Les mots d'un debut -

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Le temps semblait infini. Ou plutôt, si lent. Cela faisait deja quelques jours que Rhian poursuivait sa fugue. Elle n'avait pas fermé l'oeil en trois jours consécutifs. Ses sabots commençaient a trainer sur le sable qui avait remplacé, depuis plusieurs heures maintenant, l'herbe tendre. Rhiannon, fille de la nature et si ironique qu'elle n'aimait pas l'eau, rêvait à cet instant précis de plonger dans un grand étang frais. Dans sa tête blonde défilait l'imagination de quelques gouttes d'eau sur sa langue. Enfin, elle soupira, le soupir d'un voyage pesant et laissa tomber sa carcasse contre le sable qui lui parut moelleux tellement son corps était épuisé. Elle observa l'horizon, rêveuse.

Lun 30 Mar 2015 - 0:26

MURPHY.

Tu ne sais pas bien pourquoi tes pas t'ont guidé ici. Sur ces terres arides et inhospitalières qui ont été le décor de tant d'atrocités. Mais maintenant, c'est terminé. La terreur est passée. Ou presque. Restent les marques. Profondes et ancrées dans les mémoires, dans les instincts. Les frissons et les réflexes de survie. Restent les séquelles qui ne s'effaceront jamais. Mais tu peux maintenant te promener sur les terres arides de l'Egypte Ancienne sans problèmes. Et c'est comme une revanche pour toi, de fouler le sol de ton ancien ennemi tombé au sol.
Jusqu'à-ce qu'une odeur apporté par le vent chaud et sec te fasse ralentir. Une odeur inconnue. Tu te figes, tes crins si clairs virevoltant devant ton encolure, happé par un couloir d'air. Tu ronflotes doucement, discernant à contre jour une silhouette à quelques mètres. Tes yeux sombres se plissent.

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Calmement, a la fois nerveuse, Rhian frappait le sol de sa queue, balayant quelques grains dorés de sable. Ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes au fil des secondes. Si longues. Elle leva un peu la tête, scrutant le ciel, tout en évitant le soleil, ennemi du jour. Ce qu'aimait le plus Rhian dans la nature, était que cette dernière n'avait aucune pitié pour qui que ce soit. Elle était libre de vivre chaque jour comme elle le voulait. Libre de faire entendre ses colères par le tonnerre, de laisser tomber ses larmes sans se cacher...et pour ça, la jument l'enviait. Les yeux firent tomber les rideaux, l'espace d'un instant seulement. Une odeur éveilla ses sens. Rhiannon leva son corps, sans prendre la peine de s'ebrouer. Si bien que le côté de son corps était recoloré de sable doré. Elle huma l'air. Une silhouette cassait l'horizon continuel. Rhian s'avança de quelques pas intimidés. Qui aurait l'idée de s'aventurer ici ? A moins d'en connaître les sorties, de ce labyrinthe aux murs invisibles. "Illusion. Voila ce que tu es." dit-elle calmement.

Lun 30 Mar 2015 - 12:54

Tu t'es approché un peu, intrigué. L'odeur t'est inconnue et l'idée de rencontrer quelqu'un de nouveau ici sur ce territoire t'intéresse, c'est vrai. C'est peut-être une curiosité malsaine, mais de toute façon, tout en toi est devenu malsain depuis de longs mois – de longues années ? Tu t'approches, tes muscles tendus roulant sous ta peau sombre qui contraste avec la blancheur de tes crins. C'est une jument, et elle est de la même couleur que tu étais lorsque tu étais jeune. Avant que tes racines ne se fassent contaminer par une quelconque gangrène. Ses mots t'arrachent un sourire bref qui s'éteint aussi vite qu'il est apparu. C'est peut-être ce que je suis, réponds-tu seulement, tes prunelles sombres et sans fond ancrées dans celles de la palomino. Vous êtes nouvelle. Ce n'est même pas une question. Tu fais encore quelques pas pour pouvoir la discerner avec réalisme et remarquer le sable sur sa robe te fait sourire. S'était-elle offerte au désert ?

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Rhiannon s'offrait à la liberté, à la Vie. Chaque instant libre qui s'écoulait dans ses veines ramenait le coeur de la jument en vie. Alors, chaque détail devenait un festin, un régal de couleurs. Même les yeux fermés, les rêves s'animaient, faisant valser la jument, au bord de son coeur, au bord du vide.
Ses crins s'emmêlaient emportés par la cadence du vent sauvage, son précieux confident. La vie avait pris racine dans ses chaires mais cela, elle le dissimulait au fond d'elle, derrière un visage démuni de tout sentiments. Seuls ses yeux d'un brun flamboyant la trahissaient. Ils brûlaient de malice, ni bonne, ni mauvaise, simplement enfantine. Une malice qui défiait toutes les épreuves. C'est peut-être ce que je suis Rhian laissa son regard envahir un moment les traits encore incertains qui définissaient le visage de l'inconnu. Elle observa silencieusement son encolure, ses crins fous, la couleur chaleureuse de sa peau. Vous êtes nouvelle La jument hocha calmement la tête, avec un sourire en coin que l'on ne pouvait pas vraiment voir mais plutôt deviner. "Disons que je viens d'ailleurs" répondit-elle en songeant au voyage qu'elle venait de vivre. Bien qu'elle adorait l'aventure, une petite chose au fond d'elle espérait que le voyage s'arrêtait là. "J'ai parcouru tellement de terres, sans croiser le moindre de mes semblables...pouvez-vous me dire où nous sommes ? " Il est vrai que Rhiannon se sentait un peu paumé. Elle portait sur son dos le poids de son troupeau perdu, une douleur qu'elle n'acceptait pas, qu'elle s’efforçait à ignorer.

Lun 30 Mar 2015 - 16:10

Quelque chose de fascinant attire ton attention sur la jument. Cette hargne de vivre que tu vois brûler au fond de ses yeux ambrés, peut-être. Une rage que tu n'as plus vraiment, que tu as trop utilisé à mauvais escient, que tu aurais voulu porter comme un atout et non un fardeau. Tes lèvres cendrées laissent deviner les prémisses d'un sourire qui ne demanderait qu'à s'épanouir, mais qui reste figé là, dans sa croissance, et qui disparaîtra sûrement avant d'avoir brillé. Nous sommes sur un des territoires de Galop Sauvage. Les terres sont vastes, ici. Ton regard se tourne vers l'horizon, qui flamboie, scène de la rencontre du soleil avec la ligne insatiable. Tu secoues doucement ta longue crinière d'argent. Qu'est-ce qui vous amène par ici ?

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Ses jambes commençaient à trembler. La chaleur se faisait lourde. Rhiannon était à bout mais refusait de le montrer. Elle secoua légèrement son corps, comme pour se sortir d'un profond sommeil. Il n'était pas dans ses habitudes de se laisser aussi facilement abattre. Nous sommes sur un des territoires de Galop Sauvage. Les terres sont vastes, ici. Galop Sauvage...un nom qui pétillait aux oreilles de la palomino. Qu'est-ce qui vous amène par ici ? Enfin, un fin sourire naturel dessina les lèvres de la jument. "Mon troupeau s'est fait attaqué...des choses, avec quatre pattes mais ils ne tiennent que sur deux, sans sabots et sans museau nous ont capturés. Ils nous ont enfermé dans de grandes boites pendant des jours...j'ai réussi à m'enfuir avec quelques autres de mes semblables mais, je les ai perdu dans la fuite...et je suis arrivée ici" chacun de ces mots lui faisaient mal. Mais elle s'accrochait à son sourire. " Je me nomme Rhiannon".

Lun 30 Mar 2015 - 18:47

Tu écoutes son histoire et la douleur que tu sens dans sa voix te laisse un long frisson désagréable. Ton regard s'est détourné, comme pour ne pas montré que cela te fait écho. Dire que ta mère adoptive s'est faite enlevée par eux aussi, il y a si peu de temps... Pourtant, tu essaies de ne rien montrer. Je suis désolé. Ton regard profond se tourne de nouveau vers l'inconnue. Ici vous ne craignez rien, il n'y a qu'un endroit au bout des territoires qui frôlent un peu le leur. Pas plus de détails. Tu sais qu'elle s'en méfiera bien assez. Tu hoches doucement la tête en signe de salut. Enchanté. Je m'appelle Solheim. Tu vois comme c'est plus simple de te présenter sous ce nom-là plutôt que sous l'autre. Sous l'ancien, celui du poulain abandonné, du yearling palomino naïf et plein de vie. Il est réellement temps d'enterrer Murphy.

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Tant de personnes cachent tant de choses, que le monde recèle sûrement plus de secrets que de mensonges. Le mensonge, qui maquillant si vulgairement le visage de la jument. Il n'existait qu'une personne dans cet univers qui savait lire le visage de Rhian comme un livre ouvert : son frère. Peut etre que sa mère, son père, le pouvaient aussi mais Rhiannon n'en avait que de rares souvenirs. Tellement flous. Je suis désolé. Rhian pressa ses lèvres, l'une contre l'autre, pensive. Nous sommes tous désolés, dans ce monde de secrets, de mensonges. "Moi aussi..." murmura-t-elle en retrouvant l'étalon du regard. Un air soudainement plus fermé et froid que jamais chamboula le visage de Rhian. Il parlait d'un endroit proche de celui des monstres sans museau. Cela l'intriguait, elle voulait voir leur visage dégoûtant, elle voulait leur faire peur, leur prendre ce que eux avaient volé. Mais elle se résigna aussi vite. Son esprit vagabond revint sur terre lorsqu'elle entendit le nom de l'étalon. " De même, Solheim" dit elle avec sincérité. " Sans vouloir vous offencer, cela me fait penser au soleil" elle planta un regard interrogateur dans celui de Solheim, mordillant sa langue pour ne pas sourire. "Il y a un chef, ici ?" questionna-t-elle, curieuse.

Lun 30 Mar 2015 - 22:41

Tu ne réponds rien. Elle est désolée, elle aussi. On est tous désolés, oui. Mais cela ne change rien, au fond. Un triste sourire effleure tes lèvres. Merci. Un simple murmure. Un prénom faisant penser au soleil qui a pourtant été donné par une créature plus noire que l'ombre, aussi ténébreuse que les abysses les plus profondes. Tu soutiens son regard sans ciller, sans essayer de lire en elle puisque tu es devenu incapable de lire en toi. Il y en a quatre, selon les territoires. Le chef ici... a été tué après avoir commis bien des horreurs, des meurtres et des séquestrations sur les membres des autres troupeaux. Tu t'arrêtes. Ton regard s'est changé, alimenté par cette soif de vengeance que tu n'as pas pu assouvir, comme une lente frustration prenant en étau ton cerveau. Mais le nouveau dominant vient d'être élu, il s'appelle Absalom. Tu ne lui donnes pas beaucoup de détails. Tu sais que tes mots seraient maladroitement injustes car tu n'as pas une vision extérieure à la chose.

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Doucement, telle une lente agonie, la chaleur étirait sa peau. Ses cicatrices lui faisaient mal. Et lorsqu'elle avait mal, Rhiannon pouvait encore entendre le hurlement des loups. Elle s'en rappelait, de ces loups affamés, la gueule pleine de chaire, leur peau tâchée de sang. Peut être, celui de sa mère. Hey, Jésus. C’est où les réclamations ? pensa-t-elle ironiquement. Il y en a quatre, selon les territoires. Le chef ici... a été tué après avoir commis bien des horreurs, des meurtres et des séquestrations sur les membres des autres troupeaux. Rhiannon n'en dit rien. Chaque agissement appartient à sa raison. Elle avait compris, depuis longtemps que dans ce monde, si tu n'attaques pas le premier, ce sera les autres qui t'attaqueront. Et cela ne ferait pas de toi une mauvaise personne pour autant. Et quand on ne sait pas, il est mieux de se taire. Le passé, on s'en passerait bien. Mais le nouveau dominant vient d'être élu, il s'appelle Absalom. Alors il y avait bien un roi. Mais Rhiannon s'en fichait quelque peu. Rien ni personne ne pouvait la retenir. Elle devait courir, fuir, vivre. Telle était sa destinée. Bien qu'une maison, un lieu où se reposer était essentiel. "Je voudrai le voir." Dit-elle avec conviction.

Mar 31 Mar 2015 - 23:41

Tu hoches la tête, un peu étonnée par sa détermination. Vous le trouverez sûrement dans ces terres, dans les jours à venir. Il est appaloosa. Tu ne rajoutes rien. Même si certains mots te brûlent la gorge et les lèvres, même s'ils ont fait enfler ta trachée des nuits entières depuis la guerre. Des paroles contradictoires. Un frère de coeur allié à un traître de la pire espèce. Tu essaies de ne pas y penser. Vous avez décidé de donner une nouvelle chance à Absalom, ce n'est pas pour lui cracher dessus dans son dos, alors tu t'en passes volontiers. Pourquoi avoir choisi l'Egypte ? demandes-tu doucement, car pour toi, la chaleur est une torture que tu t'infliges aujourd'hui volontairement. Mais que tu ne peux pas supporter au quotidien, trop habitué au climat froid et enneigé du Nord.

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Rhiannon écoutait avec une attention particulière et retenait ces moindres détails que l'étalon pouvait dire des terres et de leur maître. Il lui demanda pourquoi avoir choisi l'Égypte. Si Rhian adorait la nature, ce qu' elle préférait parmi tout les éléments était le soleil. La puissance de cet étoile l'impressionnait. Pourtant, elle répondit tout autre chose..."Je m'y sens bien avoua-t-elle le plus naturellement du monde. "Êtes vous d'ici ?"

Tu observes la palomino simplement. Tes petits yeux noirs la détaillent discrètement du fond de tes orbites. Tu finis par hocher la tête, ne cherchant pas plus loin. Oui, mais je suis du Nord, confies-tu d'une voix neutre, sans même préciser que tu en es le dominant.
Aucune importance, de toute façon, n'est-ce pas ? Ou peut-être que si ?

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A cette révélation, Rhiannon se sentir confuse. Ses grands yeux se plissèrent, comme si elle chercher a cerner quelque chose chez l'étalon. Et puis ? Devait-elle s'en inquiéter ? Avec la fatigue qui comprimait ses os, était-ce le moment de se poser des questions sur le premier inconnu qu'elle croisait enfin au bout de jours entiers de voyage ? Rhian s'en fichait un peu. Elle était heureuse au fond d'avoir croisé enfin l'un de ses semblables, au moment où l'espoir avait commencé a la quitter. De plus, Rhian n'appartenait a rien ni à personne. Pour le moment. Cela l'ennuyait. La palomino ressentait ce besoin indescriptible d'appartenir. De retrouver les repères D'antan, tout en gardant le goût de la liberté. "Suis-je en danger pour autant ?" demanda-t-elle, inclinant légèrement la tête de côté. Ses crins retombaient sur son visage.

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