Je veux entendre, ton coeur qui bat, tu sais, je crois qu'il chante pour moi

Elle eut un petit rire. Tu crois vraiment qu'on peut forcer ta maman à quoi que ce soit? ¬¬ Et c'était vrai. Elle lui offrit un grand sourire à son annonce. C'est génial! Mais...Mara est fidèle à son père, t'sais. Elle tourna son regard vers l'horizon, pensive.

« Ah oui. » dit-il. Il avait grandit, sa haine pour Budapest encore plus, mais il savait à quel point cela énervait sa mère. Et, pour lui montrer qu'il avait grandit, il lui donna un coup de tête, faisant abstraction de Budapest. Il aborda un sujet plus délicat « Heum, tu sais, j'ai grandi, et je me pose encore des questions... est-ce que, heum, avec Budapest, c'était bien ? » demanda t-il, gêne, sentant ses joues rosir.

Elle sourit, fermant les yeux et acceptant avec bonheur cette tendre attention. Elle le dévisagea, et ne put se retenir de pouffer de rire après réflexion. De quoi? De ce qu'on a fait pour faire Mara? Caelis lui tourna autour, puis reprit sa précédente place. Meilleur que galoper sans obstacles. Meilleur que les baies, meilleur qu'un bain chaud. Elle frémit, regarda les nuages, reposa son regard sur le jeune picoté. Une mine un peu plus sévère sur le visage, elle rajouta: N'oublie jamais Orenç, l'amour est plus fort que tout! Mais il faut être deux pour aimer... Elle soupira et regarda ses sabots, de nouveau.

Ça se confirmait alors. Il avait hâte, mais il avait peur aussi. « Mais, est-ce que, tu ne te moques pas hein... est-ce que deux garçons, c'est possible... » demanda t-il, en tournant la tête de l'autre côté. Et il se demandait comment feraient-ils, qui serait le papa, et qui serait la maman?

Caelis écarquilla ses prunelles. Elle ne comprit pas la question, premièrement, puis bredouilla: Bah, euh...je sais pas, je me suis jamais posée la question...mais tu sais, les juments ont un endroit spécial pour ça. ¬¬ Trop choquée pour rire. Elle ne réalisait pas encore.

« Non, mais pas forcément... faire l'amour mais... ressentir certaines choses? Je... je ressens des trucs, pour Iwa, mais, ce n'est pas aussi fort que... voilà... » il devenait timide, comme s'il n'avait pas le droit d'émettre certaines choses, comme si c'était interdit.

Elle le dévisageait. Ce n'était pas habituel pour lui d'être gêné. Finalement, Caelis leva les yeux aux ciel, et passa son encolure par dessus la sienne. Ecoute, fais comme tu veux. ¬¬ Moi je t'aimerais toujours, quoi qu'il arrive. Pour le taquiner, elle ajouta: Et puis, tu seras toujours mon bébé aussi!

Il était soulagé, énormément soulagé. Un lourd poids venait de s'enlever et il s'empressa de câliner les naseaux de Caelis avec les siens. « Mais tu crois que je peux faire l'amour avec un garçon aussi? » il fallait qu'il pose des questions, et qu'il ait des réponses.

Caelis sourit et souffla dans les naseaux du jeune picoté. Le problème c'est que c'est pas fait pour. è_é Et tu me fais pas grand-mère trop vite hein. ¬¬ Elle gloussa. Laissant un peu de côté ses attitudes maternelles et redevenant un peu la jeune jument qu'elle était, elle se retourna, se cabra à demi et hennit puissamment en direction des terres. Le son lui revint en écho.

« Aha, j'essaierais! » réponses aux deux déclarations de Caelis en fait. Puis il sourit à la réponse que l’écho renvoyait. Il resta campé sur ses sabots, ancré dans le sol, et hennit puissamment. L'écho s’éteignait peu à peu, et lui, il était satisfait.

Caelis, les crins au vent, son air fougueux - qui lui allait si bien - sur le visage, ne ressemblait plus en rien à une mère courageuse, calme et posée qu'elle a été ces dernières années. Aussitôt qu'elle avait eu Orenç, la grisette avait développé un instinct maternel puissant. Puis Mara était arrivée, et avait été amplifié par Iwa. Et là, délivrée de toute responsabilité, elle était libre. Caelis ressemblait à une adolescente un peu désinvolte, dans son attitude présente. Elle fit un clin d’œil à Orenç. Son physique témoignait encore de sa grossesse, et bientôt, il en subirait une nouvelle. Mais il y avait un quoique à sa liberté: Ramsès. Le pacte auquel elle était accrochée, puis Lemon et son Deal, et la guerre qui se préparait...pourrait-elle seulement combattre, avec le ventre dont elle se serait entichée? Caelis revint doucement se blottir contre son fils adoptif et soupira.

Il la regardait faire. Elle avait l'air heureuse, mais attachée. Elle se débattait de quelques chaînes qui s'entremêlaient, et qui parfois, heurtait ses flancs. Elle était presqu'elle même, c'est vrai, plus d'enfant. Pour combien de temps. « Tu penses à trop de choses? » lui demanda t-il, la réchauffant de son souffle chaud. Un peu mystérieux et mystique cet Orenç, au fond.

Elle était bien, comme ça, contre son fils adoptif, toute blottie. Non...à des choses trop importantes. Soupire-t-elle. Il devenait grand, lui aussi. Si un jour il le désirait, elle lui apprendrait à se battre. Elle en profita pour glisser: Orenç, promet moi que tu ne feras aucun mal à Budapest. Elle attrapa furtivement une mèche de ses crins pour qu'il reste près d'elle. Caelis avait besoin de ses enfants, pour résister.

Il se mordait la lèvre. « C'est trop tard. Si je le croise, je me suis promis d'essayer de lui faire mal, comme il l'a fait à Iwa... et j'aurais l'aide de Melilla... mais je ne le tuerais pas, pas moi. » il attrapa ses crins aussi, et, versant une petite larme, il lâcha quelques mots « Moi, je t'aime pour de vrai Caelis. »

Elle voulut protester, et lui faire une morale digne de ce nom. cependant, elle jugea qu'il était assez grand. Touchée par ses tendres mots de la part de son petit picoté, elle dit, la voix un peu tremblante d'émotion. Moi aussi je t'aime, mon petit Orenç! La preuve en physique qu'ils tenaient l'un à l'un. Plus précisément par leurs crins respectifs. Mais...Budapest n'a jamais fait de mal à Alisha. Crois moi, je te le jure, je sais mieux que Mellila, j'étais plus proche de lui qu'elle, et....Alisha ne se souvenait pas de ce qui c'est passé, elle croyait des choses fausses. Tu dois me croire, je ne te mentirais jamais! Mellila raconte des mensonges. Caelis lui fit un regard si lourd qu'on ne voyait aucune fausseté dedans. Si déterminée, si convaincue. Elle avait beau être en froid avec Dap, elle ne permettrait jamais qu'il lui arrive quelque chose pour des sornettes.