est un rôle ouai mais j'reste une jument comme les autres...vous ne m'avez jamais offensé."