we are infinity

Tout le monde se préoccupait de l'enfant mais pas d'elle, disait la paranoïa. Budapest lui parlait comme si elle était folle, et Alisha le percevait. Elle voulait lui répondre, et lui dire qu'il fallait qu'il la trouve, qu'il la sauve, mais elle ne se souvenait plus de ça. Elle se souvenait de la forme à terre, elle ne bougeait pas. Elle n'existait pas. < Elle est morte. > lâcha-t-elle d'une voix sombre, fermant les yeux avec douleur.

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Elle. C'était donc une fille. Morte. Budapest recevait les mots au ralenti, tressaillant au dernier. Tandis qu'un instant plus tôt, milles questions fusaient dans son esprit, il fut vidé d'un seul coup, un silence imposant s'éprenant de son cerveau, plus aucune pensée de pouvant lutter avec celle-là, obnubilante. Elle est morte. Morte. M-O-R-T-E. Les genoux de l'étalon flanchèrent, mais il se rattrapa. Il ne connaissait même pas l'existence de cet enfant quelques minutes auparavant, et pourtant il avait l'impression que sa mort était la sienne. Tressaillant, il avança, et enlaça son encolure autour de celle d'Alisha, l'attirant contre son poitrail musclé, sans lui demander son avis ou même lui laisser le choix. S'il était déchiré par cette nouvelle, elle devait l'être aussi. Plongeant ses naseaux dans sa crinière, il inspira son parfum, étranger et familier à la fois.

Je croyais que tu ne connaissais pas le sexe de ton enfant ? C'est bien pour ça que tu l'appelles la chose. Elle ne sait pas, elle a utilisé le féminin parce que c'était une chose. Mensonges. Elle était perdue dans ce flots de voix qui se contredisaient et qui lui donnait un mal de tête constant, infini, profond. Elle serra les dents, comme d'habitude, gardant ses yeux fermés pour se concentrer sur ses sensations et non ses pensées. Mais soudain, quelque chose de brûlant - bien trop chaud pour son corps froid - l'entoura et elle se retrouva contre le poitrail de Budapest. Elle opposa une légère résistance, surprise et un peu gênée par ce contact soudain. Elle resta tendue quelques instants, avant de se laisser aller contre lui, cachant sa fine tête dans ses crins crème, pleurant silencieusement. Pardonnez-moi, pardonnez-moi. Elle n'arrivait plus à démêler le vrai du faux, elle n'arrivait plus à se confier, elle ne savait plus quoi faire. < Pardon ... > gémit-elle doucement.

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Peut-être étais-ce ce dont elle avait besoin depuis le début : qu'on la tienne. Il sentait qu'elle le poussait légèrement, mais il insista, jusqu'à la sentir abandonner, lâcher prise, sanglotant contre sa crinière, sans bruit. Il n'était plus en colère, ni triste, ni blessé. Il voulait juste reconstruire. Alisha et lui ne s'étaient pas vu pendant un an, et Budapest avait changé, autant physiquement que mentalement. Il ne voulait pas la sauter puis la fuir comme d'autres l'auraient fait, il voulait qu'elle aille bien, qu'elle aille mieux, qu'elle s'en remette. S'appuyant légèrement contre sa nuque, il soupira, serrant ses yeux fermés en essayant de digérer le fait que leur enfant soit morte. Morte. C'était un si petit mot pour un fait si immense. Et Budapest avait beau se sentir fort psychologiquement, il n'avait jamais vraiment affronté la mort, n'avait jamais eu à gérer la perte. Il avait même faillit devenir fou lorsqu'il avait apprit que Mara était borgne. Leur étreinte ayant duré assez longtemps, il fit un pas en arrière, restant encore un contact avec elle au cas où elle voulait encore qu'il la tienne. Croisant son regard rouge, le pie soupira, voulant lui demander comment elle allait, mais sans trouver la force pour le faire.

Elle se sentait jugée par Caelis, rejetée par Sonic, elle voyait le regard lourd de reproches sur elle partout où elle allait. Elle savait qu'elle allait mal mais elle ne pouvait le dire à personne, trop effrayée par elle-même. Elle courrait vers la solitude alors même qu'elle la craignait. Réchauffée par le contact du pie, Alisha profita de ce court instant, se demandant vaguement où ils en étaient. Il était peut-être en couple avec Caelis maintenant. Ou avec une autre jument. De toute façon, elle n'en avait rien à faire hein ? T'es qu'une menteuse. Pinçant ses naseaux, la rousse se recula doucement tandis que Budapest mettait fin à son étreinte. Elle avait de nouveau les yeux secs, les yeux brûlés par le sel de ses larmes honteuses. On la pensait triste par la perte de son enfant, mais c'était la honte qui la rendait folle. La honte, son propre mensonge, le choc de son esprit aveuglé quand il avait dû se confronter à la réalité. Allez, ressaisis-toi. Tout va bien. < Tu ... ça va ? > dit-elle d'une voix rauque, parce qu'il fallait pas qu'elle ait l'air de le fuir. Sauver les apparences hein.

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Loin était-il de se douter du mensonge de la petite alezane. Caelis s'était gardé de lui en parler, pour l'instant, mais cela n'allait pas tarder. Pour l'instant, Budapest toisait Alisha avec douleur, la croyant dans le même bateau que lui. Ça va. Il n'y avait rien de plus qu'il pouvait vraiment ajouter. Il ne sautait pas de joie, mais il s'en remettrait. Il avait une famille désormais, il se devait d'être fort pour eux. Pourquoi n'es-tu pas venue me voir ? s'enquit-il d'une voix douce. Elle avait eu pratiquement un an pour lui en parler, pour lui demander de l'aider, et pourtant elle l'avait fuit.

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