Love Lockdown

Âme en perdition, ses démons ne l'avaient pas quitté. Loin de là d'ailleurs : ils collaient à son corps comme une moule au rocher. Se battre ? Abandonner ? La fine silhouette vêtue de nuit glissait au-dessus du sol, légère et silencieuse, flirtant avec l'écorce sombre des cerisiers.

L'esprit ailleurs, votre défectueuse machine n'avait prêté attention à ses sens qui, pourtant, l'avertissaient d'une présence autre que celle des Ombres. Ce fut finalement son hennissement qui le ramena à la réalité, le faisant ralentir et venir, doucement. | Salutations, Etranger. Le grand noir eut un mouvement de tête, respectueux de cette âme qu'il ne connaissait encore.

Aux mots de l'inconnu, votre machine défectueuse leva les yeux, les posant sur l'azur que vous faisiez toujours plus bleu. | Oui, belle journée. Mais je lui préfère la nuit et ses denses ombres ... Il planta à nouveau ses yeux sans fon sur la silhouette bicolore de l'étalon, observant un silence respectueux.

Peu de chose le surprenait encore, mais c'était volontiers qu'il se faisait élève. Dans le silence, il observait ses congénères, en apprenant toujours davantage si bien qu'un jour, il s'était rendu donc de la facilité qu'il avait à décrypter les attitudes. Rien ne valait encore un personnage ambigu, complexe. Le noir ne souriait pourtant pas : il ne savait pas. | C'est un nom intéressant. D'où vous vient-il ? Lui, ce qu'il aimait, c'était apprendre.

Avec douceur, l'étalon noir agita la tête, un de ces rictus allumant son visage. Ce fut presque un sourire, mais si furtif qu'il était en fait impossible de le dire. | Alors, je me vois obligé de vous questionner sur un autre sujet, Etranger. Une étrange lueur s'embrasa dans son regard. | Qu'êtes-vous ? La question fut détonante. Une bombe. A retardement ? Il se moquait de son nom, il se moquait de ce qu'il pensait être. Il l'interrogeait cette fois sur ses désirs profonds, sur ses névroses.

Le puissant étalon noir laissa ses mots s'imprimer dans l'air, n'ajoutant ni ne relevant rien. Il n'en savait rien. Il n'en savait rien, mais était-ce là tout, tout ce qu'il pouvait lui dire ? Toi, tu es vivant.

Qui était-il ? Sourire intérieur. Il était cette âme, ce corps et ces gestes. Là était qui il était. A son soulagement, la question ne portait pas sur le que et, subtil ou non, il se contenta de décliner son identité. | Verwandlung. je suis Verwandlung. & ce fut tout.