j'ai vu des étoiles et des nuits comme on n'en verra plus.

Il la suit, alors elle continue de marcher, de son pas gracile. « Je ne sais pas. » avoue-t-elle avec un sourire énigmatique qui n'appartient qu'à elle, entre celui d'une enfant et celui d'une doyenne. « Quelque part où on retrouvera ce qu'on a perdu. »

Elle hausse les épaules. Comme si plus rien n'avait d'importance à présent. « Et si nous ne nous retrouvons pas ? »

Elle hoche la tête, d'accord avec sa réponse. Elle plisse un peu les yeux, distinguant une forme qui s'approche d'eux. On dirait un fantôme. Nevaeh n'a pas peur, curieusement. Elle fixe l'ombre mouvante qui s'approche, avec des contours flous et difficiles à cerner. Ses prunelles ne comprennent ce que c'est lorsque les remous du vent viennent gonfler ses crins blancs comme neige. Elle se raidit, ralentit, jusqu'à s'arrêter.

Elle hoche très rapidement la scène, sans hésiter une seule seconde. Ça, c'est bien réel. Tic, tac. L'horloge est toujours là dans sa tête. Elle est peut-être folle, mais elle restera en vie. Elle l'invite à la rejoindre d'un mouvement de tête.

Comme si tout cela n'était qu'un jeu, dans sa course, Nevaeh lui donne un petit coup d'épaule. Elle lui fait un clin d'oeil et continue ses foulées.

Le danger reste un danger. Mais oui, il y a plusieurs façons de le voir. Et Nevaeh le voit d'une façon bien particulière. Elle sourit, contente d'avoir trouvé un complice dans sa folie inoffensive, et s'enfuit avec lui, flancs contre flancs.