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Ven 30 Jan 2015 - 9:45

MURPHY.
Tu observes ton reflet en silence. La surface miroir du lac semble te renvoyer un étranger qui te dévisage avec autant de surprise que toi. Tu soupires doucement. Il parait que t'es devenu un étranger pour tout le monde. Ta mère adoptive, Mara.. Tant de monde qui te trouve changé. Tu sens soudainement une odeur et tes oreilles se dressent.

Ven 30 Jan 2015 - 9:53

Le noiraud l'avait déjà remarqué. Il l'aurait reconnu entre mille. L'amour de sa vie. Il longeait calmement le lac, prenant soin de ne pas perturber la surface lisse de ce dernier avec un pas un maladroit. Doucement, il arriva aux côtés de son dominant, de son ami, de son amant, de son ex. « Salut.. » fit-il sans savoir quel comportement adopter. Il n'avait plus l'habitude d'être avoir lui, et avait apprit à revêtir un masque qui n'éveillerait pas les soupçons sur ses sentiments.

Ven 30 Jan 2015 - 10:02

Tu le laisses venir jusqu'à toi sans bouger. Mais tes muscles se sont figés. Et à l'intérieur de ton apparence de glace, ton coeur joue les danseurs de salsa. Tu fixes toujours le lac lorsque tu réponds doucement : Salut... D'où as pu surgir une telle distance entre vous ? Tu tournes tes iris abîmés de l'intérieur pour l'observer. Il est toujours aussi beau. Plus encore qu'avant, tu trouves. Tu me manques. Tu baisses les yeux, comme si c'était une honte de lui avouer ça. Mais oui, il te manque. L'ami, le confident, le bras-droit, l'amant. En fait, tu te manques à toi tout seul. Parce qu'avec lui, tu n'étais pas le même. Tu n'étais pas cette ombre avec des couleurs.

Ven 30 Jan 2015 - 10:08

Il a arrêté de se mouvoir, s'étant arrêté à environ un mètre cinquante de l'étalon. Il avait l'impression que chaque centimètre qui les séparait représentaient l'éloignement à venir. Et il ne voulait pas que cela se produise. Trop de souvenirs hantaient encore son esprit en secret pour qu'il permette une telle chose. Mais il avait promit à Mara qu'il ne s'interposerait pas entre eux deux. D'ailleurs, le noiraud contempla un instant ce vide entre eux, pensif. « Tu me manques. » répondit-il en écho, en décalage temporel avec ce qu'il lui avait dit. Nox fit un pas, puis deux, forçant sur ses jambes qui lui paraissaient soudainement lourdes. « Tu ne vas pas bien, ces derniers temps.. » souffla-t-il, ses naseaux passant près de son épaule, un peu audacieux.

Ven 30 Jan 2015 - 10:16

Tu es rassuré de voir que c'est réciproque. Culpabilisé en même temps, aussi. Son souffle chaud sur ton corps qui semble si chaud t'électrise. Te réchauffe un peu. Tu fais de même, et tu frôles par maladresse ses naseaux. Tu frissonnes tout entier. Ramsès se plait à dire que c'est le sombre héritage que m'a laissée ma mère. Tu cherches son regard, inquiet. De son jugement. Elle était.. elle faisait partie des leurs.

Ven 30 Jan 2015 - 10:37

Nox fronça des sourcils imaginaires lorsque Murphy lui tint de tels propos. Il avait du mal à comprendre où il voulait en venir. Il sentit son coeur s'accélérer lorsque le palomino effleura ses naseaux. Etait-ce par maladresse, ou volontaire ? Le noiraud se perdit dans ce questionnement quelques instants, se demandant ce qui serait le mieux entre les deux solutions. « Tu es différent, Murphy.. tu.. tu l'a toujours été. » Sa voix baissa sur la fin de sa phrase, comme si il n'avait pas le droit de dire de telles choses, à l'heure actuelle. Quand la guerre sonnait à leur porte. Ils n'avaient pas le droit de s'égarer. « Le plus important est ce que nous sommes au fond de nous. Et tu n'as pas un mauvais fond. Tu es juste quelqu'un de bien, à qui il est arrivé de mauvaises choses. »

Ven 30 Jan 2015 - 10:48

Tu restes un long moment silencieux, méditant ses propos. Le regard dur et inébranlable braqué vers l'horizon. Qui se fait si sombre en ces temps. Puis, tu tournes tes iris chargés d'électricité vers lui. Une électricité à l'état pur, sincère.
Parce que tu es et restera un électron libre. Imprévisible. Et les mauvaises choses peuvent-elles nous transformer en quelqu'un de mauvais ? De la buée s'échappe de tes naseaux. Tu aurais envie de coller ton flanc contre le sien, mais tu n'oses pas. À l'aube et de la guerre et du départ de Mara, serait-ce une bonne idée que de replonger tête sous l'eau dans l'océan du passé ?

Ven 30 Jan 2015 - 10:52

« Elles peuvent nous rendre meilleurs. » fit-il à voix basse, ses pensées se tournant désormais vers son enfance bafouée, sur ces longs mois passés à être retenu par une bande de yearling tortionnaires, qui l'avaient battu jusqu'à l'orée de la mort. Il se souvint du désespoir qui l'avait traversé, de ces élans de haine qui avaient transcendé son esprit. Tout cela aurait pu en faire une machine, et pourtant le noiraud avait choisit une autre voie. « Si tu plonges, alors je plonge. » fit-il, comme pour le rassurer. Nox le suivrait n'importe où, même dans les ténèbres.

Ven 30 Jan 2015 - 11:18

Ses mots te font monter les larmes aux yeux. Tu les baisses, honteux de te montrer si sensible, si faible. On ne plongera pas. Tu serres les dents, puis le regardes à travers un rideau flou. Je veux qu'on se retrouve.

« Oh Murphy.. » Il avait murmuré cela, se sentant profondément touché par l'attitude du blond, mais transpercé par ses mots. Il le voulait. Il voulait qu'ils se retrouvent.. Mais minute. Comment le voulait-il ? Amicalement, ou..? Il se retrouva soudainement perdu, ses principes et ses acquis s'ébranlant face à sa vérité. « Moi aussi, je le veux. » répondit-il, doucement. Il aurait tout donné pour avoir davantage d'attention de lui.

Tu te mordilles la lèvre. Tu t'approches doucement. Pourtant, tout se bouscule dans ton crâne. Tout s'emmêle. Tu penses à Mara, aux petits.
Tu penses à Iwa, au petit qu'elle a eu avec Nox. Est-ce que vous arriverez à vous retrouver réellement ? Et cette fois, j'assumerai, clames-tu d'un ton assuré mais tremblant, précisant ainsi ce que tu souhaites.
Tu veux le retrouver, certes. Mais plus encore, ce que tu veux retrouver, c'est ce vous, que tu as piétiné autrefois et enterré en le croyant mort. Il est peut-être temps de le faire renaître.

« Je ferais tout pour toi, Murphy.. Absolument tout.. » souffla-t-il comme en réponse aux interrogations du blond. Il s'approcha, d'un pas prudent.
Puis d'un deuxième.
Ses naseaux effleurèrent ceux de son ami, de son amant, de son amour. Le noiraud sentit que son cœur battait la chamade. Leur relation était-elle viable ? Mènera-t-elle à quelque chose ? Il n'avait pas voulu être un élément perturbateur dans sa relation avec Mara après qu'ils l'aient tous cru mort. Mais aujourd'hui certaines choses se remettaient en cause. Arriverait-il à aimer Murphy en secret toute sa vie sans faiblir une seule fois ? Il était probable que non. C'était trop dur, et à chaque fois qu'il se disait qu'il pouvait y aller, quand il croisait de nouveau ses iris bleues il flanchait. Il était peut-être trop faible, ou ce qui l'animait était trop fort. Il se sentit terriblement impuissant, attendant une manifestation du blond. La tension dans l'air était palpable.

En effet, la tension est palpable. Tu la sens flotter dans l'air, vous frôler, se coller contre vos peaux échauffées. Et enserrer vos cous pour rendre votre respiration détraquée. Tu t'es fondu dans ses yeux sombres. Deux gouffres dans lesquels tu es déjà trop tombé. Et là, au bord du précipice, il serait si aisé de chuter de nouveau.
Mais n'en as-tu pas envie ? Tu te mords la lèvre. Mara va.. s'en aller.. murmures-tu prudemment, d'une voix à peine audible, alors que ses naseaux frôlent les tiens. Tu as terriblement envie de l'embrasser, là tout de suite. Mais tu as peur qu'il te rejette après ta déclaration. Croira-t-il que tu fais cela pour profiter de son absence ? Ton but n'est pas de la blesser. Ni elle, ni lui. Tu l'as déjà trop fait, pour les deux. Soudainement, tu franchis la limite invisible entre vous deux. Tu plaques ton poitrail contre le sien, et enfouis ta tête sous sa crinière, comme avant, comme un adolescent. Nox.. Ne t'en vas plus jamais, je t'en supplie, plus jamais.. Tu caches ton visage sous ses crins noirs. Tu n'imagines pas comme j'ai cru être mort avec toi.

Nox ne peut s'empêcher d'ouvrir de grands yeux en entendant la révélation de Murphy. Il ne comprenait pas. Partir ? Pourtant, elle avait tout, ici, son territoire, ses enfants, ses amis. La vie l'avait certes dépourvue de sa vue, mais elle avait tout pour être heureuse. Il ronfla des naseaux, déconcerté. Il allait donc perdre sa meilleure amie. La vie se composait souvent d'un gain en échange d'une perte. L'étalon déglutit difficilement sa salive en redressant son regard vers le blond. « Mais.. pourquoi ? C'est.. c'est moi qui..? » Peut-être son retour avait-il fait désordre ? Il ne savait plus quoi penser ces derniers temps.
Et là, ils entrèrent en contact. Il s'était collé à lui, et un long frisson agita sa nuque. Il s'efforça de respirer profondément, pour ne pas laisser sa respiration de saccader en de petits tremblements tant l'avoir contre lui l'émoustillait. « Plus jamais. Je te le promets. » Il pressa son visage contre l'encolure de Murphy, sentant son cœur battre dans ses tempes comme un tambour. « Tu n'imagines pas à quel point je m'en suis voulu de ne pas avoir pu te contacter durant tout ce temps. »

Tu te contentes seulement de baisser la tête. Ton amant revient, ta compagne s'en va. Et si la vie n'était que ça ? Un enchaînement de vas et viens inlassables. Tu soupires tristement, ne trouvant pas les mots justes.
Il te le promet, tu entends ? Tu te laisses aller à son contact. Tu sens sa tête contre ton encolure, et le contact t'envoie une myriade de frissons courir dans chaque nerfs de ton corps. Tu as l'impression de flotter sur un nuage électrifié. Tu n'y pouvais rien.. murmures-tu en redressant ta tête, pour laisser tes lèvres courir sur son garrot. C'est à partir de ce moment-là que tout.. est parti en vrilles. Chez toi, tu parles. Dans ta tête, juste là. Tu baisses les yeux, coupable. Le soleil et la lune qui s'amourachent. Mais si tu étais solaire avant, Solheim, y a des soleils noirs qui se perdent ou des éclipses en cours de route. Tes naseaux remontent leur exploration d'un corps que tu apprends à connaître de nouveau, et s'attardent sur son encolure. Concentré, tu ne cherches pas son regard, comme si encore une partie de toi le fuyait. Comme si ça te ferait culpabiliser. Je t'aime, Nox. Je n'ai jamais cessé de t'aimer. Tes iris rencontrent les siens, avec appréhension.

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